mardi 24 septembre 2019

De l'Automne

Allocution donnée par Fr. P.M. à l'occasion des Fêtes de l’Équinoxe d'Automne de l'An V5 (23 septembre 2019 e.v.)

« Bien-aimés Frères et Sœurs,

« Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

« C’est aujourd’hui que l’univers célèbre le Mystère de l’Équinoxe de Septembre et qu’il nous appelle à entrer, autant que possible, en résonance avec cette Célébration – C'est aujourd'hui que l'orchestre cosmique attaque l'Allegro en fa majeur de l'Autunno des Quatre Saisons et nous invite à vibrer à l'unisson, ou, tout du moins, en harmonie avec lui...

« Le nom traditionnel, ancestral, immémorial de ce moment, en Europe, est Mabon, qui signifie "l'homme accompli" – ce qui est assez logique, puisque l'homme est un Arbre de Vie miniature et que, dans l'ordre des fêtes des temps, Mabon, attribuée à Erda (si vous êtes attaché au Nord) ou Malkuth (si vous êtes attaché à l'Orient), – bref : attribuée à la Dixième Sphère de l'Arbre, – complète ce dernier.

« Qu'est-ce qu'un "homme accompli" ? avons-Nous, un jour, demandé à Notre maître. Il Nous a répondu : "Celui qui ne transgresse jamais la Loi, qui est toujours joyeux et qui, – selon la célèbre formule d'Eliphas Levi, – œuvre < comme s'il avait l'omnipotence à disposition et l'éternité devant lui. >"

« De là, Nous avons compris que mémoriser les deux cent vingt versets du Livre, et Nous imposer de Nous y référer, perinde ac cadaver, pour chacun des choix que la vie impose, – de l'"un ou deux sucres ?" matinal aux grandes décisions irrévocables de l'existence, – était le meilleur exercice que l'on Nous eût jamais prescrit.

« Nous avons également résolu de veiller à toujours préserver Notre joie, by any means necessary, comme il est écrit : < rejoice : réjouis-toi !  > (AL 2, 44), et < Now rejoice : à présent, réjouis-toi ! > (2, 64), et < Come lift up thine heart & rejoice : viens, élève ton cœur et réjouis-toi ! > (2, 66)

« Mais encore : < My joy is to see your joy : Ma joie est de voir votre joie. > (AL 1, 13)


« Et < ecstasy be thine and joy of earth : Que l'extase soit tienne et la joie de la terre. > (1, 53) 

« Et < Remember all ye that existence is pure joy : Souvenez-vous tous que l'existence est pure joie. > (2, 9) 

« Et < We are not for the poor and sad : Nous ne sommes pas pour le pauvre et le triste. > (2, 18)

« Et < They shall rejoice, our chosen : who sorroweth is not of us : Ils se réjouiront nos élus, qui s'afflige n'est pas des nôtres. > (2, 19)

« Et < Let the rituals be rightly performed with joy & beauty : Que les rituels soient correctement accomplis avec joie & beauté. >  (2, 35)

« Et < when ye are sad know that I have forsaken you : Quand vous êtes tristes, sachez que je vous ai abandonnés. > (2, 56)

« Et < Thrill with the joy of life & death : Trésaille de la joie de la vie & de la mort. > (2, 66)

« Et < if thou art truly mine and doubt it not, an if thou art ever joyous : si tu es vraiment mien et n'en doute pas, si tu es toujours joyeux. > (2, 72)

« Enfin, Nous avons fait de l'apophtegme d'Eliphas Levi Notre règle,
au sens intégralement bénédictin du terme, Notre art de vivre et Notre code du travail.

« Donc : < L’automne, déjà ! > qui, au plan cardinal, correspond à l’Occident (le terminus, l'Imentet Neferet) ; qui, au plan temporel, correspond au Crépuscule (dont la magnificence est la raison d’être du Jour, de même que la Beauté est la raison d’être de la Création, ainsi que l’atteste mathématiquement le Nombre d’Or sur lequel est agencé le Monde) ; et qui, au plan élémental, correspond à la Terre (laquelle cristallise, synthétise, les Quatre Éléments).

« L’Automne, c’est aussi, et avant tout, le ה final du Saint Tétragramme – ה final qui dit : Intention divine et loi naturelle sont Une, en vertu du Sacerdoce de BABALON, l'Hétaïre Sacrée < dont tous les hommes sont engendrés et en qui ils reposeront > (art. 2 du credo gnostique).

