lundi 4 janvier 2021

La Céleste Lance et les Quatre Joyaux

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

J'ai fait, la nuit dernière, un sort au foie gras truffé, avec une merveilleuse confiture d'oignons au cumin et un Pinot Gris vendanges tardives, tout en échangeant OL avec un New-Yorkais, stéréotypiquement MAGA — c'est-à-dire du genre à avoir salué, en 2017, les manifestations de Charlottesville comme "l'acte de naissance véritable de la nouvelle droite" et à prétendre aujourd'hui avoir "toujours dit" qu'elles en avaient été les funérailles...

Conversation un peu lourde (les Zoomer alt-right ne s'expriment que par mèmes) au cours de laquelle j'ai, néanmoins, pu évoquer différents articles du Dictionnaire Philosophique, — tant il est vrai que, selon ma formule inlassable :
J’aime bien citer Voltaire devant mes copains ricains, parce qu’ils croient que Voltaire est une marque de climatiseurs.
N'empêche : rien ne permet de mesurer la frayeur qu'inspire à l'homme le concept d'Æon, 
— rien ne permet de mesurer la propension humaine à se faire une réalité immémoriale, définitive, de choses récentes et transitoires, — comme un anglo-saxon qui appelle weird tout ce qui ne correspond pas aux standards culturels de l'Amérique des années 50.

Evidemment, je lui ai répété que ces standards n'ont eu cours, sur Terre, qu'aux USA (moins de deux siècles d'existence) de l'an 1944 e.v. à l'an 1964 e.v., et qu'il a fallu, pour qu'ils apparaissent, que lesdits USA : 1. s'attribuent, au terme d'une guerre mondiale, la victoire de l'URSS sur le Troisième Reich, 2. lâchent deux bombes atomiques sur les civils japonais, 3. créent l'ONU et en obtiennent le droit, "as good as gold", d'imprimer des billets de banque à l'envi ! — Voilà, pour le coup, une série d'événements anormaux et weird !

Or la ridicule Amurka de Bobbit n'est que l'aberration très momentanément engendrée par cette situation.

Je comprendrais, à la rigueur, que, n'ayant pas d'Histoire, les Américains voient, dans cette période, ce qu'ils ont de moins pire en fait d'"Âge d'Or" — mais se référer à l'"american pie" comme à la norme du genre humain les rend, en effet, particulièrement tartes.

(NB : Britney Spears a très drôlement décrit ce phénomène.)

Amis chers, la Lecture de ce 4 janvier, jour oraculaire du mois d'octobre, est le Liber B vel Magi sub figurâ I, versets 7 à 10.

7. With the Wand createth He.

Commentaire : La Lance que je porte durant la Messe Gnostique est une naginata de deux mètres, spécifiquement forgée pour moi par un artisan français observant rigoureusement la méthode japonaise traditionnelle, et que j'ai faite ensuite orner des quatre pierres précieuses — un diamant, un saphir, un rubis et une émeraude.

Notre grand ami G. m'a demandé, hier, si la légère courbe de cette arme superbe ("céleste", a t-il dit) ne dérogeait pas au symbolisme liturgique, "puisque la Lance représente la rectitude, la droiture".

Je lui ai répondu < With the Wand createth He >, en expliquant que la Lance est, au plan magique, une "super-baguette", i.e. le pouvoir créateur à son plus haut degré — non pas la rectitude, mais l'érection : courbée, elle n'en est que plus réalistement priapique.

J'ajoutais que, la rectilinéarité euclidienne n'existant pas dans l'univers, une lance sans courbure représente un mensonge — en plus d'une grave défaillance personnelle, puisque la ligne droite est, avant tout, la distance la plus courte d'un point à un autre — Or un attribut phallique ne doit pas être court... 

Les Anciens considèrent qu'un Temple auquel on parvient par un chemin droit est une insulte envers le Divin et l'Initiation, laquelle nécessite patience et efforts. (NB : Saviez-vous que cet Arcane — on ne peut parvenir au Temple par la grand'route car les bandits la surveillent — a été soigneusement préservé par les bâtisseurs de cathédrales durant la parenthèse chrétienne et que c'est pourquoi l'allée centrale d'une église dévie toujours ?)

