jeudi 6 janvier 2022

The Mystery of Pan

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

C'est le 6 janvier, jour oraculaire du mois de décembre, et mon plan pour avoir la fève à coup sûr ce soir est fin prêt — Je ne puis en dire plus — Sachez simplement qu'il implique l'emploi d'une barre à mine, deux timbres-poste au tarif en vigueur et le concours d'un pingouin vivant.

Pour ce qui est des solennités proprement dites, je vous renouvelle mes conseils de l'an passé :
L'Angleterre, dont les femmes sont laides, les hommes pédés, le "chic" ridicule et la famille royale grotesque, a, au moins, reçu cette bénédiction que la Douzième nuit s'appelle encore, chez elle, Twelfth Night.

Oui ! faire l'amour à une Anglaise, c'est de la masturbation, mais aussi un mérite, et vous n'ignorez pas que c'est, mystérieusement, le convive ayant accumulé le plus grand nombre de mérites au cours de l'année solaire révolue qui reçoit la fève tout à l'heure...
Amis chers, la Lecture de ce mercredi est le Liber B vel Magi sub figurâ I, versets 15 à 18.

15. Now the grade of a Magister teacheth the Mystery of Sorrow, and the grade of a Magus the Mystery of Change, and the grade of Ipsissimus the Mystery of Selflessness, which is called also the Mystery of Pan.

Commentaire : Pourquoi le grand Pan, — espiègle, lascif, imprévisible protecteur arcadien des bergers, de l'unheimliche et de la volupté des sens, — est-il associé à Jechidah, c'est-à-dire à l'ipséité, à l'étincelle divine placée en chaque homme ?

J'ai répondu autrefois :
Le grand Pan représente le Divin Lui-même Se manifestant dans l'Incarnation. Il est l'Un manifeste : le Tout (Πάν/Pan) qui objective l'Unicité divine, laquelle — étant éternellement inconnaissable, indicible, inconcevable, incompréhensible, etc. — équivaut, dans notre conscience humaine, à Zéro, symbole de Nuit, l'Infini béni, c'est-à-dire au Rien : < let it be ever thus; that men speak not of Thee as One but as None > (AL 1, 27) : aussi la réalisation spirituelle (attainment) suprême est-elle appelée "Nuit de Pan".

Techniquement, la Magie enseigne que lorsque l’Énergie Divine se manifeste en un homme au plan spirituel ("blanc"), elle produit la Uva (la "Frayeur sacrée") ; que lorsqu'elle se manifeste en un homme au plan psycho-affectif ("rouge"), elle produit le rire ; et que lorsqu'elle se manifeste en un homme au plan physique ("noir"), elle produit l'impulsion sexuelle — voilà pourquoi Pan est celui qui déclenche la peur panique — celui dont l'apparition fait rire les habitants de l'Olympe — et celui dont le rut est perpétuel : < la lubricité du bouc est la munificence de DIEU >, comme il est dit (William Blake, Proverbs of Hell).

Sous le règne de Tibère (i.e. à l'ouverture de la parenthèse chrétienne), un pilote égyptien, croisant au large de Paxos, reçut, comme chacun sait, d'une voix mystérieuse, l'ordre d'annoncer "la mort du Grand Pan" : c'est que tout le projet chrétien était de nier l'Immanence divine, de séparer le Haut du Bas, d'évacuer DIEU vers le ciel. En 1904 (i.e. à la fermeture de la parenthèse chrétienne), le poète, — c'est-à-dire le prophète, — Jacques d'Adelswärd-Fersen débarqua en Sicile, au pied de la Villa Tibère, et, saisi de transe à la contemplation de la Beauté des lieux, s'écria : Non seulement le grand Pan n'est pas mort, mais je sais à présent qu'il ne mourra jamais !...
16. Let the Magus then contemplate each in turn, raising it to the ultimate power of Infinity. Wherein Sorrow is Joy, and Change is Stability, and Selflessness is Self. For the interplay of the parts hath no action upon the whole. And this contemplation shall be performed not by simple meditation — how much less then by reason ? but by the method which shall have been given unto Him in His Initiation to the Grade.

Commentaire : Sir Aleister préconise de recourir à "l'herbe de Chokhmah" pour faciliter la praxis en question, ce qui me fit écrire jadis :
L'Herbe de Chokhmah (cannabis), nous renvoie à ce que je me souviens d'avoir déclaré, lors d'un Cours intitulé Le Jardin d'Eden est une Île-sous-le-vent, et qui se trouve être intégralement raccord à la Doctrine portée par ce verset :
Vous voulez passer du kolkhoze albanais non-fumeur à l'embarquement pour Cythère. L'ennui, c'est que les Heathen, eux, veulent que vous passiez de l'embarquement pour Cythère au kolkhoze albanais non-fumeur et appellent ça le progrès — C'est comme avec l'herbe : ça commence par les dread locks, le reggae et les super nanas jamaïcaines, et ça finit distribué médicalement comme neuroleptique par le gouvernement à la jeunesse que les confinements, les couvre-feux et l'effondrement économique rendent complètement dingue — La Magie enseigne, en tout et pour tout : remonte à la super nana jamaïcaine avant que ça se termine comme dans Shining.
17. Following which method, it shall be easy for Him to combine that trinity from its elements, and further to combine Sat-Chit-Ananda, and Light, Love, Life, three by three into nine that are one, in which meditation success shall be That which was first adumbrated to Him in the grade of Practicus (which reflecteth Mercury into the lowest world) in Liber XXVII, “Here is Nothing under its three Forms.”