« L’Automne, c’est, en somme, le fin mot de toute l’affaire – le fin mot de toutes les affaires : matérialisation finale (puisque saison chtonienne des semailles et des vendanges) en même temps que spiritualisation ultime : la douceur équivoque de l’entre-chien-et-loup (mort-naissance, « destrucréation » de la journée, seule séquence des vingt-quatre heures du jour dont il soit scientifiquement impossible de calculer la durée) n’est-elle pas l’instant où le promeneur appréhende cette langueur pour le Grand Voyage dont il est écrit qu’elle est l’accomplissement spirituel suprême (AL 2, 74) ?

« Dans la liste des Fêtes que le Livre de la Loi prescrit d’observer (AL 2, 36-44), les fêtes des temps sont nommées en premier (AL 2, 36).

« Si HADIT proclame que tous les jours peuvent être l’occasion d’une Fête, il insiste sur ce que certains jours doivent l’être, et, en tout premier lieu, les Solstices, les Équinoxes et les fêtes saisonnières.

« Pourquoi cela ?

« Comment l’extrême élitisme de la Loi, qui affirme que l’humanité en générale n'est pas digne d'attention (AL 1, 31) et qui nous enjoint de n’avoir pour frère que < le passionné et le fier, le royal et le superbe > (AL 3, 58), s’accorde t-il avec l’injonction impérative de célébrer, avant tout, des évènements astronomiques récurrents qui concernent, donc, tous les êtres vivants ?

« Qu’est-ce qu’une Fête ?

« Une Fête est un rituel magique opératif de rupture, de brisure de l’ordre temporel, – un rituel d’extraction de la matérialité contraignante au moyen des trois Enthousiasmes Sacrés (Venus, Apollon, Dionysos), – destiné à reconnecter le Matériel au Spirituel, le Monde à DIEU, le Fleuve à la Source, de peur que l’horizontalité ne devienne carcérale, par la force de gravité qui, progressivement, la sépare de son Origine Divine.

« (Exemple : d’instinct, un homme qui souffre de l’emprise de la Matière – d’une façon ou d’une autre : deuil, soucis au bureau, redressement fiscal, etc. – va avoir tendance à aller boire et danser dans un bar à filles pour "s'aérer la tête", c'est-à-dire pour se remettre à neuf.)

« Le rôle de l’Homme, – prêtre, parce que mélange de dieu et de bête (AL 3, 34), – est, en effet, d’être le Conduit, la Charnière, le Tuyau qui permet cette alimentation : l’homme est l’Arbre de Vie à travers lequel < la sphère spirituelle infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que les hommes appellent DIEU > (Hermès trismégiste, cf. AL 2, 3) alimente en lumière-énergie la sphère matérielle finie sur laquelle nous marchons, que nous appelons la Terre et à laquelle nous nous alimentons.

« Or, puisque, – ainsi que la belle Étoile, l’hexagramme unicursal, en témoigne,
Intention divine est loi naturelle sont Une, alors les évènements qui rythment la vie cosmique sont partie intégrante de l’Intention divine : DIEU étant l’Être Parfait, c’est-à-dire Celui-qui-est-Un-avec-Son-Thélème, – Un avec Son Intention, – ces évènements sont en DIEU : être en résonance avec eux, c’est être en résonance avec la nature profonde de DIEU Lui-même, – le Zéro Primordial, – et d’ainsi régénérer – i.e. re-générer, générer à nouveau – totalement le monde, en annulant le vieillissement, comme un bouton reset.

« La Fête empêche techniquement la Déconnexion, dont les Qabalistes disent qu’elle entraîne la Descente, i.e. le « Vieillissement » spirituel et la Dégradation des Formules.

« Les Anciens Chants des Sages du Nord, focalisés sur ce Mystère de la Descente, dont le parachèvement est Ragnarök, ont décrit jadis comment l'éloignement de l'Un, c'est-à-dire l'état de multitude, c'est-à-dire l'enfer (AL 1, 41), fait splitter le Sphinx et transforme les kéroubim en monstres :

« Le Lion, prêtre-roi civilisateur, devient l'alpha thug subsaharien Surt, qui usurpe le Nombre de l’Homme (S(60) + U(6) + R(200) + T(400) = 666) et transforme en slum tous les lieux qui l’accueillent.

