mardi 29 octobre 2019

Huð à Boleskine


Approchez, ô enfants, sous les étoiles, et prenez votre comble d'amour. — Liber AL vel Legis 1, 12
Celui qui ne comprend pas ces runes commettra un grand manquement. — Liber AL vel Legis 2, 27

Impudents Amis, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Le vaillant, le preux, l’immarcescible Fix racontait dimanche, aux Agapes, le pèlerinage récemment effectué par nous à Boleskine, et comment nous avions fait Huð à proximité de la Kaaba, demeure de la Bête, et au bord du Loch, demeure de Nessie.

Une amie folichonne, pimpante et lettrée, — connue pour ressembler à "une feuille d'absinthe customisée quand elle est en mode mégère", — fit alors remarquer que le verset 61 du Premier Chapitre du Livre de la Loi lui avait toujours semblé "un genre d'organigramme de la Huð".

C'est une formule admirable.

Voici, en vrac, et à toutes fins utiles, les notes qu'elle m'a inspirées :

. Huð = 15 = יה, le Monogramme de l’Éternel, glyphe très évident de NUIT et HADIT conjoints.

. Huð est à rapprocher, par paronomase, de < Had >, premier mot du Livre. Or, nous savons que, puisque le nom de NU représente l'axe Scorpion-Taureau (נו), le nom de HAD, son parèdre, doit logiquement représenter l'axe Verseau-Lion, soit "HaTh" (הט), qui a 14 pour valeur numérique. La rencontre de (ATU XVII) et de Teth (ט) forme l'image du Serpent dressé contemplant la nuit étoilée, qui est le symbole traditionnel de la Huð.

. La Huð est la Five Point Palm Exploding Heart Technique de l'Oraison : ne pas oublier que la Lettre de NUIT est ה, c'est-à-dire 5, et son symbole < The Five Pointed Star, with a Circle in the Middle, & the circle is Red >, comme il est écrit (AL 1, 60).

Ainsi :

1. Pouce : Wolfsangel : HERU-RA-HA, le Puer Aeternus. C'est-à-dire la contemplation silencieuse (= assumer HOOR-PAAR-KRAAT), puis l'Attachement à son maître : RA-HOOR-KHUIT dit : < To Me do ye reverence > (AL 3, 62) et la révérence (= respect mêlé de crainte) est le sentiment que la Magie recommande d'éprouver envers son Instructeur.

2. Index : Ul (le nom de la rune signifie "Hiver", donc Nord, Nuit, Eau, etc.) : invocation = NUIT, évidemment : < Invoke me under my stars ! > (AL 1, 57)  

3. Majeur : Sol (le nom de la rune signifie "Soleil au Zénith", donc très précisément HADIT) : action de grâce, c'est-à-dire amor fati, célébration de l'existence, la vie est une fête, etc : voir tout le chapitre 2 du Livre, particulièrement les versets 61 (!) à 72.

4. Annulaire : Ziu : acte de contrition, i.e reality check = THERION. Cette attribution est plus tricky, pour qui ignore que Ziu signifie Foudre et que le Liber Samekh donne du Nom Divin Barbare ThIAF la lecture cabalistique suivante : < Ô Lion-Serpent Soleil, La Bête qui tournoie, foudre, qui engendre la vie ! > L'allusion est à l’œuvre de la Dague, arme magique surnommée "Corne de la Bête" : Ziu a pour objet de permettre à l'énergie vitale de circuler, de fulgurer à nouveau le long du Pilier du Milieu, de la fontanelle au périnée, et toute personne ayant pratiqué Ziu connaît la sensation "dague dans le diaphragme" qui indique que le processus est en cours.

5. Auriculaire : Erda : BABALON, la < Terre, notre Mère à tous > : c'est le moment du rite où l'on sollicite les biens matériels que l'on désire.

. Du Verset lui-même :

But to love me is better than all things: if under the night-stars in the desert thou presently burnest mine incense before me, invoking me with a pure heart, and the Serpent flame therein, thou shalt come a little to lie in my bosom. For one kiss wilt thou then be willing to give all; but whoso gives one particle of dust shall lose all in that hour.

Or m'aimer vaut mieux que toute chose [ = la Huð est le rite suprême, la praxis supérieure à tout au plan spirituel, et omnipotente au plan matériel] : si sous les étoiles nocturnes [le temps du rite : la nuit] dans le désert [le lieu du rite : un endroit solitaire] tu brûles à présent ton encens devant moi [encens = force rouge et substitut au sacrifice sanglant — traduire : tu épanches totalement ton cœur par la parole], m'invoquant avec un cœur pur [Ul : prier avec toute la confiance, la sincérité et la simplicité d'un enfant (puer)], et la flamme du Serpent qui s'y trouve [serpent = HADIT, donc Sol], tu viendras un peu reposer en mon sein [lie in my bossom semble une allusion particulièrement subtile à la nécessité impérative d'invoquer dans sa langue maternelle]. Pour un baiser tu seras prêt à tout donner [le "lâcher-prise" de Ziu entraîne la ré-harmonisation], mais quiconque donnera une particule de poussière perdra tout en cette heure [peut se lire : celui-là seul qui donne une particule de poussière — i.e. qui complète le rite jusque dans les considérations prosaïques et/ou prend, pour le rite, sur un temps précieux — "perd tout", i.e. réalise l'annulation de soi, l’annihilation de l'égo et l'union à l'Infini, qui est le but de l'opération] en cette heure [une heure = durée optimale du rite, qui formule le Cercle].

