mercredi 18 août 2021

Ye shall be free

« Chaque femme devrait avoir un Homme comme Sir Shumule à demeure et à son service. On devrait le placer dans une cage en verre, et l'en sortir pour ses besoins intellectuels et érotiques, afin de satisfaire le haut comme le bas, et ensuite le boucler à nouveau. SS a une œuvre fantasmatique à accomplir. » — Emma La Luce
Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

C'est le premier mercredi après la fête pour la première nuit, et nous célébrons la greater feast de Roderic Borgia, le Pape Alexandre VI.

J'ai relu, cette nuit, les quatre tomes du Borgia Manara-Jodorowsky, le Journal de Johann Burckhardt et le tout premier hommage rendu par moi, en 2009 e.v., au saint immense dont nous faisons mémoire :
Je ne me console pas d’avoir laissé passer le 18 août sans porter aux nues Alexandre VI, mon héros, mort ce jour-là il y a cinq cent six ans…

J’ai, en effet, une admiration sans borne pour Rodrigo Borgia, génie politique, héros du stupre et patron des arts qui, haïssant le christianisme, imagina de l’abolir d’une manière originale : en devenant Pape :)

Il y parvint, et les onze années de son pontificat furent un lumineux retour à la normale au milieu de la nuit chrétienne, un intermède sensuel et coloré duquel sortit la Renaissance — Alexandre VI ne vécut que pour la beauté, l’orgie et l’amour de ses enfants (deux d’entre eux, César et Lucrèce, sont les plus hautes définitions de l’être humain que la terre ait portées à ce jour).

Il fut un somptueux mécène et le monde lui doit, en outre, deux suprêmes bienfaits : avoir fait libérer des cachots de l’Inquisition le cabaliste Pic de la Mirandole, un des plus brillants érudits qu’ait engendré l’humanisme — et avoir fait pendre l’agitateur Savonarole, une des plus nuisibles vermines qu’ait suppuré le christianisme…

Je dois à mes ancêtres, collectionneurs acharnés, de dormir dans un lit ayant appartenu aux Borgia du XIVème siècle — mais, évidemment, c’est quand je n’y dors pas que j’aime à me souvenir qu’Alexandre en personne y a peut-être honoré lui aussi ses maîtresses…

Cela dit, je recommande totalement la visite de la tour Borgia au Vatican : comme Alexandre ne croyait qu’aux dieux dignes de ce nom, elle est entièrement ornée de fresques représentant les Mystères de l’Ancienne Égypte — en plein Vatican ! :)

Quel sublime symbole de l’œuvre du Pape antichrétien qu’une tour élevée à la gloire d’Horus et des Sages d’Héliopolis, au cœur de cette Cité dérobée à la France par un nain régicide pour payer ses complices, et devenue l’emblème de leur non-religion !

D’autre part, comme, après la mort du pontife, le répugnant Jules II fit, en haine envieuse de son glorieux prédécesseur, fermer cette tour — qui ne fut réouverte qu’au début du XXème siècle, sur ordre de Léon XIII — l’ambiance, la « charge », toute l’atmosphère de l’époque y demeurent intactes : on se retrouve téléporté en plein Quintecento, dans la vibration vivante de la Renaissance — et l’on s’attend réellement, au détour des salons, à voir surgir Lucrèce, Machiavel, Michel-Ange, et Alexander Pontifex Maximus soi-même… Mémoire éternelle !!!
Friedrich Nietzsche, autre saint gnostique, identifiait Alexandre VI à la vie elle-même, c'est-à-dire à Hadit, comme il est écrit < I am Life > (AL 2, 6) :
Le christianisme surmonté à son siège même... La vieille corruption, le peccatum originale, le christianisme, n’était plus sur le siège du Pape ! Il était remplacé par la vie, le triomphe de la vie, le grand oui à l’égard de toutes les choses hautes, belles et audacieuses !... (L'Antéchrist, 61)
<... yet therefore is the knowledge of me the knowledge of death > : je me souviens d'avoir répondu, à la question "Si vous étiez un poison, quel poison seriez-vous ?" :
La Cantarella, que les Borgia utilisaient pour se défaire des gêneurs. J’admets toutes les turpitudes, tant qu’elles ne sont pas vulgaires.
Alexandre VI, guilgoul du prêtre des princes, a dit en mourant : "Le songe se dissipe...", et on a tort de l'interpréter toujours comme un équivalent de "La fête est finie" — Oui, le pontificat Borgia est la seule rémanence onirique qu'aient issue les ténèbres de l'Æon des Poissons — mais moi j'entends l'ultima locuta du Pape comme un cri de triomphe, que dis-je ? un cri de guerre, à l'heure de l'inquisition woke et de la dystopie covidiste : Le songe se dissipe = Je suis celui dont le christianisme n'est pas parvenu à censurer les rêves.

Amis chers, la Lecture de ce jour est le Liber Liberi vel Lapidis Lazuli Adumbratio Kabbalæ Ægyptorium sub figurâ VII, chapitre 7, verset 34 à 37.

34. Come, let us no more reason together; let us enjoy ! Let us be ourselves, silent, unique, apart.

Commentaire : Le cher Rodney Orpheus a publié, en 2013 e.v., un texte indispensable, intitulé Thelemic Orthodoxy, reproduit par Thelemic Union en 2017 e.v., et qui s'achève ainsi :
When I say to you: “Do what thou wilt shall be the whole of the Law” I am literally saying “You get to do your thing your way and I don’t get to tell you what that should be”. The Book of the Law even tells us that in two different ways just in case we didn’t get it the first time:

“There is no law beyond do what thou wilt”.

