La nuit passée, je fis un splendide cauchemar – il n’est, du reste, pas impossible que ce blog devienne exclusivement mon dream book.
Je sens bien que la Loi de Thélème, la morale aristocratique et l'ethnoséparatisme sont des notions qui vous angoissent – au lieu qu’elles devraient vous libérer.
Comme, d’un autre côté, je n’ose plus confier mes productions oniriques à Cathy, ma psy, qui, chaque fois, m’écoute en hochant la tête et en faisant la moue, autant meubler le blog de cette façon. Cela me soulagera et constituera, pour vous, un divertissement assez indolore.
La nuit passée, je fis donc un splendide cauchemar :
Au cœur d’une forêt luxuriante, particulièrement riche en lutins, et traversée de beaux rayons de lumière dorée, une jeune Gudja (prêtresse) – œil charbonneux, cheveux de jais, peau très pâle et menton volontaire – une jeune Gudja, dis-je, se tenait assise contre un gigantesque chêne – un chêne de la taille d’un baobab.
Elle scrutait, en souriant, le bord d’un ruisseau, où un œuf était entrain d’éclore : d’une coquille couleur chamois moucheté de blanc argenté, sortait une pieuvre minuscule, que je savais être le petit d’un kraken – fameux monstre marin du folklore wotaniste, récemment popularisé par la série Pirates des Caraïbes.
La Gudja contemplait la naissance de l'octopode avec un genre de bienveillance exultante, presque cruelle – et je songeais, voyant le nouveau-né disparaître dans la rivière : « Que se réjouit-elle de ce qu’un animal aussi méchant vienne au monde ? » Puis je rectifiais : « Suis-je donc stupide ! Le kraken n’est pas "méchant". Pour être "méchant", il faut être soumis à la pensée binaire, objective… or, le kraken ne pense pas. Il n’est ni "gentil", ni "méchant" – il est seulement kraken. »
La Gudja saisissait alors un morceau de bois, traçait la rune Sol sur l’humus noir devant elle, et se plongeait dans la méditation.
Je pensais : « Elle cherche à équilibrer la charge du kraken (effrayante chose qui se promène dans la nuit des profondeurs marines) par son antithèse : la rune phallique du Solstice de juin. »
Brusquement, c’était mon anniversaire et je me retrouvais chez moi.
Tous mes amis m’appelaient – dont la chère Karine, qui riait au téléphone : « Tu m’as longtemps soupçonnée d’être Hel sous un déguisement, alors que je suis Loreleï ! Ah ! Ah ! Ah ! »
En m’éveillant, j’étais dans une paix parfaite.
- Sir Shumule, janvier 2013.