Invoke Often !

Love is the law, love under will.

ϣ.  — ☉︎ in 5° ♏︎ : ☽︎ in 25° ♏︎ : ♂︎ : Ⅴⅴ

mardi 22 octobre 2019

Anachorèse au Pays de Thélème


Behold ! these be grave mysteries ; for there are also of my friends who be hermits. Now think not to find them in the forest or on the mountain ; but in beds of purple, caressed by magnificent beasts of women with large limbs, and fire and light in their eyes, and masses of flaming hair about them ; there shall ye find them. — Liber AL vel Legis 2, 24.

Impudents amis, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Pour moi, j’ai prononcé aujourd’hui mes Serments d’Hermite. Les Anciens Chants sont formels : en temps de crise, le génie vit en marge, non au centre.

Eh ! Sardanapale et Jean des Esseintes étaient aussi reclus que Nicolas de Flue et l’évêque Théophane !

Ainsi, je cultive l’inutilité sociale, l’absence de qualités avouables et le détachement de tout souci mondain, dans une luxueuse thébaïde de notre Abbaye de Thélème, entièrement livré à l’étude, à la contemplation et à la paresse, qui sont les trois vertus du philosophe.

Que vous dirais-je, Amis ? L’hermite atteint de compassion — ce < vice des rois > (AL 2, 21) — et qui, selon l’usage armaniste — et cathare —, recouvre sa Lampe d’une mythologie accessible afin d’éclairer le peuple sans l’aveugler, conclut invariablement de l’expérience « les hominidés sont des cons décidément bien bizarres » et se hâte de regagner sa Retraite.

Or la Loi ne prescrit pas seulement une tranquille indifférence au malheur humain (AL 1, 31) : elle nous enjoint d’être < contre le peuple > (AL 2, 25) — positivement contre le peuple.

Telle est la perfection de l'anachorèse thélémite.

J’ai souvent raconté comme ma réaction, en lisant pour la première fois les Protocoles des Sages de Sion, avait été de me demander : « Plagiat de Sun Tzu mis à part, qu’y a-t-il, grands dieux, de mal dans ce texte ? N’est-ce pas ainsi qu’un seigneur de la terre doit élaborer ses plans ? La plèbe ne mérite-t-elle pas, que dis-je ? ne réclame-t-elle pas ce genre de despotisme atroce ? »

L’Ennemi du Peuple est, selon moi, le plus beau nom qu’un journal ait jamais porté et quelque podcasteur aristocratique devrait le reprendre. (Note : ce bimensuel, créé par George Darien himself, est paru d’août 1903 à octobre 1904, soit très précisément sur le changement d’Aeon.)

Personnellement, j’en suis au stade où, si je créais une banque fédérale américaine après avoir coulé le bateau où se trouvaient les quatre maîtres de la haute finance hostiles au projet, non seulement je produirais un film au budget colossal pour expliquer aux masses que ce naufrage est l’Aurore d’un Monde Heureux
et que les financiers old school sont tous très méchants, mais j’engagerais une bonniche québécoise pour chanter la chanson cucu du générique. C’est dire. #Titanic

Autrement, Anonyme, encore lui, me demande :

« Quel est votre nomen à l’OTO/EGC et que veut dire Fr. PM? »

Ami, la question est un peu limite de la part de quelqu’un qui signe Anonyme...


Mais baste ! Le nom sous lequel j’ai rejoint l’OTO en 1996 e.v. est Senuthius, qui vient de l’ancien égyptien šrj ntr, et signifie « enfant-dieu ». C'est un hommage à HERU-RA-HA, l’Enfant Couronné et Conquérant, Seigneur de l’Aeon — ainsi qu’à mon Puer Aeternus, à mon syndrome de Peter Pan, à Lao Tseu (dont le nom 老子 signifie « vieillard-enfant »), à
Loddfáfnir
(dont le nom signifie « enfant-dragon »), à Moïse (dont le nom signifie « enfant nouveau-né ») etc. Même la vermine chrétienne salue l’instant impeccablement magique de No-Ël (= Nouveau Soleil) en parlant de « divin enfant ».

(A propos de christianisme, j’ai été heureux, bien des années plus tard, d’apprendre que le pape d’Alexandrie s’appelait Shenouda, qui est la version copte de Senuthius – d’autant que le pape Shenouda III était l’ATU V incarné, avec quelque chose d’éminemment pharaonique, et que j’avais l’habitude de signer ma correspondance spirituelle de la lettre ϣ, qui se trouve n’avoir pas de guématrie et à laquelle je suis donc libre de donner ma guématrie personnelle.)

Pour diverses raisons, j’ai préféré ensuite utiliser mon hiéronyme P.M., dont je ne vous donnerai, évidemment, pas le sens. Voilà pour mes Noms de Gnose.

