mardi 24 septembre 2019

De l'Automne

Allocution donnée par Fr. P.M. à l'occasion des Fêtes de l’Équinoxe d'Automne de l'An V5 (23 septembre 2019 e.v.)

« Bien-aimés Frères et Sœurs,

« Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

« C’est aujourd’hui que l’univers célèbre le Mystère de l’Équinoxe de Septembre et qu’il nous appelle à entrer, autant que possible, en résonance avec cette Célébration – C'est aujourd'hui que l'orchestre cosmique attaque l'Allegro en fa majeur de l'Autunno des Quatre Saisons et nous invite à vibrer à l'unisson, ou, tout du moins, en harmonie avec lui...

« Le nom traditionnel, ancestral, immémorial de ce moment, en Europe, est Mabon, qui signifie "l'homme accompli" – ce qui est assez logique, puisque l'homme est un Arbre de Vie miniature et que, dans l'ordre des fêtes des temps, Mabon, attribuée à Erda (si vous êtes attaché au Nord) ou Malkuth (si vous êtes attaché à l'Orient), – bref : attribuée à la Dixième Sphère de l'Arbre, – complète ce dernier.

« Qu'est-ce qu'un "homme accompli" ? avons-Nous, un jour, demandé à Notre maître. Il Nous a répondu : "Celui qui ne transgresse jamais la Loi, qui est toujours joyeux et qui, – selon la célèbre formule d'Eliphas Levi, – œuvre < comme s'il avait l'omnipotence à disposition et l'éternité devant lui. >"

« De là, Nous avons compris que mémoriser les deux cent vingt versets du Livre, et Nous imposer de Nous y référer, perinde ac cadaver, pour chacun des choix que la vie impose, – de l'"un ou deux sucres ?" matinal aux grandes décisions irrévocables de l'existence, – était le meilleur exercice que l'on Nous eût jamais prescrit.

« Nous avons également résolu de veiller à toujours préserver Notre joie, by any means necessary, comme il est écrit : < rejoice : réjouis-toi !  > (AL 2, 44), et < Now rejoice : à présent, réjouis-toi ! > (2, 64), et < Come lift up thine heart & rejoice : viens, élève ton cœur et réjouis-toi ! > (2, 66)

« Mais encore : < My joy is to see your joy : Ma joie est de voir votre joie. > (AL 1, 13)


« Et < ecstasy be thine and joy of earth : Que l'extase soit tienne et la joie de la terre. > (1, 53) 

« Et < Remember all ye that existence is pure joy : Souvenez-vous tous que l'existence est pure joie. > (2, 9) 

« Et < We are not for the poor and sad : Nous ne sommes pas pour le pauvre et le triste. > (2, 18)

« Et < They shall rejoice, our chosen : who sorroweth is not of us : Ils se réjouiront nos élus, qui s'afflige n'est pas des nôtres. > (2, 19)

« Et < Let the rituals be rightly performed with joy & beauty : Que les rituels soient correctement accomplis avec joie & beauté. >  (2, 35)

« Et < when ye are sad know that I have forsaken you : Quand vous êtes tristes, sachez que je vous ai abandonnés. > (2, 56)

« Et < Thrill with the joy of life & death : Trésaille de la joie de la vie & de la mort. > (2, 66)

« Et < if thou art truly mine and doubt it not, an if thou art ever joyous : si tu es vraiment mien et n'en doute pas, si tu es toujours joyeux. > (2, 72)

« Enfin, Nous avons fait de l'apophtegme d'Eliphas Levi Notre règle,
au sens intégralement bénédictin du terme, Notre art de vivre et Notre code du travail.

« Donc : < L’automne, déjà ! > qui, au plan cardinal, correspond à l’Occident (le terminus, l'Imentet Neferet) ; qui, au plan temporel, correspond au Crépuscule (dont la magnificence est la raison d’être du Jour, de même que la Beauté est la raison d’être de la Création, ainsi que l’atteste mathématiquement le Nombre d’Or sur lequel est agencé le Monde) ; et qui, au plan élémental, correspond à la Terre (laquelle cristallise, synthétise, les Quatre Éléments).

« L’Automne, c’est aussi, et avant tout, le ה final du Saint Tétragramme – ה final qui dit : Intention divine et loi naturelle sont Une, en vertu du Sacerdoce de BABALON, l'Hétaïre Sacrée < dont tous les hommes sont engendrés et en qui ils reposeront > (art. 2 du credo gnostique).