« La Femme, – amour, abondance et luxe – devient Jormungand, le Ténia géant de l’exploitation, de l’usure et du consumérisme.

« L’Aigle, dont l’œil scrute le monde depuis les hauteurs et peut regarder le soleil en face, devient Garm, un chien-flic, qui surveille les esclaves au fond de leur chiourme.

« Le Taureau, – hédonisme, richesse, banquet final, – devient Hel, « feminazi » castratrice, marâtre des pauvres et reine des enfers – qui confie son épée-sécateur à Surt
et le cycle reprend.

« Entre ces quatre éléments pervertis, vient alors se placer l'Ennemi archétypal, Fenrir – la Tyrannie qui est l’antithèse de θέλημα, donc de l'Intention divine (D’où la « sauvegarde tyrannicide » du Liber Oz : la Tyrannie étant hors-la-Loi, donc hors-le-système, – comme les marais stagnants, territoire de Fenrir, sont hors-la-vie-naturelle, – tuer un tyran n’entraîne aucun réajustement karmique.)

« L’objet de la Fête est de remonter ce courant et de rituellement réintégrer l’Origine – l'Œuf, Symbole de l’Esprit, le Cinquième Élément qui se place entre les Quatre Éléments primordiaux lorsque ceux-ci sont à l’Équilibre : < This is of the 4 : there is a fifth who is invisible & therein am I as a babe in an egg : Voici pour les 4 : il y en a un cinquième qui est invisible & c'est là que je suis comme un bébé dans un oeuf > dit HADIT (AL 2, 49) – et il est écrit que là où se trouve HADIT, ne se trouvent plus ni échec, ni peine, ni peur (AL 2, 46-47), c'est-à-dire plus rien à réparer à aucun des trois plans.

« Pour autant que l’on puisse avoir recours à des concepts aussi relatifs que "début" et "fin" (car où commence le Cercle ? quel est réellement le "premier" mois sur la roue de l’année ? quelle est véritablement la "première" des vingt-quatre heures ?), l’Automne est bien une "fin", à tous les sens du terme : qabalistiquement, il est le Temps qui correspond à la Dixième Sphère (qu'encore une fois, vous appelez Erda si vous êtes attachés au Nord et Malkuth si vous êtes attaché à l’Orient – même si, géographiquement, Isaac l’Aveugle, qui, au treizième siècle, donna leurs noms hébraïques aux Sphères de l'Arbre-Merveille, vivait en Provence), il est, disons-Nous, le Temps qui correspond à la Dixième Sphère du Grand Frêne.

« C’est pourquoi les Mages ont toujours décrit l’Automne comme la saison du Verdict : le courant initié dans les Supernelles arrive irrésistiblement à sa matérialisation pondérable : nous allons tangiblement pouvoir évaluer la qualité de notre parcours.

« Le problème est que ce genre de considérations ont tendance, après deux mille ans de culte des dieux-esclaves, à tirer le rideau de la moralité vulgaire et du < lust of result (désir de résultat) > (AL 1, 44) sur les splendeurs d’octobre – Nous voulons donc redire avec force que, si la Habibi correspondant à ce Jour Saint comprend, en cas d’année bissextile, le verset 52 du deuxième chapitre du Livre de la Loi, c’est pour nous rappeler, tous les Quatre ans, le Commentaire qu’en donne Maître Therion :

« < Nous ne devons pas, comme les hommes des classes dominantes le font aujourd'hui, nous amuser de toutes les façons possibles et prendre un soin extrême à faire croire que nous ne faisons rien de la sorte. Nous devons tirer de la fierté de nos plaisirs. Nous devons être sans honte et francs. Puisque tout ce qui est, est DIEU, la seule erreur est d'empêcher DIEU d'être Lui-même, ou de faire Sa volonté, ou de dévoiler Sa vérité. > (Djeridensis Comment on AL 2, 52).

« So mote it be



« Bien aimés Frères et Sœurs – rejoice ! Puisse votre automne être tout d'illuminations hiérophaniques, de gratifications psycho-affectives et de surabondants festins !

