mardi 8 février 2022

I have found that which could not be found

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

C'est le premier mardi après l'Imbolc et si, en règle générale, je poursuis l'idéal qui fut mon premier appel, — celui d'écrire un texte superbe, entièrement constitué de phrases immortelles, — mon unique projet ces jours-ci est d'épouser Apolline de Malherbe.

Amis chers, la Lecture de ce jour est le Liber LXV : Liber Cordis Cincti Serpente sub figurâ אדני, chapitre 1, versets 29 à 32.

29. I have found that which could not be found ; I have found a vessel of quicksilver.

Commentaire : De I have found that which could not be found :
Fr B m'a demandé si je devais au I Ching de toujours prédire infailliblement, des années à l'avance, tout ce qu'il va, politiquement, se passer dans le monde.

En l'occurrence, la réponse est : non.

Du reste, je ne m'amuse à ces pronostics que pour mettre minable l'ensemble des political commentators, non pour susciter une quelconque "réaction" dans le peuple : le sort des Trogs m'indiffère et je leur souhaite à tous un bon coup de seringue mRNA.

La marche du monde ne présente et n'a jamais présenté aucune espèce d'intérêt à mes yeux — J'écrivais déjà il y a dix ans :
A l’homme véritablement contemplatif, ne suffit-il pas de changer, de temps à autre, l’agencement de ses coussins ?

Dés que je sors, je vois des existences qui s’agitent, ou se fixent, dans le dédale de mensonges et de trahisons qu’est l’existence de l’homme blanc, et j’y perçois, au bout du compte, une forme – dégradée, pervertie, mais une forme quand même – de cette perpétuelle alternance de carnages aveugles et de joies éphémères qui, je le sais à présent, est notre seul avenir.

L’avenir ?… Honnêtement, je me rends compte que je m’en tamponne un peu – l’avenir ne m’intéresse qu’afin de voir mon fils se développer, et de me souvenir. Rien d’autre. En ce qui concerne l’activité humaine, l’idée de futur me laisse complètement froid. On ne me la fera jamais aux lendemains qui chantent – je veux juste davantage de la même chose que le présent. Puisque je suis, selon Odilon, « un roi barbare mérovingien parachuté dans l’occident chrétien démocratique et décadent », ce monde n’est pas le mien. Je dirais même, à mesure que je mûris, qu’il s’en éloigne de plus en plus.
Je n'ai rien à redire au projet Judge Dreddesque de Confinement Perpétuel – on pourrait même me soupçonner de l'avoir inspiré :
Voir des gens m’est intolérable. Ils sont hideux. Les [Français issus de la diversité] ont l’air de singes, et les Blancs ont l’air de [Français issus de la diversité]. Les hommes sont habillés comme des cheminots d’avant-guerre. Les femmes josianisent à qui mieux mieux. C’est désespérant. Gap a tué jusqu’à l’aspect comique des badauds de province.

Je devrais m’aérer – mais pourquoi ? Je sors d’en prendre : plus de trois mois à observer les écureuils dans notre parc sans avoir à subir la pollution humaine qui accompagne ici chacune de mes excursions... Je ne daube pas les écureuils du Bois de Boulogne, notez – ils sont très bien – mais si, en chemin pour leur rendre visite, je croise une seule personne qui réagit en me voyant passer, j’ai la sensation d’avoir donné plus que je n’ai reçu, et ça m’agace.

Mettons que j’aille à l’Aquarium du Trocadéro : j’y suis pour voir nager des poissons rares, et c’est moi que lorgnent tous les visiteurs. C’est ça, quand on est beau. Comme, de mon côté, je ne regarde personne – nil mirari, matière de dandysme –, je me sens floué dans la transaction. Autant m’acheter mon propre poisson, bien multicolore, et le regarder chez moi : je regarderai mon poisson, mon poisson me regardera, nous deviendrons amis, et personne ne gênera nos conversations en essayant d’entendre ce que mon poisson et moi avons à nous dire.