Soyez béni à tous les plans imaginables de l’existence — je vous aime — et, puisque nous avons commencé par les Anciens Chants, n’oubliez pas : Laissez les héros mythiques conventionnels à leur repos bien mérité. Nous ne pouvons pas être naïfs en un temps comme le nôtre, car nous sommes en présence de forces souterraines qui, soit nous édifieront, soit nous annihileront. Dans tous les Contes, lorsque le courant décline — et nous sommes, culturellement, dans un monde post-orgasmique, c’est-à-dire déclinant, — il faut acquérir l’intelligence des choses souterraines.

N’oubliez pas non plus : Ayez des Ancêtres, ou vous aurez des fantômes. En ce moment, la plupart des gens manquent à ce point d’un système culturel enraciné, qu’ils ne sont plus environnés d’ancêtres qui les soutiennent, mais de fantômes qui les harcèlent.

Love is the law, love under will.

ϣ.  — ☉︎ in 28° ♎︎ : ☽︎ in 11° ♌︎ : ♂︎ : Ⅴⅴ

mardi 15 octobre 2019

House of the Beloved : de l'Herméneutique

I came to the house of the Beloved and the wine was like fire that flieth with green wings through the world of waters. – Liber Cordis Cincti Serpente 4, 30
Chers beaux génies qui hantez ce blog,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

J’ai passé le week-end à relire Don Quichotte avec la frénésie que mettait Don Quichotte à lire Chrétien de Troyes. Édition de 1863, gravures de Gustave Doré. D’un point de vue magique, c’est très admirable.

J’aime que Cervantès ait absolument saisi, – comme en témoigne l’ultra-tantrique personnage de Dulcinée, servante d’auberge et fille de joie en qui le Chevalier voit sa Dame, au sens fin’amor du terme, – le principe féminin éternel, ou, – plus exactement, – le principe d’Éternel Féminin.

Théorème : Éternel Féminin = Aïn Soph x Terre-mère.

Notre Dame NUIT, l’Infini béni, < nous attire vers le haut > (Goethe, Faust) et il n’est pas de spiritualité possible sans contemplation régulière du ciel nocturne – perpendiculairement à quoi, l’Hétaïre BABALON nous entraîne à aimer, orner, embellir la vallée-de-larmes-de-joie où nous nous trouvons provisoirement incarnés: "Nous venons d’elle, tendons vers elle, et elle nous stimule en chemin ; Gustave Courbet a parfaitement résumé la chose dans son Origine du Monde ; il n’y a de Vrai, en définitive, que le butt de Shakira." (Sir Shumule, Butt)

Bien sûr, au bout du compte, NUIT et BABALON sont sœurs (AL 1, 53) – ou, selon ma scandaleuse paraphrase : « le bitoul et comme le findom et le findom est comme le bitoul, mais d’une autre manière. »*

[Notez qu’« Aïn Soph x Terre-Mère » n’est pas un mnémonique anodin : NUIT est ה, donc 5, BABALON est ט, donc 9. Or, 9 x 5 = 45, valeur numérique de ME, et < TO ME ! > est le leitmotiv et la Parole Ultime de la Déesse (AL 1, 65). Puissent vos heures nocturnes, – heures, par excellence, de Pénétration des Mystères, – se passer à faire Huð < sous les étoiles nocturnes dans le désert > (AL 1, 61), ou à boire au bordel, < caressés par de magnifiques femmes bestiales aux membres forts, qui ont du feu et de la lumière dans leurs yeux et des masses de cheveux flamboyants autour d'elles > (AL 2, 24) ! Amen. (Notez que, là encore, vous boirez du Dom-Pé ou du Cristal Roederer, et que les < vins qui moussent > sont sacrés à NUIT (AL 1, 51) : pas moyen d'en sortir...)

A ce sujet, je reçois, relativement à mon Discours intitulé De l'Automne, la question lapidaire suivante :
« WTF est la Habibi ? »
Habibi est un mot arabe (حبيبي), signifiant « Bien-Aimée ». En Thelema, il désigne l’unité de division des Livres Saints en vue de l’Étude quotidienne et, par extension, cette Étude elle-même. (Il semble que le premier Cercle à avoir décerné à l’herméneutique ce titre amoureux soit celui des Heartflame Ministries, aux alentours de 2010 e.v.)

< L’oraison est l’union à NUIT, l’étude l’union à BABALON >, écrit Frater Drux sur AL 2, 26 : d’où (donc) la notion de Habibi – de Bien-Aimée – dans tous les sens. Il ne s’agit pas de stocker du savoir livresque mais de rejoindre quotidiennement le Divin, – en jonglant, paradoxe, avec les formules d’un Manuscrit dont il n’est même pas permis de modifier, si peu que ce soit, la calligraphie originale (AL 2, 54 ; 3, 47), – dans cette merveilleuse partie de cache-cache avec DIEU que constitue l’exégèse : < Le Livre de la Loi est écrit et caché > (AL 3, 75) = le Liber AL est l’écrit (līber en latin) où AL (DIEU en hébreu) Se cache.