« L’Automne, c’est, en somme, le fin mot de toute l’affaire – le fin mot de toutes les affaires : matérialisation finale (puisque saison chtonienne des semailles et des vendanges) en même temps que spiritualisation ultime : la douceur équivoque de l’entre-chien-et-loup (mort-naissance, « destrucréation » de la journée, seule séquence des vingt-quatre heures du jour dont il soit scientifiquement impossible de calculer la durée) n’est-elle pas l’instant où le promeneur appréhende cette langueur pour le Grand Voyage dont il est écrit qu’elle est l’accomplissement spirituel suprême (AL 2, 74) ?

« Dans la liste des Fêtes que le Livre de la Loi prescrit d’observer (AL 2, 36-44), les fêtes des temps sont nommées en premier (AL 2, 36).

« Si HADIT proclame que tous les jours peuvent être l’occasion d’une Fête, il insiste sur ce que certains jours doivent l’être, et, en tout premier lieu, les Solstices, les Équinoxes et les fêtes saisonnières.

« Pourquoi cela ?

« Comment l’extrême élitisme de la Loi, qui affirme que l’humanité en générale n'est pas digne d'attention (AL 1, 31) et qui nous enjoint de n’avoir pour frère que < le passionné et le fier, le royal et le superbe > (AL 3, 58), s’accorde t-il avec l’injonction impérative de célébrer, avant tout, des évènements astronomiques récurrents qui concernent, donc, tous les êtres vivants ?

« Qu’est-ce qu’une Fête ?

« Une Fête est un rituel magique opératif de rupture, de brisure de l’ordre temporel, – un rituel d’extraction de la matérialité contraignante au moyen des trois Enthousiasmes Sacrés (Venus, Apollon, Dionysos), – destiné à reconnecter le Matériel au Spirituel, le Monde à DIEU, le Fleuve à la Source, de peur que l’horizontalité ne devienne carcérale, par la force de gravité qui, progressivement, la sépare de son Origine Divine.

« (Exemple : d’instinct, un homme qui souffre de l’emprise de la Matière – d’une façon ou d’une autre : deuil, soucis au bureau, redressement fiscal, etc. – va avoir tendance à aller boire et danser dans un bar à filles pour "s'aérer la tête", c'est-à-dire pour se remettre à neuf.)

« Le rôle de l’Homme, – prêtre, parce que mélange de dieu et de bête (AL 3, 34), – est, en effet, d’être le Conduit, la Charnière, le Tuyau qui permet cette alimentation : l’homme est l’Arbre de Vie à travers lequel < la sphère spirituelle infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que les hommes appellent DIEU > (Hermès trismégiste, cf. AL 2, 3) alimente en lumière-énergie la sphère matérielle finie sur laquelle nous marchons, que nous appelons la Terre et à laquelle nous nous alimentons.

« Or, puisque, – ainsi que la belle Étoile, l’hexagramme unicursal, en témoigne,
Intention divine est loi naturelle sont Une, alors les évènements qui rythment la vie cosmique sont partie intégrante de l’Intention divine : DIEU étant l’Être Parfait, c’est-à-dire Celui-qui-est-Un-avec-Son-Thélème, – Un avec Son Intention, – ces évènements sont en DIEU : être en résonance avec eux, c’est être en résonance avec la nature profonde de DIEU Lui-même, – le Zéro Primordial, – et d’ainsi régénérer – i.e. re-générer, générer à nouveau – totalement le monde, en annulant le vieillissement, comme un bouton reset.

« La Fête empêche techniquement la Déconnexion, dont les Qabalistes disent qu’elle entraîne la Descente, i.e. le « Vieillissement » spirituel et la Dégradation des Formules.

« Les Anciens Chants des Sages du Nord, focalisés sur ce Mystère de la Descente, dont le parachèvement est Ragnarök, ont décrit jadis comment l'éloignement de l'Un, c'est-à-dire l'état de multitude, c'est-à-dire l'enfer (AL 1, 41), fait splitter le Sphinx et transforme les kéroubim en monstres :

« Le Lion, prêtre-roi civilisateur, devient l'alpha thug subsaharien Surt, qui usurpe le Nombre de l’Homme (S(60) + U(6) + R(200) + T(400) = 666) et transforme en slum tous les lieux qui l’accueillent.