Je pourrai m’habiller à ma guise pour rendre visite à mon poisson, et n’aurai pas à soutenir la silencieuse réprobation des pauvres, qui trouvent qu’« à l’heure où tant de Français, etc. », mes élégances piétinent leur dignité de pauvres. Je pourrai éventuellement aller tout nu voir mon poisson. Le poisson s’en moque. Il n’est pas chrétien. Les chrétiens l’ont pris pour symbole malgré lui. Mais si, en revanche, je sors tout nu, fût-ce pour visiter l’Aquarium du Cap d’Agde, je retourne à la case départ : faire sensation sur mon passage, ce qui, en ce moment, m’exaspère bien davantage que ne m’intéresse le spectacle de poissons en train de nager.

Boire un cocktail à la terrasse de mon café favori me procure un ennui mortel. Je ne vois pas l’intérêt d’être assis au milieu de gens ordinaires qui essaient d’impressionner d’autres gens ordinaires. J'aime autant préparer mon cocktail moi-même, si cela me dispense de ces proximités.

Où que j’aille, je fais sensation, et cela a été le cas toute ma vie. Autrefois, il arrivait qu’on m’émerveillât en retour. Mais depuis que les filles sont choubabes, c’est terminé. Et les vieux ne m’intéressent que quand ils sont des rebouteux limousins illettrés qui ne s'expriment qu'en patois. (Spleen Shumulien, 2011)
De I have found a vessel of quicksilver : Je rapportais, il y a un an :
Mon plus récent élève, que nous appellerons Enfant-Jeune-des-Grand-Rocs (voir commentaire sur le verset 25), m'a offert, à son arrivée, — par allusion à la célèbre remarque faite par Sir Aleister au chapitre VII de la Deuxième Partie du Liber ABA, — une sublime coupe en verre de Murano, traitée selon la technique vénitienne qui confère à l'objet la capacité de changer de couleur si le breuvage que l'on y verse contient une substance toxique.
Ce qui renvoie, évidemment, à la réponse que je fis, jadis, lors d'un très fameux exercice d'Anti-portrait chinois, à la question "Si vous étiez un poison, quel poison seriez-vous ?" :
La Cantarella, que les Borgia utilisaient pour se défaire des gêneurs. J’admets toutes les turpitudes, tant qu’elles ne sont pas vulgaires.
30. Thou shalt instruct thy servant in his ways, thou shalt speak often with him.

Commentaire : Aucun problème. Je suis languedocien, donc expansif.

En plus, j'ai un beau timbre grave et caverneux qui, joint à mon aspect physique, est typiquement sacerdotal :
DIEU m'a fait haut d'1 m 96, avec une tête d'extra-terrestre et une voix de violoncelle, pour que je n'imagine pas faire autre chose de mes dimanches que Prêtre lors de la Messe Gnostique. (Trop joyeux pour fonctionner)
Attention ! Il ne s'agit pas de prêcher la Loi aux Heathen ! Le Liber Legis stipule : < convert not > (AL 3, 42).

Quiconque est classé servant, en effet, a cessé d'être esclave (cf. AL 2, 58), et n'est donc déjà plus Heathen — Ce qui me rappelle qu'on m'a re-re-redemandé, lors de la Synaxe, comment traduire précisément Heathen et que j'ai renvoyé l'auteur de la question à ces notes de 2021 :
Parlant de meaning encore indécis : comme la Lecture d'hier comportait < Trample down the Heathen > (AL 3, 11), AM a suggéré de traduire Heathen par "cul-terreux, péquenot — plouc, à la rigueur".

Ce qui, naturellement, mène à la question : qu'est-ce au juste qu'un plouc, si nous devons le piétiner ?

Ce n'est pas un sujet facile...

A l'ère d'internet, être plouc n'a plus rien à voir avec la localisation géographique.

Et cela n'a jamais rien eu à voir avec le bankroll : un photographe de mode perpétuellement à découvert de dix mille euros n'est jamais plouc ; le n°2 mondial des fabricants de pâtée pour chien l'est peut-être un tout petit peu... 

S'il est bien quelque chose de plouc, c'est précisément de croire que le pouvoir d'achat "déplouquifie", alors que les ploucs les plus incontestablement ploucs, les plus authentiques, les plus assumés, ont, au contraire, toujours été ceux qui disposaient de gros moyens, ceux que l'on voyait, dans les années 80, chaussés de baskets cousues de fil d'or ou tondant leur pelouse sur un mini-tracteur Ferrari. 