Oui, l’exégèse est un jeu. Il ne s’agit pas d’y « croire », mais de s’en servir pour rentrer dans une pratique du questionnement qui est fondatrice de l’homme.

Du reste, si les quatre niveaux d’étude – attribués aux quatre éléments, aux quatre saisons, aux quatre points cardinaux, etc. bref : aux quatre lettres du Saint Tétragramme, et applicables aux Écritures sacrées (la Habibi proprement dite), comme aux Songes (pratique la plus importante selon moi et la plus redoutable selon Jung), comme à chaque occurrence de notre journée (c'est là que le Registre devient réellement Magique), – si les niveaux d’étude, dis-je, sont, à l’ère d’internet, généralement connus, c’est dans AL qu’ils sont consignés de la façon la plus pure.

Il est écrit :

Let him come through the first ordeal & it will be to him as silver : Qu'il passe à travers la première épreuve & ce sera pour lui comme de l'argent. (AL 3, 64)

C’est le sens simple, littéral. Il doit être < comme de l'argent >, c’est-à-dire taillé dans le métal lunaire, donc (en vertu de < he is ever a sun and she a moon > (AL 1, 16)) celui de Binah, donc celui de Saturne ♄, sinistre recteur des contingences temporelles. Or, Binah, la Mesure Fertile, est le Graal (Calc ᛣ) et la racine de la Rigueur - elle est donc BABALON : étudiez le verset comme une demi-mondaine étudie son Vanity Fair.

Note : l’argent est un métal peu coûteux (« non-noble », disent les joailliers) dont le nom est, pourtant, dans notre langue, devenu celui des biens financiers en général et du Pentacle le plus puissant de tous : le papier-monnaie. C’est que BABALON personnifie (entre autres) le Mystère du Nombre 86, qui est, en hébreu, à la fois la valeur numérique du premier Nom par lequel DIEU est désigné dans la Torah (אֱלֹהִים, littéralement « Elle-les-Dieux ») et celle de הטבע, « la Nature ». Il n’y a rien de profane dans l’univers : < All things are sacred to me, no thing is sacred from me >, comme il est écrit (A’ash, 28).

Through the second, gold : à travers la deuxième, de l'or. (AL 3, 65)

C’est le sens allusif, ou symbolique. Le métal spécifiquement saturnien, qui n’est pas l’argent, mais le plomb, a été alchimiquement transmuté en l’or phallique et solaire de la léonine Bête 666 couronnée : étudiez, non ce que dit le verset, mais ce qu’il veut dire.

Through the third, stones of precious water : A travers la troisième, des pierres d'eau précieuse. (AL 3, 66)

C’est le sens révélé par l’exégèse. Aleister Crowley – le Maître Therion – dit, dans le Vieux Commentaire, que ces < pierres d’eau précieuse > sont des diamants, ce qui nous renvoie à < l’azur gemmé >, le ciel étoilé, qui est < la splendeur nue de Nuit > (AL 1, 14) : il s’agit de décoller du sens littéral, de < revêtir les ailes > (AL 1, 61) et de s'envoler vers NUIT : on use de paraboles, d'allégories, de métaphores, de jeux de mots à base de glissements phoniques, sémantiques, de concordances temuriques (permutation des lettres) et guématriques (valeur numérique des mots), ce qui finit par faire apparaître un sens fort éloigné du texte d'origine : on pêche, en somme, les diamants précieux que recèlent les eaux, parfois amères, de l’Étude : < C'est le monde des eaux de Maim, c'est l'eau amère qui devient douce. > (Cordis 3, 55)

Through the fourth, ultimate sparks of the intimate fire : A travers la quatrième, les étincelles ultimes du feu intime. (AL 3, 67)

NUIT manifeste HADIT (AL 1, 1) qui se dissimule en NUIT (AL 2, 1) : le quatrième niveau est celui du sens mystique, magique et secret. Celui que révèle l’< ultime étincelle du feu intime > du Magicien, soit HADIT, < la flamme qui brûle dans le cœur de tout homme > (AL 2, 6), < le Magicien et l’Exorciste > (AL 2, 7), le < Serpent secret > (AL 2, 26) < qui donne Connaissance et Délice > (AL 2, 22).

Voilà pour la Habibi, cher : la Loi est votre Beloved – votre Dulcinée.

Tous mes vœux de bonheur dans cette aventure !

Love is the law, love under will.