« Love is the law, love under will. » 


 ☉︎ in 0° ♎︎ : ☽︎ in 17° ♋︎ : ☽︎ : Ⅴⅴ

(Transcription : Sr. Jezebel)

mardi 17 septembre 2019

Epître à Stateira

La merveilleusement belle, intelligente et talentueuse Julie Carmen – reine des vampires, psychothérapeute et yogini – demandait hier sur Twitter :
I found three scorpions, a tarantula and giant rattlesnake around our house this week. How should I interpret that ?
Je lui ai répondu, en substance, qu'il s'agissait d'une injonction à transmuter alchimiquement (scorpions), aux trois plans de l’existence (blanc, rouge et noir / spirituel, psycho-affectif et physique), ce que la féminité comporte de néfaste (tarentule), par le pouvoir de Mue et de Régénérescence (serpent géant) – Cette lecture ne peut que ravir l'obsédante Regine Dandridge, – mon lifetime crush, – devenue Sondeuse d'Inconscient et Éveilleuse de Kundalini !

Parlant d’Hollywood, je ne sais pas vous, mais si, moi, j’étais executive là-bas, l’idée de n’avoir pu saccager Charlie’s Angels avec un reboot féminin parce qu’il s’agissait déjà d’un trio de filles me déprimerait profondément. Sans compter que la chanson du générique, – interprétée par Ariana Grande, Miley Cyrus et Lana Del Rey, – est nulle à chier des bulles.

Du reste, nous avons déjà évoqué mon rapport aux Drôles de Dames et, puisque nous sommes dans Ariana Grande, entrons-y vigoureusement jusqu’à la garde : Soror Stateira a profité, dimanche aux Agapes, de ce que j'étais occupé à méthodiquement néantiser une cinquième assiette de profiteroles pour me faire la remarque suivante :

"La vidéo Break Free d’Ariana Grande est ce que j’ai vu de plus thélémite depuis Lucifer Rising."
Je dois des excuses publiques à notre Sœur, à qui j’ai répondu par un mutisme sépulcral dont on me dit qu’elle l’a très mal vécu. (Je me bétonne, depuis un certain temps, une aura de Maître Sévère. Ce matin, F. m’a demandé ce qui, « en dehors de cultiver l’inutilité sociale, l’absence de qualités avouables et le détachement de tout souci mondain », me rendait heureux dans la vie et je lui ai chuchoté : « Mes élèves. Mais ne le leur dit pas ou ils vont croire que je deviens soft. »)

Ainsi donc, amende honorable (et que l’amende honorable est voluptueuse, grands dieux ! quand on la dépose aux pieds d'une femme léonine vraiment furibonde !) :

Cara Soror,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Je n’ai pas relevé, dimanche, ta considération sur Ariana Grande, parce que le prénom Ariana est de mauvais augure : les Anciens Chants des Sages du Nord rapportent qu’il est celui de la très-dangereuse sirène mariée à Yngvi, – inspirateur des tueurs en série, des nécrophiles et des cannibales, – lui-même compagnon des jeux BDSM de Hel, patronne des matons et des avorteuses. Avoue tout de même !


Oh, bien sûr ! j’aurais pu broder sur la chose – rappelant le drame de Manchester où vingt-trois beaux jeunes gens, attirés, comme autant de Compagnons d'Ulysse, par le chant d’Ariana Grande (dont c’était le Dangerous Woman Tour), ont été mis en pièces dans l’attentat-suicide du terroriste Salman Amedi, lequel, de son vivant, abusait de l’habitude qu’ont les Arabes d’être laids – Mais, pardon ! Merci bien ! Nous sortions de communier et nous étions à table !

Puisque on me dit que tu m’en veux à mort, j’ai, en pénitence, attentivement visionné le clip en question, qui se trouve être, effectivement, une pure et simple allégorie qabalistique, facile à interpréter, en plus, pourvu que l’on maîtrise :

1. La gêne que l’on éprouve en voyant une artiste d’aspect si juvénile qu’Ariana faire des mouvements sexy.

2. La gêne que l’on éprouve en constatant à quel point l'on est troublé par les mouvements sexy faits par une artiste d’aspect si juvénile qu’Ariana.

Mais en quoi, Sœur bien-aimée, cette allégorie serait-elle, je te le demande, spécifiquement thélémite ?




