Quelle nuit, dieux et déesses !... Quelle nuit !...
Que les lendemains sont donc abominables... Je sais bien qu'il faut prendre le cachet d'aspirine avant de dormir... encore faut-il avoir une main libre pour ça... Aujourd'hui : rien !... Surtout rien... Qu'on me donne 500000 mégalitres de café, et qu'on me laisse mourir...
On sonne. Le facteur. Un recommandé. Nous avons un facteur barbu. Les facteurs barbus sont toujours, à courrier égal, plus sympas que les autres. Il a quand même dû faire une drôle de tête, dans sa barbe, quand Jill lui a ouvert avec, pour tout vêtement, ses talons vertigineux, et une chemise à moi qui lui fait un peignoir ! :) Jill est toute petite. Un pin's. En revanche, elle est toujours radieuse au réveil, ce qui n'a pas de prix un jour comme aujourd'hui...
Dans le hall, troublé, le facteur percute Caroline au radar... A t-elle seulement vu l'humble préposé ?... C'est ça le truc, pour survivre à la surprédation : la vision panoramique... Caroline a cédé aux sirènes du pur arabica... Heureusement le facteur n'est pas un surprédateur... Elle aussi a l'air d'un pingouin... Une bimbo-pingouin dans ma robe de chambre...
Il me faut paraître.
- Brjfx...
- Hou la! ça 'a pas l'air d'aller...
- Xylostome orchidoclaste...
Il m'observe, et soupçonne cette formule, inventée par moi jadis pour justifier mes retards rue Saint-Guillaume*, de désigner un mal atroce, proche de l'ébola. Il n'est pas tranquille.
Je signe... Un colis... Je vous raconterai un autre jour ce qu'il y a dedans, c'est plein de private jokes, mais ça vous fera rire... La dernière chose qu'entend notre facteur en retraversant l'enfilade de pièces jusqu'à la sortie, est un espiègle : "Bon ! Il faut que je te taille une pipe pour avoir un café ?" que m'adresse Caroline... Il ne se sera pas déplacé pour rien...
Retour dans la véranda, allongé avec vue sur l'automne... Pourquoi faut-il toujours qu'à des fêtes merveilleuses et à des nuits torrides succède ce genre de matins?... Doit-on y voir un sens profond ?... Comme si sauter Miss France imposait de se réveiller avec Geneviève de Fontenay... Grâce aux dieux, Jill et Caroline restent des bombasses à la lumière du jour !... Mais quel cycle infernal... Chouille, hangover, chouille, hangover... Bon sang! les Thélémites conçoivent la vie comme une fête, et l'au-delà comme une "Grande Fête"... par conséquent, si ça se trouve, ça n'a pas de fin !...
Je me sens incapable d'avoir recours à la "béquille"**... Donc gésir... Je tends à l'état végétal... Que dis-je ? minéral!... et je regarde en boucle mon clip préféré de toute l'histoire des clips... en général, il me retape...
Just breathe, ami lecteur, just breathe ! love is the law, love under will !
- Sir Shumule, 20 octobre 2009.
- Sir Shumule, 20 octobre 2009.
* Celui, ou celle, qui trouve le sens de "xylostome orchidoclaste" gagne le titre de Grand Officier de la Cour Shumulienne.
** La "béquille" - je le dis à l'intention de ceux de mes lecteurs qui n'ont pas versé dans la débauche, et ne mènent pas une vie cadrée sur celle du regretté Patachon - consiste à se forcer à boire, au réveil, un verre du liquide dont on a abusé la veille. Sans vomir. Tous les effets indésirables "lendemain de beuverie" s'en trouvent annulés - sauf, évidemment, si l'on a fait des mélanges...