☉︎ in 21° ♎︎ : ☽︎ in 9° ♉︎ : ♂︎ : Ⅴⅴ

* Le bitoul est le principe mystique d'annulation de soi dans l'Infini : c'est le but de la spiritualité, le but de l'Initiation. Le findom est une paraphilie masochiste dans laquelle l'homme fait des offrandes d'argent à une femme sans recevoir d'elle le moindre service sexuel, ni la moindre considération en retour.

mardi 8 octobre 2019

Priape ne veut pas qu'on pense

Je reçois d’Anonyme cette pétillante boutade :

« Je savais que l’église gnostique avait canonisé Nietzsche, Frédéric II, Alexandre VI, Rabelais, etc. Je trouvais logique que SS ait été ordonné dans cette église. Mais depuis j'ai vu qu'elle avait aussi canonisé Priape et j'ai compris qui était son véritable Saint Patron. »

Comme il est facile, Ami, de se gausser, de loin, du vieil érotomane blanchi sous le harnais… Mais ne vous gênez pas ! Mon front ne sait plus rougir… J’ai raconté, dans tous les sens, mes débordements libidineux – mon perpétuel satyriasis – les frénésies de ma turgescente turbulente jeunesse – mon ahurissante collection de kinks – et je vous dirai, quelque jour, l’origine du surnom « Sans-les-Mains »…

Même le Dictionnaire des Droites Subversives reproduit un texte où je signale que « Michelle Rodriguez fait de ma queue une fonction autonome ». Avouez tout de même. Dans un monde post-Weinstein, je suis une excroissance honteuse. Je fais tache sur l’ère milléniale en poussant un râle de volupté.

(Notez bien : j’aimais mieux quand on qualifiait les gens de mon espèce – si tant est qu’il s’en trouve – d’ « obsédés », de « prédateurs », de « pervers polymorphes »… L’épithète « dalleux » fait penser à « galeux ». C’est très désobligeant.)

Mais baste ! Oui, Priape est un saint de l’Église Gnostique Catholique (fête le 24 mars). Vous êtes-vous seulement demandé pourquoi, Gribouille, avant que de saisir l’occasion de railler la sexualité compulsive de Shumule, c’est-à-dire de vous moquer d’un infirme ?

Vous me répondrez : « Fastoche : l’érection constante du fils de Dionysos (autre saint gnostique) fait de Priape, – comme Pan (autre saint gnostique) et Khem (autre saint gnostique), – une heureuse personnification du culte phallique, dont Richard Payne Knight (autre saint gnostique) a démontré qu’il est à l’origine de tous les cultes : il fallait bien que les Crowleyens eussent leur propre version du Frey nordique, des Tikis tahitiens, des Kamis japonais protecteurs des carrefours… »

Le pire, c’est que vous n’aurez pas tout à fait tort, en plus...

J’ai moi-même écrit :

« Sir Richard Payne Knight a démontré jadis que toutes les religions du monde procèdent d’un culte phallique initial, qui n’a, dans son principe, rien d’agraire, ni de freudien – En voici la raison : les Initiés classent les conditions indispensables à l’existence humaine selon la traditionnelle nomenclature élémentaire – l’Esprit (i.e. la fusion des opposés, c'est-à-dire l’union sexuelle), la Terre (l’incarnation), l’Air (la respiration), l’Eau (question de survie immédiate) et le Feu (l’énergie contenue dans les divers types d’aliments). Tout cela est très logique. Mais, si le sexe est, évidemment, la condition première à l’existence, alors la toute première condition à l'existence est l’érection : la condition indispensable à la condition indispensable à la survie de l’espèce est que l’homme bande : au commencement était la gaule. (On pourrait aisément en conclure à la phallocratie et au patriarcat, s'il ne fallait que quelqu'un suscitât la gaule en question – devons-nous en déduire qu'« au commencement était Michelle Rodriguez » ??? – mais je digresse.) Voilà pourquoi la seule constante absolue, dans les religions naturelles, est la vénération du phallus érigé, qui – des obélisques égyptiens aux menhirs celtes, en passant par les lingams de l’Inde – ne consiste pas à déifier les organes génitaux, mais à représenter l’origine des choses, i.e. le Divin, sous sa forme la plus primordiale – donc sa forme la plus pure – donc sa forme suprême. Par adaptation, les gens du peuple ont, partout et toujours, regardé le symbole ithyphallique comme le grand signe bénéfique – celui qui éloigne le malheur. Et, de même que les Italiens portent une corne priapique autour du cou pour chasser le mauvais œil, les Wotanistes portent le marteau de Thór (talisman dont chacun aura remarqué qu’on peut y voir autre chose qu’un marteau), afin de conjurer les forces hostiles à l’harmonie du monde. »
Destination Ragnarök (2011).

En fait, la clé de la canonisation du dieu des Jardins se trouve dans le fameux proverbe : Priape ne veut pas qu’on pense.

Au sens littéral, cet adage fait évidemment référence au principe par nous résumé ainsi : « l'homme qui ratiocine ne peut ni bander, ni rire, ni invoquer : déportez les intellectuels ! »

Mais on peut aller plus à fond encore, en prenant la chose à l’envers :

Il est écrit dans nos Livres Saints : < thought is evil : la pensée, c’est le mal > (LLL 1, 32). Or, la moindre cagole de village n’ignore pas que l’homme qui bande ne pense plus. En ce sens, la pulsion érotique est comme le yoga : un moyen de mettre fin à l’oscillation mentale.