Que dirais-je, en qualité de Prêtre ? – L’idée, ma foi, est celle d’une Barbarella en plus plate qui libère les forces de la Jeunesse, prisonnières de la Restriction et gardées par des monstres marqués d’un symbole constitué de trois V (allusion, j’imagine, au Signe d’Apophis, le Signe de la Mort et de la Destruction, que Churchill a rendu célèbre, – sur le conseil de Maître Therion, que le Vieux Tory avait, comme chacun sait, rencontré à travers Ian Fleming, créateur de James Bond, qui, lui, n’a pas échappé au reboot assassin – sous le nom de « V de la Victoire », et qui est devenu le « Peace and Love » des Boomers, génération la plus destructrice de toute l’histoire occidentale connue), une Barbarella, dis-je, qui se révèle combattante pugnace, ainsi qu’il est écrit : < let the woman be girt with a sword before me > (AL 3, 11) : finalement livrée au Chef des Méchants (image du Patriarcat devenu qlipotique, c’est-à-dire de l’Aeon d’Osiris), elle breaks free, et pousse le vieillard dans un gouffre empli de lave (ש) après lui avoir pris, < by subtlety [and] force > (Tzaddi, 19), l’Arbre de Vie (= toute la Sagesse Secrète) qu’il portait sur la poitrine (= en Lamen = prêtrise).




Elle s’envole alors < unto Nu > (AL 2, 43), dans l’Espace Étoilé, avec les jeunes gens qui festoient et, grâce au pouvoir du < frêne-monde, arbre-merveille > (ainsi que nous le chantons au cours de la Sainte Liturgie), tous accèdent à l’Infini des dimensions supernelles.

Cette vidéo ne décrit donc pas seulement une Quête spirituelle, l’extraction progressive de soi hors des contingences de la temporalité, une Montée rendue possible par l’acquisition de la Connaissance que permet l’Épreuve initiatique : elle est clairement, franchement, une homélie gnostique sur le passage au Nouvel Aeon.

Donc, effectivement, Ariana est Grande, et tu avais raison sur toute la ligne. Sois bénie à tous les plans imaginables de l’existence – Je t’aime – Et n’oublie pas : < thought is evil > (LLL 1, 31) : l'homme qui ratiocine ne peut ni bander, ni rire, ni invoquer – or le monde continue d'honorer les intellectuels !

Love is the law, love under will.




Bénédictions endiablées.

- Sir Shumule

mardi 10 septembre 2019

Septembre au Jardin des Délices

Un membre éminent de l’OTO m’avouait l’autre jour n’avoir jamais réussi, en quarante ans de méditation du Livre de la Loi, à comprendre l’application pratique du Verset < I who am all pleasure and purple, and drunkenness of the innermost sense, desire you > (AL 1, 61).

J’ai risqué cette réponse :

Au lieu d’être celui qui désire, imaginez, à la place, que toute chose vous désire.
 

Votre café du matin désire que vous le goûtiez.

Les arbres n’en peuvent plus d’espérer que vous admiriez le vert tendre de leurs feuilles.

La brise veut que vous jouissiez de sa caresse sur votre joue.

Le sol même attend que vous remarquiez le plaisir sensible qu’il vous procure lorsque vous le piétinez.

Brusquement, le monde s’illumine – et vous aussi ! Il est naturel, quand on se sait désiré, vanté, voulu, admiré, recherché, d’en éprouver un surcroît de vigueur et de se sentir superstar ! Or < every man and every woman is a star > (AL 1, 3) : du coup, notre désir redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : la flamme qu’attise en nous ce qui se trouve en notre présence, et non le cuisant besoin de ce qui n’est pas là.


A part ça, je reçois d’Anonyme la remarque suivante :
"Cela me rappelle, cher Sire, que vous ne nous avez jamais donné l'oracle de Tia concernant l'année 2019, contrairement aux années précédentes. N'est-ce pas le devoir du successeur d'Ankh-af-na-khonsu que de délivrer les prophéties?"
Ami, vous vous trompez : j’ai annoncé, commenté, approfondi cet Oracle pendant une demi-douzaine de cours : que n'étiez-vous présent ?

Mais bon. Il est écrit : < write me runes in the sky : écris-moi les runes qui se trouvent dans le ciel > (LLL 5, 48) et même si proclamer la chose à la mi-septembre me semble un brin tardif, Tia le dit, qui ne se trompe jamais : l’année 2019 de l’ère vulgaire est signée par Ūruz ᚢ et Wunjō ᚹ.

