mardi 22 octobre 2019

Anachorèse au Pays de Thélème


Behold ! these be grave mysteries ; for there are also of my friends who be hermits. Now think not to find them in the forest or on the mountain ; but in beds of purple, caressed by magnificent beasts of women with large limbs, and fire and light in their eyes, and masses of flaming hair about them ; there shall ye find them. — Liber AL vel Legis 2, 24.

Impudents amis, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Pour moi, j’ai prononcé aujourd’hui mes Serments d’Hermite. Les Anciens Chants sont formels : en temps de crise, le génie vit en marge, non au centre.

Eh ! Sardanapale et Jean des Esseintes étaient aussi reclus que Nicolas de Flue et l’évêque Théophane !

Ainsi, je cultive l’inutilité sociale, l’absence de qualités avouables et le détachement de tout souci mondain, dans une luxueuse thébaïde de notre Abbaye de Thélème, entièrement livré à l’étude, à la contemplation et à la paresse, qui sont les trois vertus du philosophe.

Que vous dirais-je, Amis ? L’hermite atteint de compassion — ce < vice des rois > (AL 2, 21) — et qui, selon l’usage armaniste — et cathare —, recouvre sa Lampe d’une mythologie accessible afin d’éclairer le peuple sans l’aveugler, conclut invariablement de l’expérience « les hominidés sont des cons décidément bien bizarres » et se hâte de regagner sa Retraite.

Or la Loi ne prescrit pas seulement une tranquille indifférence au malheur humain (AL 1, 31) : elle nous enjoint d’être < contre le peuple > (AL 2, 25) — positivement contre le peuple.

Telle est la perfection de l'anachorèse thélémite.

J’ai souvent raconté comme ma réaction, en lisant pour la première fois les Protocoles des Sages de Sion, avait été de me demander : « Plagiat de Sun Tzu mis à part, qu’y a-t-il, grands dieux, de mal dans ce texte ? N’est-ce pas ainsi qu’un seigneur de la terre doit élaborer ses plans ? La plèbe ne mérite-t-elle pas, que dis-je ? ne réclame-t-elle pas ce genre de despotisme atroce ? »

L’Ennemi du Peuple est, selon moi, le plus beau nom qu’un journal ait jamais porté et quelque podcasteur aristocratique devrait le reprendre. (Note : ce bimensuel, créé par George Darien himself, est paru d’août 1903 à octobre 1904, soit très précisément sur le changement d’Aeon.)

Personnellement, j’en suis au stade où, si je créais une banque fédérale américaine après avoir coulé le bateau où se trouvaient les quatre maîtres de la haute finance hostiles au projet, non seulement je produirais un film au budget colossal pour expliquer aux masses que ce naufrage est l’Aurore d’un Monde Heureux
et que les financiers old school sont tous très méchants, mais j’engagerais une bonniche québécoise pour chanter la chanson cucu du générique. C’est dire. #Titanic

Autrement, Anonyme, encore lui, me demande :

« Quel est votre nomen à l’OTO/EGC et que veut dire Fr. PM? »

Ami, la question est un peu limite de la part de quelqu’un qui signe Anonyme...


Mais baste ! Le nom sous lequel j’ai rejoint l’OTO en 1996 e.v. est Senuthius, qui vient de l’ancien égyptien šrj ntr, et signifie « enfant-dieu ». C'est un hommage à HERU-RA-HA, l’Enfant Couronné et Conquérant, Seigneur de l’Aeon — ainsi qu’à mon Puer Aeternus, à mon syndrome de Peter Pan, à Lao Tseu (dont le nom 老子 signifie « vieillard-enfant »), à
Loddfáfnir
(dont le nom signifie « enfant-dragon »), à Moïse (dont le nom signifie « enfant nouveau-né ») etc. Même la vermine chrétienne salue l’instant impeccablement magique de No-Ël (= Nouveau Soleil) en parlant de « divin enfant ».

(A propos de christianisme, j’ai été heureux, bien des années plus tard, d’apprendre que le pape d’Alexandrie s’appelait Shenouda, qui est la version copte de Senuthius – d’autant que le pape Shenouda III était l’ATU V incarné, avec quelque chose d’éminemment pharaonique, et que j’avais l’habitude de signer ma correspondance spirituelle de la lettre ϣ, qui se trouve n’avoir pas de guématrie et à laquelle je suis donc libre de donner ma guématrie personnelle.)

Pour diverses raisons, j’ai préféré ensuite utiliser mon hiéronyme P.M., dont je ne vous donnerai, évidemment, pas le sens. Voilà pour mes Noms de Gnose.

Soyez béni à tous les plans imaginables de l’existence — je vous aime — et, puisque nous avons commencé par les Anciens Chants, n’oubliez pas : Laissez les héros mythiques conventionnels à leur repos bien mérité. Nous ne pouvons pas être naïfs en un temps comme le nôtre, car nous sommes en présence de forces souterraines qui, soit nous édifieront, soit nous annihileront. Dans tous les Contes, lorsque le courant décline — et nous sommes, culturellement, dans un monde post-orgasmique, c’est-à-dire déclinant, — il faut acquérir l’intelligence des choses souterraines.

N’oubliez pas non plus : Ayez des Ancêtres, ou vous aurez des fantômes. En ce moment, la plupart des gens manquent à ce point d’un système culturel enraciné, qu’ils ne sont plus environnés d’ancêtres qui les soutiennent, mais de fantômes qui les harcèlent.

Love is the law, love under will.

ϣ.  — ☉︎ in 28° ♎︎ : ☽︎ in 11° ♌︎ : ♂︎ : Ⅴⅴ