8. With the Cup preserveth He.

Commentaire : Le Maître Therion (qu'il soit béni et vénéré) résume le message de l'As de Coupes par : < Bois autant que la Marquise de Brinvilliers ! >

L'allusion est aux effroyables séances de waterboarding stoïquement endurées par la célèbre parricide.

Mais le conseil de Sir Aleister prend une saisissante profondeur lorsqu'on sait que Marie-Madeleine Dreux d'Aubray, Marquise de Brinvilliers, était guilgoul d'Ankh-af-na-khonsu — une des nombreuses incarnations de tikoun qui succédèrent au faux pas commis par le prêtre des princes en tant que pape Alexandre VI Borgia.

(D'où, évidemment le viol subi enfant, la contrainte aux rapports incestueux, le nom indissociable de l'idée de poison — la cantarella aussi est à base d'arsenic... — et l'éclatante lumière spirituelle émanant de la suppliciée, que le peuple a, instantanément, contre toute attente, reconnue et acclamée comme une sainte.)

"Bois autant que la Marquise de Brinvilliers" signifie donc "Bois le calice jusqu'à la lie" — N'importe quel parieur un peu chevronné sait qu'en boxe, il faut toujours miser, non sur le plus puissant frappeur, mais sur le meilleur encaisseur, qui gagne invariablement.

9. With the Dagger destroyeth He.

Commentaire : Pourquoi la Dague et non la traditionnelle Epée ?

Parce que la Troisième arme magique se rapporte à Ziu, le reality check, l'acte de contrition.

Il est écrit : < God is exceeding great > (Ara 4, 1) — la grandeur divine est insondable et c'est précisément pourquoi Ziu a tant de pouvoir.

Peu importe le niveau où vous êtes tombé — quand bien même ce serait les derniers bas-fonds de la < great sad city > (Cordis 6, 36), < Let not the failure and the pain turn aside the worshippers > (Cordis 5, 51) : avec très peu d'effort, vous pouvez transformer même la pire impureté en mérite : la dague de l'assassin en épée chevaleresque — Tout est dans l'Invoke Often et le refus d'abandonner : < go on, go on, in my strength & ye shall turn not back for any ! > (AL 3, 46).

Un principe de base de la vie mystique est que minimiser sa propre gloire (remplacer l'épée par la dague) maximise celle de DIEU — Quiconque, en revanche, s'alimente à l'admiration des hommes fait partie des < purse-proud penniless ones that stand at the door of the tavern and prate of their feats of wine-bibbing > (Cordis 4, 11) : il est comme une vedette du show-biz, i.e. un monarque sans droit divin, dont la légitimité est toujours sujette à caution et à chaque instant révocable.

Ce type de gloire est comme la harissa : < Your torture increaseth as ye drink, yet still ye drink > (Cordis 4, 6) — Mais lorsque l'homme fuit les honneurs (renonce, en matière de force rouge, à l'épée glorieuse, se contentant d'une dague, dissimulée sous le manteau), il maximise la gloire divine : l'"art pour l'art" ne s'appelle pas gratis pro deo pour rien — Cet homme atteint, comme tous les grands Sages, une gloire infiniment plus impactante, car de nature divine : < Come up through the creeks to the fresh water; I shall be waiting for you with my kisses. > (Cordis 4, 6) — Une gloire dont personne ne songera seulement à examiner le bien-fondé et devant laquelle le monde s'inclinera tout naturellement — une gloire hors d'atteinte, comme il est écrit : < Bury me unto Thy Glory, O beloved. > (LLL 5, 43)

10. With the Coin redeemeth He.

Commentaire : Mon Maître bien-aimé avait l'habitude de dire, pour illustrer le principe qabalistique selon lequel "arriver tout en bas, c'est se retrouver tout en haut" : < La femme occidentale n'est capable que de manger devant la télévision et de dépenser l'argent de son mari ; or c'est à l'intérieur d'elle qu'on fait les plus beaux enfants. >

Amis chers, soignez ce Dixième Jour hors du temps : c'est votre mois d'octobre — et octobre, c'est la Maât 
— l'Imentet Neferet, séjour des Bienheureux !

Love is the law, love under will.

- ☉︎ in 14° ♑︎ : ☽︎ in 20° ♍︎ : ☽︎ : Ⅴⅴⅰ.