Pour savoir ce qu’elle vous réserve, prenez votre année 2017 (année Ūruz ᚢ / Dagaz ᛞ) et remplacez l’aspect jupitérien de celle-ci (Dagaz ᛞ), son aspect bienveillant-qui-s’essouffle-en-fin-de-banquet, par un aspect purement et plantureusement vénusien (Wunjō ᚹ) : ce que Dagaz, la rune montagnes-russes ᛞ, a conféré de ups-and-downs à votre année 2017 est remplacé, en 2019, par l’aspect « séjour éternel » du Jardin d’Eden.

Comme, en plus, 2019 est, au plan élémental, une année Erda (Terre), nous nous retrouvons définitivement dans l’idée que l’existence est un film de Russ Meyer, et je plains les Querelleurs qui, par manque de responsiveness to change, voudront, avec cet acharnement dans la haine qui est le propre des âmes basses, faire la guerre plutôt que l’amour avant janvier prochain. (Et pourtant, il n'y a pas plus authentiquement martial que moi ! Si j'avais connu Sun Tzu, j'aurais essayé de lui voler un baiser ! Las, les gens "d'extraction peu prouvée" confondent rageux et combattif.)

Cela dit, vigilance ! < who doth not understand these runes shall make a great miss > (AL 2, 27) : Wunjō ᚹ est Amour, mais < there are love and love > (AL 1, 57) : il y a des degrés ! Je me souviens d'avoir écrit, commentant un horoscope de Tia :

L’objet auquel je tiens le plus en ce monde est une montre Chopard Ice Cube offerte à moi par le plus bel amour de ma vie.
Je veille à l’entretien et à la sécurité de ce trésor avec un soin maniaque !!!
Faites-moi pourtant bien l’honneur de croire que, depuis la fin de mon idylle avec celle qui m’en fit cadeau, j’ai livré dans tous les dialectes !... J'en ai tronché des ordonnatrices de rallyes mondains emperlousées, issues des grandes familles de l’Ouest, sous l’œil libidineux de maris candaulistes !… J’en ai cravaché des pénitentes !... J’en ai décapsulé des lolitas, tringlé des nuiteuses cocaïnées, des escortes slaves et des tomboys de choc ! (Notez incidemment, Ô natif du Taureau, donc ami des plaisirs, que le plus beau butt que j’aie vu de ma vie appartenait à une Panaméenne)… Mais rien n’est parvenu à diminuer l’intensité de la ferveur proprement religieuse que je voue à cette montre et à ce qu'elle représente… (31 mai 2018)
Je ne puis trouver illustration plus impeccable à ce que j'essaie de vous dire : le piège de cette voluptueuse année, qu’on pourrait appeler l’Année du Bovin (Ūruz) paissant (Erda) au Jardin des Délices (Wunjō), est que les turpitudes tendent à y devenir des habitudes : l’inertie, comme la tristesse, la culture américaine et toutes les régressions fœtales, est, hélas, un piège agréable.

Voilà, cher Anonyme. Soyez béni à tous les plans imaginables de l’existence – Je vous aime – Et n’oubliez pas : on croit parfois que les cacahuètes sont amères, alors que c’est le film qui est mauvais.

Bénédictions endiablées.

- Sir Shumule

Dora et le Minotaure, Picasso

mardi 3 septembre 2019

Among the Living

Réjouissez-vous avec moi, beaux génies qui hantez ce blog !

Pour la première fois depuis l’an 2008, j’ai officié, dimanche, en tant que prêtre, lors de la Messe Gnostique, et c’était prodigieux !

L’équivalent liturgique, dirais-je, de retrouvailles physiques archi-passionnelles avec un sublime amour de jeunesse qui serait demeuré, onze années durant, purement et fiévreusement épistolaire !

On le sait : l’Esprit, trop longtemps comprimé, jaillit, dans ces cas-là, en puissantes rafales ! Il couche tout devant Lui et Il en met partout !

ΧΑΙΡΕ ΦΑΛΛΗ ΧΑΙΡΕ ΠΑΝΦΑΓΗ ΧΑΙΡΕ ΠΑΝΓΕΝΕΤΟΡ AΓΙΟΣ AΓΙΟΣ AΓΙΟΣ ΙΑΩ ! C’était vraiment bien !