« La Femme, – amour, abondance et luxe – devient Jormungand, le Ténia géant de l’exploitation, de l’usure et du consumérisme.

« L’Aigle, dont l’œil scrute le monde depuis les hauteurs et peut regarder le soleil en face, devient Garm, un chien-flic, qui surveille les esclaves au fond de leur chiourme.

« Le Taureau, – hédonisme, richesse, banquet final, – devient Hel, « feminazi » castratrice, marâtre des pauvres et reine des enfers – qui confie son épée-sécateur à Surt
et le cycle reprend.

« Entre ces quatre éléments pervertis, vient alors se placer l'Ennemi archétypal, Fenrir – la Tyrannie qui est l’antithèse de θέλημα, donc de l'Intention divine (D’où la « sauvegarde tyrannicide » du Liber Oz : la Tyrannie étant hors-la-Loi, donc hors-le-système, – comme les marais stagnants, territoire de Fenrir, sont hors-la-vie-naturelle, – tuer un tyran n’entraîne aucun réajustement karmique.)

« L’objet de la Fête est de remonter ce courant et de rituellement réintégrer l’Origine – l'Œuf, Symbole de l’Esprit, le Cinquième Élément qui se place entre les Quatre Éléments primordiaux lorsque ceux-ci sont à l’Équilibre : < This is of the 4 : there is a fifth who is invisible & therein am I as a babe in an egg : Voici pour les 4 : il y en a un cinquième qui est invisible & c'est là que je suis comme un bébé dans un oeuf > dit HADIT (AL 2, 49) – et il est écrit que là où se trouve HADIT, ne se trouvent plus ni échec, ni peine, ni peur (AL 2, 46-47), c'est-à-dire plus rien à réparer à aucun des trois plans.

« Pour autant que l’on puisse avoir recours à des concepts aussi relatifs que "début" et "fin" (car où commence le Cercle ? quel est réellement le "premier" mois sur la roue de l’année ? quelle est véritablement la "première" des vingt-quatre heures ?), l’Automne est bien une "fin", à tous les sens du terme : qabalistiquement, il est le Temps qui correspond à la Dixième Sphère (qu'encore une fois, vous appelez Erda si vous êtes attachés au Nord et Malkuth si vous êtes attaché à l’Orient – même si, géographiquement, Isaac l’Aveugle, qui, au treizième siècle, donna leurs noms hébraïques aux Sphères de l'Arbre-Merveille, vivait en Provence), il est, disons-Nous, le Temps qui correspond à la Dixième Sphère du Grand Frêne.

« C’est pourquoi les Mages ont toujours décrit l’Automne comme la saison du Verdict : le courant initié dans les Supernelles arrive irrésistiblement à sa matérialisation pondérable : nous allons tangiblement pouvoir évaluer la qualité de notre parcours.

« Le problème est que ce genre de considérations ont tendance, après deux mille ans de culte des dieux-esclaves, à tirer le rideau de la moralité vulgaire et du < lust of result (désir de résultat) > (AL 1, 44) sur les splendeurs d’octobre – Nous voulons donc redire avec force que, si la Habibi correspondant à ce Jour Saint comprend, en cas d’année bissextile, le verset 52 du deuxième chapitre du Livre de la Loi, c’est pour nous rappeler, tous les Quatre ans, le Commentaire qu’en donne Maître Therion :

« < Nous ne devons pas, comme les hommes des classes dominantes le font aujourd'hui, nous amuser de toutes les façons possibles et prendre un soin extrême à faire croire que nous ne faisons rien de la sorte. Nous devons tirer de la fierté de nos plaisirs. Nous devons être sans honte et francs. Puisque tout ce qui est, est DIEU, la seule erreur est d'empêcher DIEU d'être Lui-même, ou de faire Sa volonté, ou de dévoiler Sa vérité. > (Djeridensis Comment on AL 2, 52).

« So mote it be



« Bien aimés Frères et Sœurs – rejoice ! Puisse votre automne être tout d'illuminations hiérophaniques, de gratifications psycho-affectives et de surabondants festins !

« Love is the law, love under will. » 


 ☉︎ in 0° ♎︎ : ☽︎ in 17° ♋︎ : ☽︎ : Ⅴⅴ

(Transcription : Sr. Jezebel)