Fuck the Pope


« Nous devenons une nation geignarde, une nation d'esclaves de la peur – peur de la guerre, peur de la pauvreté, peur du terrorisme aveugle, peur d'être méprisé ou licencié à cause de l'économie qui s'effondre, peur d'être expulsé pour de vilaines dettes, ou d'être brusquement enfermé dans un camp de détention militaire en tant que sympathisant terroriste... Ne tournez jamais le dos à votre peur. Elle doit toujours être devant vous, comme quelque chose qu'il faut tuer. » – Hunter S. Thompson, 2003

Hier, sous le pseudonyme de Juste Leblanc, un lecteur m’a fait savoir que, s’il s’était « délecté de [mon] blog depuis quelques jours », la découverte de certaine anecdote scabreuse, relative à Mariah Carey, l’avait convaincu, tel Hervé Ryssen, de me fuir comme la peste : « Mariah Carey, non, c’est impossible ! » – Juste Leblanc ne me lira plus, hélas… Cette nouvelle, on s’en doute, m’affecte horriblement.  

Splash!

Or, peu d'instants après, tant il est vrai qu’à l’instar des Sith, les Indignés Vertueux se déplacent en binôme, un Anonyme laissait, sous les Préceptes même (ces Anonymes ne respectent donc rien ?!?), le commentaire suivant :

« Comment Shumule peut-il prétendre être WN alors qu’il met ce gauchard camé de Hunter Thompson dans ses auteurs favoris ? »

Avouez tout de même… Me reprocher le « gauchard camé » Hunter Thompson, alors que la liste de mes écrivains préférés commence par le pédéraste Roger Peyrefitte ! Passer sur l’apologie choquante que je fais chaque jour de la très-métissée Michelle Rodriguez et de la très-métisseuse Kim Kardashian, pour finalement éclater (lui aussi...) devant Mariah Carey ! C’est trop bête !

Oh, certes... Mes fixations érotiques hétérodoxes sont sans excuse –  sinon d'être hétéro tout court. J’ai beau invoquer le 35e Précepte < L'impérieux appétit sexuel masculin doit être canalisé vers la possession de femmes de la même race >, il y a toujours un lutin pour me répondre : « Raconte-ça à tes hormones, Shumule »… 

Fait chaud, non ?...

Si.

Dans le cas de Hunter Thompson, c’est très différent ! – je peux tout expliquer ! – du reste, il y a longtemps que je souhaite rendre un hommage public au « bon Docteur Gonzo » – et, puisque Anonyme me tend une perche qui est un baobab, il n’est plus question de me défiler –


Le talent, je ne résiste pas !
ou
Pourquoi Sir Shumule aime Hunter Thompson

 « Je l’ai lu.
Et je me découvre au nom de cet hurluberlu. » 
(Cyrano de Bergerac, acte II, scène 7)
Légende

Hunter Stockton Thompson, de très loin le plus grand journaliste de tous les temps, est né en 1937* dans le Kentucky (endroit exclusivement peuplé d’obèses édentés dans des caravanes – imaginez le plateau du Jerry Springer Show érigé en état), où il se distingua, dés l’adolescence, par la précocité de son alcoolisme et un certain nombre d’activités criminelles. Chômeur, et presque entièrement dépourvu de connexion au réel, il devint journaliste pour financer son impressionnant panel d’addictions. Un soir qu’il écrivait, comme à l’ordinaire, totalement défoncé, il créa, par inadvertance, un style littéraire sans aucune ressemblance avec rien de connu, ni même de concevable, qu’il baptisa « journalisme Gonzo », mais qu'Henri Kissinger, qui haïssait Hunter autant qu’il en était haï, aimait mieux appeler « récriminations d’un bouffon désaxé incapable d’aligner une phrase correcte ».

« Déplaire est mon plaisir, j’aime qu’on me haïsse. » 
(Cyrano de Bergerac, acte II, scène 8) 
La réalité quotidienne vue par Hunter Thompson

Bien que le LSD eût entièrement ruiné sa vie sociale, Hunter ne cessa jamais de faire l’éloge de ce psychotrope, dont il préconisait qu’on l’administrât aux enfants de moins de six ans. (Rappelons, par exemple, qu’au cours d’un séminaire où se trouvait l’ensemble de la rédaction du magazine Rolling Stone, Hunter se divertit à faire croquer un buvard à chacun des journalistes présents, chuchotant à leur oreille : « c’est le seul qu’il me reste, donc n’en parle à personne… » – on imagine ce que put donner cette gigantesque réunion de bobos bien-pensants sous acide…)

Entre autres faits d’armes, le bon docteur :

- Tagua  Fuck the Pope sur la coque du bateau de l’équipe d’Australie, lors de l’America’s Cup.
- Sema, tel le Petit Poucet, une interminable file de comprimés d’ecstasy à travers les bureaux des douanes de l’aéroport de Huston, prétendument « pour être sûr de retrouver [son] chemin dans tous ces couloirs ».
- Avait pour habitude de hurler des versets du Livre de l’Apocalypse dans les hôtels complets, afin de libérer quelques chambres en mettant les clients en fuite.
-  Donnait de l’argent à des inconnus, puis le leur réclamait, arguant qu’il en avait besoin pour manger.
- Fit boire d’énormes quantités de Wild Turkey aux gardes du corps de Nixon,  que celui-ci retrouva ivres-morts.
- Ne pardonna jamais l'homosexualité de son frère cadet.
- Anéantit la carrière politique d’Ed Muskie en lançant la rumeur que ce dernier était accro à l’ibogaïne.

 « Ne le plaignez pas trop : il a vécu sans pactes 
Libre dans sa pensée, autant que dans ses actes. »
(Cyrano de Bergerac, acte V, scène 2)
L'agent de la CIA chargé de l'abattre, tel que le vit surgir Hunter Thompson.

Le 20 février 2005, Hunter S. Thompson, ferme opposant à la guerre en Irak, était abattu à son domicile de Woody Creek (Colorado) par la CIA, après qu’il eut imprudemment annoncé un ouvrage traitant des attentats du 11 septembre 2001, essentiellement basé sur les découvertes de Thierry Meyssan. Le maquillage du drame en suicide fut le plus raté de toute l’histoire des services secrets américains – principalement parce que Hunter se trouvait, à ce moment-là, au téléphone avec son épouse, et qu’il avait déclaré, quarante-huit heures auparavant, sur le répondeur d’un ami : « Ils vont maquiller ça en suicide. Je sais comment ces ordures raisonnent. »

Voilà, cher Anonyme. Lisez Las Vegas Parano. Lisez Le Marathon d'Honolulu. Soyez béni à tous les plans imaginables de l'existence je vous aime et n'oubliez pas : « La vie ne doit pas être un aller simple vers la tombe, avec l'intention d'arriver en toute sécurité dans un joli corps bien conservé, mais plutôt une embardée sur les chemins de traverse, dans un nuage de fumée, de laquelle on ressort usé, épuisé, en s'exclamant : "Wow ! Quel pied !"» (Hunter S. Thompson, The Proud Highway: The Saga of a Desperate Southern Gentleman)

- Sir Shumule, 7 novembre 2011.

***

* L'année est incertaine, car Hunter, dans sa jeunesse, avait falsifié sa date de naissance sur tous ses papiers d'identité afin de pouvoir être embauché aussi vite que possible à la différence de Sir Shumule qui ne laisse planer le doute que sur son lieu de naissance dans l'espoir qu'on lui érige plusieurs statues. 
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