A part ça, je suis content parce qu’on me pose des questions sérieuses :


Cher Sir, prince et hiérophante,
« La religion est un abat-jour posé sur la Lumière de la Vérité (c'est-à-dire, précisément, sur l'expérience de l'Immanence du Divin dans le monde, i.e. l'expérience de l'Unité cachée derrière la multiplicité affolante des phénomènes) », avez-vous dit. Très heureuse que vous ayez retiré, dans ce beau billet, presque tous les abat-jour. Vous êtes fait pour la pleine lumière.
Mes questions: combien de temps s’écoule-t-il entre deux incarnations et garde-t-on le même sexe lors de tous ses passages sur terre ?
In LVX.
Deborah

Now then, the deceased, Ankh-af-na-khonsu has gone forth by day in order to do everything that pleased him upon earth, among the living.

Cara Soror,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Savez-vous qu’il est dit du prénom Déborah (דְּבוֹרָה, littéralement : Abeille) que, puisqu’il peut s'entendre דבור ה, soit Discours de ה, et que la lettre ה représente Nuit, son sens profond est Discours de Nuit, c’est-à-dire Premier Chapitre du Livre de la Loi ?

Aussi, qu’il termine la formule magique ABRAHADABRA (
הברכה דברה), qui est elle-même le fin-mot de toutes les formules magiques, comme il est écrit < The ending of the words is the Word Abrahadabra > (AL 3, 75) ?

Pour le reste, nul n’ignore que l’étude des lois de la métempsychose constitue ma passion dominante : prenons par exemple, Amie, puisque vous thélémisez, le cycle d'Ankh-af-na-khonsu,
prêtre thébain de Mentu aux temps extrêmement troublés de la transition de la Troisième Période Intermédiaire vers la Basse époque, initié dans les temples, parvenu aux plus hauts degrés de la hiérarchie religieuse et militaire, celui dont tout Thélémite se reconnaît l’élève.

Il est dit d’Ankh-af-na-khonsu – qui fut fils de Bes-na-maut I et de Ta-nech la Sage, donc petit-fils d’Iryiri, 3ème prophète de Amun, et épousa Neskhons I, fille de Hoormat, Grand Trésorier de Pharaon – qu’il eut pour réincarnations successives : Ko Hsüan, plus grand thaumaturge de Chine, auteur du Classique sur la Pureté, disciple du fameux magicien Tso Tzhu à l’époque des Trois Royaumes ; Asteris, hétaïre sacrée du Temple du Soleil d’Agrigente en Sicile ; un certain Marcus, citoyen romain ordinaire ; Sa Sainteté le pape Alexandre VI Borgia, pontife romain extraordinaire ; Sir Edward Kelly, complément ténébreux au lumineux John Dee ; Joseph Balsamo, comte de Cagliostro, ténébreux et lumineux en un ; Eliphas Levi (Alphonse-Louis Constant), le grand Adepte ; Maître Therion (Aleister Crowley), le grand Mage.

Entre la mort d’Ankh-af-na-khonsu et la naissance de Ko Hsüan, il y a neuf siècles : entre la mort d’Eliphas Levi et la naissance d’Aleister Crowley, il y a cent trente-quatre jours.

Les « retours » semblent, en effet, d’un point de vue incarné, totalement sporadiques, et n'ont aucune fréquence humainement quantifiable, parce que les dimensions suprasensibles – les mondes supérieurs – ne sont, comme on dit en Qabale, « pas affectés par la Chute », i.e. ils ne sont pas déterminés, contrairement aux dimensions sensibles, par le rapport à la matière dont procède l’espace-temps.

Pour ce qui est des sexes, le cas d'Asteris nous confirme qu’une âme peut s’incarner at will en homme ou en femme, mais qu’il est, généralement, très difficile à un individu de se rappeler les existences accomplies dans le genre opposé à celui qui est présentement le sien (Asteris, par exemple, fut révélée durant la Neuvième Opération de l’Opus Lutetianum et non par les méthodes traditionnelles de récollection des vies antérieures).

Amie Discours-Céleste, puissiez-vous imprimer assez violemment la pellicule de cette existence pour vous souvenir, jusque dans dix mille ans, du temps où vous étiez Deborah !

Love is the law, love under will.

Bénédictions endiablées.

- Sir Shumule

Gnostic Priest par Asa Medhurst