D’où les kinks, dont nous parlions : s’il va hormonalement de soi qu’un homme est stimulé par le passage d’une « blonde à forte poitrine », il advient – thème admirablement traité par Barbey d’Aurevilly dans son farabuleux chef-d’œuvre Une Vieille Maîtresse – que des morphotypes improbables nous embrasent, nous obsèdent, révélant ce que les Anciens Chants des Sages du Nord appellent « la haine de Loki pour Heimdall » : libido (Heimdall, qui fonde le peuple blanc par inadvertance via des dérapages adultérins dus à sa nature de queutard insatiable, représente, évidemment, l’instinct de continuation de l’espèce) et activité mentale (spécialité de Loki) sont inconciliables : c’est pourquoi Heimdall et Loki s’entretuent à Ragnarök : il leur est impossible de coexister.

(Je me souviens, par ex, de la première fois que j’ai vu un portrait de la culturiste Nathalie Foreau : mon cerveau me disait « cette femme n’en est plus une, elle est absolument difforme » pendant que ma queue me disait « je suis une batte de base-ball louisville-slugger de 42 pouces en alliage. »)

La Magie enseigne : toute peur cache un désir, tout désir est l’érotisation d’une peur (= Heimdall le Chaud Lapin et Loki l’Inverti se chamaillent devant Bifröst). Il est bien connu que les déviants sexuels internés d’office sont des gens dont les fixations consistent en des « éblouissements » volontaires, au moyen de fantasmes (« tournoyants comme la ronde des lutins un 2-août ») qui symbolisent leurs traumas et ont pour fonction d’empêcher que ceux-ci remontent, sous leur forme originale, à la conscience : histoire éternelle de l’enfant choqué par l’apparente cruauté de l’existence et qui devient sadique ; de l’enfant battu qui devient masochiste ; de l’écolier bullied par les rustauds du coin qui devient gay passif pour homo-macho en tenue de motards : il s’agit non seulement de rendre le souvenir tolérable, mais de le rendre jouissif.)

Vous me direz : qu’y a-t-il, grands dieux ! de saint dans ce bestiaire ?!

J’y arrive. Au-delà de l’aspect psycho-affectif, la Qabale attribue la Sphère de Yesod (= les parties génitales de l’homme + son subconscient) à la Lune, c’est-à-dire à l’affolante et fantomatique réflexion, au cœur des ténèbres, de la lumière du Soleil (Sphère de Tipheret = le cœur de l’homme + sa conscience), qui, elle-même, est la contraction de la Lumière divine infinie (Sphère de Kether = la fontanelle de l’homme + sa supraconscience) : en clair, la libido d’un homme révèle son ipséité, donc sa divinité, sous un masque. Or c’est comme dans le théâtre Nō : plus la divinité est puissante, plus le masque est impressionnant. D’où, axiome : à gens exceptionnels, mœurs exceptionnels, qui me fit écrire jadis :

« Moi, j’admets tout… La scatophilie de Jean-Paul Belmondo, la zoophilie de Jeanne Moreau, Proust ne pouvant jouir qu’au spectacle de rats s’entredévorant… le nombre invraisemblable de fois que Maurice Chevalier dut se rendre aux urgences pour se faire extraire une bouteille de champagne du rectum… les diamants qu’Arthur Meyer, fondateur du Gaulois, glissait dans le sien, avant de les y faire chercher par sa maîtresse, la comédienne Alice Regnault… Max Jacob se faisant défoncer, de grand matin, par les forts des Halles, avant d’aller dire son chapelet sur les marches de la basilique du Sacré-Cœur… Victor Hugo arrêté pour exhibitionnisme au bois de Boulogne, et ayant, à l’égard de sa petite-fille, plus d’attachement qu’il n’appartient à un grand-père… tout cela est fantastique, parce que c’est la Vie qui pulvérise l’image d’Épinal ou le sitcom américain, c’est-à-dire l’Idole… Voilà le Humor of the Gods, qui est le véritable Hammer of the Gods. » – Butt (2014)

Et voilà pourquoi Priape est un saint.

Maître Therion dit : < L’acte d’amour, même s’il est, dans sa forme, avec un cheval, comme Caligula, avec une foule, comme Messaline, avec un géant, comme Héliogabale, avec une grenouille, comme Néron, avec un monstre, comme Baudelaire – même si, avec Sade, il tire son excitation du sang ; avec Sacher-Masoch, du fouet et de la fourrure ; avec Yvette Guibert, d’un gant ; ou s’il est fou des nouveau-nés, comme E.T. Reads dans Punch ; si l’on s’aime soi-même au point de dédaigner tous les autres, comme Narcisse ; si l’on s’offre sans amour à l’amour de tous, comme Catherine ; si l’on trouve le corps si vain que l’on enferme son désir dans son âme, faisant de sa vie, en imagination, une spinthéropie incessante, comme Aubrey Beardsley – peu importe le moyen. Bach a sa manière, Keats la sienne, Goya la sienne. La fin est tout : que, par l’acte, quel qu’il soit, l’on adore, aime, possède et devienne NUIT. > (New Comment on AL 1, 52).

Amen. L’occasion de conclure par cette pieuse éjaculation, dont nous espérons qu’elle touche Anonyme : < O gloire de Priape ! O béatitude de la Grande Déesse ! > (Cordis 4, 24).




Bénédictions endiablées.