Commentaire : Le Comment établit que les questions relatives à la Loi ne doivent être tranchées qu'en faisant appel aux écrits d'Ankh-af-na-khonsu, c'est-à-dire aux douze autres Livres Saints de Thélème — Mais ici, c'est le Liber I qui s'auto-explicite par le Liber XXVII !

Du verset < Here is nothing under its three forms >, j'ai personnellement écrit :
0. L'Aïn, c'est-à-dire DIEU, ainsi que l'enseigne Trismégiste : < Ce qu'il est impossible d'exprimer, c'est DIEU > (Stobée I, 2). 

00. L'Aïn Soph, c'est-à-dire Nuit, comme il est écrit < I am Infinite > (AL 1, 22) et < that men speak not of Thee as One but as None ; and let them speak not of thee at all , since thou art continuous. > (AL 1, 27)

000. L'Aïn Soph Aur, c'est-à-dire Hadit, ainsi qu'il est écrit : < it is the light higher than eyesight. > (AL 2, 51).

Mais le divin paradoxe < Rien sous ses trois formes (!) > doit nous faire sursauter : c'est le vertige des grands reset et des périodes glacières : même la Vacuité du Zéro Originel, l'Extase Primordiale de l'Eternel Orgasme Synchrone de Hadit et de Nuit, est une supercherie qui, contenant les Trois Forces, contient toutes les virtualités vivantes — mystère impénétrable, quoique béant, que les Anciens, en vieux norrois, surnommèrent Ginnungagap.

Ou de façon plus horizontale : chaque fois qu'au Be-with-Us, succède l'âge de glace durant lequel l'humanité redémarre à zéro, les trois castes humaines retrouvent leurs formes initiales (prêtres, chefs, chasseurs), dont procèdent, linéairement, plusieurs dizaines de millénaires plus tard, l'inextricable complexité de l'organisation sociale absolument artificielle des civilisations en fin de course : tout Occidental de l'ère covidiste, masqué, vaxxé, descend d'un chamane, gardien des Sciences Divines d'avant le Cataclysme, d'un guerrier de type GigaChad, ou d'un furtif traceur d'ongulés, sorti des cavernes.

Or ces séquences de montées, paroxysme, orgasme, dégringolade, gestation et redépart à zéro n'ont pas eu de commencement, comme les boucles d'oreilles de la vache-qui-rit ou la pochette d'Ummagumma de Pink Floyd : le voilà, le vertige devant Ginnungagap !
18. And this is the Opening of the Grade of Ipsissimus, and by the Buddhists it is called the trance Nerodha-Samapatti.

Commentaire : On me demande pourquoi les Bouddhistes, disciples de Siddhārtha Gautama, qui est un saint italicized, sont, dans le Livre de la Loi, maudits et voués à être écorchés vifs (!!!) (AL 3, 53)

Ma foi, c'est parce que, bien que Siddhārtha ait été lui-même parfait en tout point (à l'exception de brèves phases boulimique et anorexique), ses disciples s'arrangent tout de même pour être, le plus souvent, d'insupportables blaireaux casse-couilles.

Les Bouddhistes du tiers-monde ne posent pas réellement de problème, et s'ils décrivent Siddhārtha comme un gros-lard, — sans réaliser qu'un homme dont la vie s'est passée à méditer dans les bois en se nourrissant de graines de chanvre ne ressemblait vraisemblablement pas à Jabba the Hutt, — c'est uniquement parce qu'étant des tiers-monde, ils font une fixation sur la bouffe.

Chez les Occidentaux, en revanche, le Bouddhisme attire essentiellement des hippies malodorants et des life coachs atteintes d'obésité morbide qui, tous, tablent sur le fait que le côté vaguement exotique du Dharma confère à ses fidèles l'air profond et intelligent sans qu'ils aient à manifester la moindre espèce de talent dans quelque domaine que ce soit.

En dépit de leur nombre, la plupart de ces fumeurs de bang n'ont pas la plus petite idée de ce en quoi peut bien consister le Bouddhisme — S'il advient qu'on les interroge à ce sujet, ils répondent quelque choses comme "c'est très spirituel" — La confusion vient de ce qu'en dépit de leur totale ignorance de chacun des aspects de l'enseignement de Siddhārtha, — ignorance qui les pousse, généralement, à promouvoir les médecines douces et à forniquer avec les plantes vertes, — ils vivent entourés de statues à son effigie.

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Belle journée à tous.

Love is the law, love under will.

- ☉︎ in 16° ♑︎ : ☽︎ in 7° ♓︎ : ♃︎ : Ⅴⅴⅰⅰ.





Précédents commentaires sur ce péricope :

La Douzième nuit  (2021)

2 commentaires:

  1. Vous nous recommandez quoi comme premier achat d'un livre de Crowley? (Que je ne connaissais que très peu avant de vous lire)

    Merci beaucoup

    RépondreSupprimer