You do not get to add more stuff to this. All that stuff Serious Thelemites keep telling you about the right and wrong interpretation of it? All they are showing us is that they haven’t even understood those basic eleven words of one syllable each: Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Thus the real “Orthodox Thelema” is both simple, and completely individual. The only way that you can truly follow “the Thelema of Aleister Crowley” is by each of you taking it and making it your own Thelema, and living your life in your way. That’s the only “orthodox” Thelema that there is, or can be. It’s all the rest of that stuff being preached at you that isn’t orthodox.
35. O lonely woods of the world ! In what recesses will ye hide our love ?

Commentaire : De même que s'exhiber, — avec pour alibi la plage, la mode ou TikTok, peu importe — est ce qu'il y a, sexuellement, de plus stimulant pour la femme, — car le propre de Nuit est la Manifestation (AL 1, 1), — l'idée de truc-secret-(inavouable)-que-l'on-fait-en-cachette-(interdit) est ce qu'il y a, sexuellement, de plus stimulant pour l'homme — car le propre de Hadit est la Dissimulation (AL 2, 1).

D'où le paradoxe éternel : c'est de nos étreintes les plus fugaces que nous conservons le souvenir le plus durable.

Je vous ai raconté comme, en 2008,
au cours d’une garden party chez nous, je m’étais retiré dans une dépendance pour écrire. L’une des invitées, très jolie, très brune et carrément pompette, vint frapper au carreau. Je la fis entrer. Elle plaqua ses lèvres contre les miennes, darda une langue vigoureuse, ouvrit ma chemise, tâta ma poitrine, caressa mon dos, défit ma ceinture et me régla mon compte en cinq sec.

Le jour suivant, je fus présenté à monsieur L-J (personnage influent), ainsi qu’à son épouse : ma visiteuse de la veille.

Elle et moi conservâmes d’irréprochables poker faces, bien que la surprise fût un peu pétrifiante.
Eh bien, ce souvenir n'est pas seulement très coquin, très exquis, mais le meilleur commentaire sur AL 2, 1 que je connaisse.

36. The forest of the spears of the Most High is called Night, and Hades, and the Day of Wrath; but I am His captain, and I bear His cup.

Commentaire : Traduisons : DIEU (the Most High) est la sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et qui règne sur le monde, i.e. Nuit X Hadit = Ra-hoor-khuit.

Au plan le plus bas de l'horizontalité (forest of spears = guerre = Sentier de פ), l'idée de Nuit, c'est-à-dire de l'Ain Soph béni, s'appréhende by Night (nous, Français, avons cette bénédiction d'avoir le nom de la Déesse Suprême dans notre vocabulaire le plus usuel, mais, du coup, la nuance signifiant "le Trog ne ressent l'Infini que quand il dort" passe un peu à l'as) ; l'idée de Hadit, c'est-à-dire du Yod béni, s'appréhende par la frayeur "panique", la peur de l'occulte (Hadès, litt. "l'Invisible") ; l'idée de Ra-hoor-khuit, l'Attribut melekh ha‑olam, i.e. la toute-puissance de DIEU sur les affaires terrestres, ne s'appréhende qu'en cas de rétribution karmique violente (Day of Wrath, voir Zephania 1, 14-18 dans la Torah : ce qui caractérise le Trog, c'est de s'enorgueillir des bontés que le ciel a pour lui, et de n'avoir de religion que lorsque le même ciel lui tombe sur la tête.)

Or l'Initié voit les gens de ce niveau de conscience comme l'officier colonial (Captain), se trouvant à "l'étage supérieur" (I bear His cup = ATU XI = Sentier de ט), voit les Bushmen — < on the low men trample > (AL 2, 24) par la force des choses, puisque ce sont tes voisins du dessous.

(Notez que la nuit dissimule, comme il est écrit < the night shall cover all > (Cordis 1, 24), < Thou art a little white rabbit in the burrow Night > (LLL 1, 14), < There rest, under the canopy of night > (LLL 4, 15), etc. ; que Hadès signifie "l'Invisible" ; et que Zephania צְפַנְיָה signifie "DIEU est caché" — Pour les Trogs, en effet, le Divin, c'est-à-dire la Vie (AL 2, 6), a les traits de Hel, — déesse sadique des matons, des tièdes et des épargnants médiocres, — dont le nom signifie "Cachée" : c'est la patronne du conformisme et des écœurantes masses standardisées, d'où < Hell : Let it be that state of manyhood bound and loathing > (AL 1, 41-42) 
— l'enfer, c'est une publicité GAP.)

37. Fear me not with my spearmen ! They shall slay the demons with their petty prongs. Ye shall be free.

Commentaire : Impossible, en août 2021 e.v., de ne pas voir dans ce verset une allusion à la Doctrine de la Lance de Bambou (principe selon lequel un peuple déterminé peut vaincre n'importe quel ennemi, même s'il ne dispose que de moyens rudimentaires et si l'ennemi, lui, est suréquipé), conçue par le Japon durant la Seconde guerre mondiale, et lourdement raillée par les ricains après Hiroshima, jusqu'à ce que le Nord-Viêt-Nam en fasse l'irréfragable démonstration à leurs dépens — démonstration renouvelée cette semaine par l'Emirat islamique d'Afghanistan, qui a ridiculisé la "première puissance militaire mondiale" avec des kalachnikovs dépassées et des pickup trucks Toyota.

Arnold Schwarzenegger dit "Screw your freedom" ; les Livres Saints disent : < Ye shall be free. >

Amen.

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Belle journée à tous.

Love is the law, love under will.


- ☉︎ in 25° ♌︎ : ☽︎ in 0° ♑︎ : ☿︎ : Ⅴⅴⅰⅰ.

Précédent commentaire sur ce péricope : Du Liber VII (7, 34-37) (2020)

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