- Sir Shumule, ☉︎ in 14° ♎︎ : ☽︎ in 14° ♒︎ : ♂︎ : Ⅴⅴ.

Illustration : ATU XI par Milo Manara

mardi 1 octobre 2019

Deuxième Epître au Maître de Zen

Surtout, que notre ami GH n'aille pas prendre le mot "second" pour une invitation à ne plus nous écrire ! Ayant, avec cette chère vieille purée de langue française, le rapport d'un sub à sa moneydome, je sacrifie humblement au purisme, c'est tout, et serai heureux de ré-intituler ce billet Deuxième Épître au Maître de Zen dès que nous aurons eu un troisième échange ! [PS 18/3/2020 ev : C'est fait !]

Ainsi donc, je reçois ce matin :

"De GH le Zéniste à Sir Shumule le Thélémite, salut !
Cher Maître, vous citez la déesse Babalon dans votre Allocution d'automne. J'avoue peiner à saisir les subtilités du panthéon thélémite et, principalement, le rôle de cette déesse que je prenais jusqu'ici pour une simple divinité du Sexe.
J'ai lu "la Vision et la Voix" de Crowley, ainsi que "Mystery of Mystery" de T Apyrion et Soror Helena, ouvrages fort intéressants mais qui ne m'ont été d'aucun secours.
Puis-je, à nouveau, solliciter vos Éclaircissements ?
Bonheur et succès galants. Neuf prosternations."

Cher Ami Zen,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Comme toutes les règles du jeu, la théogonie thélémite devient très accessible dès que l’on vous en indique la structure essentielle.

En l’occurrence, il est dit que les Noms des différents dieux et déesses de Thelema désignent les degrés successifs de manifestation de l’Un dans le Multiple.

Mais soyons plus didactiques et tatillons.

< One > est le premier Mot des Livres Saints de Thelema (Magi, 1) : Tout commence donc avec l'Un. Ou, selon le premier mot, justement, de la religion : DIEU est l’Un, comme il est écrit : < O my God ! One is Thy Beginning ! One is Thy Spirit, and Thy Permutation One !> (Ararita 1, 0), et < Say thou that He God is one ; God is the Everlasting One > (Ararita 3, 0), et < There is One God alone > (Ararita 4, 1).

En tant qu’Un, DIEU est l'Absolu et demeure, par conséquent, éternellement inconcevable : toutes nos manières de penser et de parler sont inapplicables à l'Absolu ; toute phrase par quoi on essaie de Le qualifier, de Le faire connaître, se nie elle-même.

Pourquoi, dans ce cas, ne pas dire de DIEU qu'Il est le Zéro plutôt que l'Un ?

Parce que Son inconcevabilité, qui équivaut, pour notre intelligence, au Zéro, reste relative : il ne s'agit pas d'un néant d'être mais, au contraire, d'une plénitude d'être dont l'Infinité dépasse infiniment toute imagination et toute conception. Et, au bout du compte, ça revient au même : tel est le Mystère d'Aleph א , le Fou du Tarot : dire Un revient à dire Zéro (cf. AL 1, 48) puisque, à notre intellection humaine, les choses ne peuvent être que Zéro ou Deux. (Mnémonique : Tant que je n’ai pas vu la jeune fille, elle n’existe pas, elle est Zéro, dans mon esprit. Dès que je la vois, je souffre de ce que nous soyons séparés [de ce que nous soyons 2] et vais m’efforcer d’ajouter un lien social à ce 2, afin de formuler le 3, grâce auquel j’espère bien m’unir [formuler le 1] avec elle, c’est-à-dire parvenir à un orgasme synchrone qui me fera, un lumineux instant, perdre conscience de notre séparation, donc réintégrer le Zéro.)

Ainsi, DIEU, inconnaissable cause des causes, précède atemporellement tout le pensable, le concevable, l'imaginable. Les Qabalistes appellent ce principe Aïn (litt « rien », ou : « ne pas »), vous l’appelez Zen 禪, et la théologie des premiers chrétiens l’appelle « apophatique » : de DIEU, on ne peut rien dire ou, plutôt, on ne peut dire de Lui que ce qu’Il n’est pas : < Un nom qui peut être prononcé n'est pas le Nom éternel > dit Lao-Tseu, qu’en langage gnostique nous traduisons : DIEU est Celui-que-l’on-ne-peut-nommer-parce-qu’Il-n’a-pas-de-Nom.

Q : Mais Gnose (γνῶσις, gnôsis) veut dire Connaissance, pourtant : comment, dans ce cas, prétendre connaître DIEU ?

R : En procédant par étapes :

1. Au plan « blanc » (i.e. spirituel) : la définition hermétique de DIEU est < la Sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part. >

a. Pour ce qui est de la Circonférence : La plus proche idée que nos capacités humaines puissent se faire du Divin est, bien entendu, celle de l’Infini – que notre cerveau traduit par "Espace Infini" : l’Aïn Soph des Qabalistes, dont l’empyrée est l’image évidente. Cet aspect du Divin est, lui, nommable : en Thelema, il est appelé NUIT.

b. Pour ce qui est du Centre, c’est-à-dire de l’indécelable point de départ du Cercle : nous concevons DIEU, non plus comme Rien, mais comme l’origine invisible de tout ce qui nous entoure : c’est l’Aïn Soph Aur des Qabalistes, DIEU en tant que Source secrète de toute vie. Cet aspect du Divin, dont il est écrit que sa demeure est l’ipséité de chaque être vivant (AL 2, 2), est appelé HADIT.