Car plouc est un syndrome, une lecture de l'existence.

B — Comment définirais-tu ce syndrome ?

SS — Facile : lorsque tu te trouves Faubourg Saint-Honoré, tu vois, autour de toi, un quartier commerçant — Le plouc, lui, voit une zone de combat, un environnement hostile prêt à tout pour le prendre en défaut. 

Soit une anecdote amusante, pour illustrer : Il y a plusieurs années, quelqu'un me racontait avoir, à de nombreuses reprises, par commisération, invité un garçon ridicule, prénommé Aurélien, — mais que l'on surnommait Walking Blowjob parce qu'il était très petit de taille, — à dîner dans des restaurants élégants. 

Intimidé par le luxe, terrifié à l'idée de trahir sa cul-terrosité, le malheureux Aurélien s'était mis en tête, lors de ces agapes, de surcompenser le peu de reluisance de son extraction sociale en renvoyant systématiquement aux cuisines les plats qu'on lui présentait et en exigeant qu'on les lui refît cuire. 

A son hôte, que cette manie désolait, Aurélien répondait, — d'une voix désagréable qui lui valait également le sobriquet de "Coincoin", — que "sinon, ils (les serveurs) ne vous respectent pas", ce qui est non seulement la définition même de la plouc attitude (montrer que l'on est un indécrottable larbin en se préoccupant de ce que pense le service), mais témoigne, également, d'une méconnaissance totale des usages et coutumes de la restauration...

Chacun sait, en effet, la divertissante tradition des cuisiniers, qui, lorsqu'ils doivent refaire un plat qu'on leur a retourné, en traînent préalablement les ingrédients dans les toilettes et crachent tous dans l'assiette au moment d'"envoyer"...

Moralité : Voyez comme, par plouquerie, le pauvre Aurélien a passé à se nourrir exclusivement d'urine et de mollards les seuls dîners qu'il ait jamais eu l'occasion de faire aux tables de grands restaurants !

[Update : On me signale que, dans les cas de ce genre, la tradition véritablement orthodoxe, chez les cuisiniers, est, en plus des crachats, de plonger la viande ou le poisson retourné dans le syphon des égouts, plutôt que dans les toilettes qui, de nos jours, sont trop propres pour de vraies représailles.]

Trample down the Heathen : spotter les ploucs, afin de les piétiner, va être de plus en plus facile, à mesure que se pérennise le régime covidiste — Ainsi que je l'ai souvent demandé : plutôt qu'imposer un passe sanitaire, tamponnez "cul-terreux crédule" sur le front des vaccinés. Ce sera, au sens biologique du terme, un très précieux système d'avertissement pour nous. Il est vrai qu'ils portent déjà un masque. (Blessèd)
31. (The scribe looketh upwards and crieth) Amen ! Thou hast spoken it, Lord God !

Commentaire : La Sainte Obédience, c'est-à-dire le lâcher-prise, qui nous renvoie au shumulisme fondamental :
Mes compagnons idéaux ne se soucient pas du trésor enterré au pied de l'arc-en-ciel qu'ils gravissent.
32. Further Adonai spake unto V.V.V.V.V. and said...

Commentaire : J'aime que ce verset laisse planer l'intérêt dramatique...

Oui, "suspense" se dit, en français, "intérêt dramatique", ce qui est plus long et moins Hitchcock, mais l'objectif est d'épouser Apolline, et l'on ne séduit pas une descendante de François de Malherbe avec des néologismes.

J'aime, dis-je, que ce verset laisse planer l'intérêt dramatique... Ça me rappelle la propension qu'ont les Japonais, — peuple dont la pensée magique est la plus intacte au monde, — à aimer mieux guetter l'imminence d'un tsunami dans les signes d'anxiété de leurs chats bobtail ou de leur chiens shibu que dans les bulletins météos, et leurs weather girls sont pourtant bandantes.

(NB : Il me revient d'avoir évoqué naguère cette coutume nipponne dans un texte admirable, sobrement intitulé X.) 

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Belle journée à tous.

Love is the law, love under will.

- ☉︎ in 19° ♒︎ : ☽︎ in 22° ♉︎ : ♂︎ : Ⅴⅴⅰⅰ.






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