2. Au plan « rouge » (i.e. phénoménal) : DIEU étant l’Un dont procède la vie et le Centre autour duquel tout le système « picturable » est agencé, Il est à l’Absolu ce que le Soleil est au Relatif et le Roi à la Cité (principe qabalistique de base, dont le nombre 666 est le glyphe le plus fameux).

Le Soleil est donc l’image la plus impeccable que nous puissions nous faire de la nature de l’Être suprême. Ce troisième aspect (« l’astre solaire en tant qu’image visible de l’Un ») est appelé HERU-RA-HA.

Il s’agit, comme tout ce qui est intellectuellement saisissable, d’un principe binaire, c’est-à-dire double : spirituellement, le Soleil est silence et pureté (< Sol lucet omnibus > a dit Pétrone ; le Soleil est pureté parce que le feu est incorruptible, et il est silence parce qu'il demeure radieusement indifférent aux horreurs qu’il éclaire) : cet aspect du Divin est appelé HOOR-PAAR-KRAAT.

Temporellement, le Soleil dirige nos vies et nos activités : il est, littéralement, l’autorité politique suprême, inexorable dans ses horaires qui dictent les siens à l’humanité. Il est l’autocrate qui, astrologiquement, détermine nos victoires et nos échecs. Impitoyable, il illumine ou brûle selon la manière dont on s’expose à lui. Cet aspect du Divin est appelé RA-HOOR-KHUIT.

3. Au plan « noir » (i.e. matériel), enfin : qui dit Soleil dit Lion : DIEU est à l’ordre physique ce que le Roi est à la Cité, c’est-à-dire le Principe d’Unicité, très difficilement accessible, caché derrière la multiplicité affolante des choses, mais dirigeant celle-ci : c’est la notion de l'Arcane, du Surnaturel-en-tant-que-naturel-non-encore-compris-ou-révélé : cet aspect du Divin, l’aspect « suprême prince-prêtre de la nature », est appelé CHAOS (ou THERION).

Suit, logiquement, l'aspect le plus sensiblement évident du Divin : la Nature elle-même, selon le principe « Intention Divine et loi naturelle sont une » ou, pour citer Wodenson : < Les lois de la Nature sont une "bible" que les hommes ne peuvent inventer, falsifier, ni pervertir de quelque manière que ce soit > (Autobiography, cap.7). Cet aspect est appelé BABALON – nom qui signifie « Porte de Dieu », la Nature étant le Déguisement dont l’Un Se pare afin de permettre que Nous puissions L’approcher, Le connaître et communier à Lui sans être instantanément brûlés.

Or, en fait de déguisement, la représentation traditionnelle de BABALON – la Femme Écarlate, Fille de la Fortitude et Mère des Abominations – est une Prostituée Sacrée rousse à l’énergie sexuelle dévorante, qui s’enivre perpétuellement du sang des grands hommes conservé dans le Saint Graal qu’elle a dérobé.

La Nature est, en effet, le Divin accessible – consommable, si je puis dire – à celui qui peut payer.

La Nature est merveilleusement belle, entièrement régie par l’impulsion sexuelle, et ne se maintient en vie (c’est-à-dire connectée au divin – symboliquement : « ivre ») que par les mérites des hommes hors du commun (les saints et les héros dont la Qabale enseigne que le sang qu’ils versent durant l’épreuve préserve, de génération en génération, le monde de l'anéantissement).

La Nature est inflexible dans ses lois comme une escorte avec un mauvais payeur, qu’elle jette dehors même s’il est quelqu’un de « bien ».

Elle est séduisante, trompeuse et dangereuse dans les tentations qu’elle offre comme une escorte avec un bon payeur, qu’elle flatte même s’il est quelqu’un de « mal ».

Elle obéit au Magicien (cf. THERION supra) comme une escorte obéit à son pimp.

Elle est cruelle comme une femme ardente que ses appétits taraudent et elle est intégralement amorale.

C’est donc bien ça ! L'allégorie la plus exacte par laquelle nous pouvons résumer l’aspect sous lequel le Divin Lui-même Se révèle de façon absolument évidente et incontestable (loi naturelle et intention divine étant une et DIEU étant Un avec Son intention) est, effectivement : une Prostituée Sacrée rousse à l’énergie sexuelle dévorante, qui s’enivre du sang des grands hommes conservé dans le Saint Graal qu’elle a dérobé.


Babalon, par CultOfTheKu

Life is not just a « bitch », Ami Zen – life is a Great Whore !

Love is the law, love under will.

Bénédictions endiablées.

- Sir Shumule, ☉︎ in 8° ♎︎ : ☽︎ in 17° ♏︎ : ♂︎ : Ⅴⅴ