lundi 8 février 2021

Sir Shumule au Cap d'Agde

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Fr B m'a demandé si je devais au I Ching de toujours prédire infailliblement, des années à l'avance, tout ce qu'il va, politiquement, se passer dans le monde.

En l'occurrence, la réponse est : non.

Du reste, je ne m'amuse à ces pronostics que pour mettre l'ensemble des political commentators minable, non pour susciter une quelconque "réaction" dans le peuple : le sort des Trogs m'indiffère et je leur souhaite à tous un bon coup de seringue mRNA.

La marche du monde ne présente et n'a jamais présenté aucune espèce d'intérêt à mes yeux — J'écrivais déjà il y a dix ans :
A l’homme véritablement contemplatif, ne suffit-il pas de changer, de temps à autre, l’agencement de ses coussins ?

Dés que je sors, je vois des existences qui s’agitent, ou se fixent, dans le dédale de mensonges et de trahisons qu’est l’existence de l’homme blanc, et j’y perçois, au bout du compte, une forme – dégradée, pervertie, mais une forme quand même – de cette perpétuelle alternance de carnages aveugles et de joies éphémères qui, je le sais à présent, est notre seul avenir.

L’avenir ?… Honnêtement, je me rends compte que je m’en tamponne un peu – l’avenir ne m’intéresse qu’afin de voir mon fils se développer, et de me souvenir. Rien d’autre. En ce qui concerne l’activité humaine, l’idée de futur me laisse complètement froid. On ne me la fera jamais aux lendemains qui chantent – je veux juste davantage de la même chose que le présent. Puisque je suis, selon Odilon, « un roi barbare mérovingien parachuté dans l’occident chrétien démocratique et décadent », ce monde n’est pas le mien. Je dirais même, à mesure que je mûris, qu’il s’en éloigne de plus en plus.
Je n'ai rien à redire au projet Judge Dreddesque de Confinement Perpétuel – on pourrait même me soupçonner de l'avoir inspiré :
Voir des gens m’est intolérable. Ils sont hideux. Les [Français issus de la diversité] ont l’air de singes, et les Blancs ont l’air de [Français issus de la diversité]. Les hommes sont habillés comme des cheminots d’avant-guerre. Les femmes josianisent à qui mieux mieux. C’est désespérant. Gap a tué jusqu’à l’aspect comique des badauds de province.

Je devrais m’aérer – mais pourquoi ? Je sors d’en prendre : plus de trois mois à observer les écureuils dans notre parc sans avoir à subir la pollution humaine qui accompagne ici chacune de mes excursions... Je ne daube pas les écureuils du Bois de Boulogne, notez – ils sont très bien – mais si, en chemin pour leur rendre visite, je croise une seule personne qui réagit en me voyant passer, j’ai la sensation d’avoir donné plus que je n’ai reçu, et ça m’agace.

Mettons que j’aille à l’Aquarium du Trocadéro : j’y suis pour voir nager des poissons rares, et c’est moi que lorgnent tous les visiteurs. C’est ça, quand on est beau. Comme, de mon côté, je ne regarde personne – nil mirari, matière de dandysme –, je me sens floué dans la transaction. Autant m’acheter mon propre poisson, bien multicolore, et le regarder chez moi : je regarderai mon poisson, mon poisson me regardera, nous deviendrons amis, et personne ne gênera nos conversations en essayant d’entendre ce que mon poisson et moi avons à nous dire.

Je pourrai m’habiller à ma guise pour rendre visite à mon poisson, et n’aurai pas à soutenir la silencieuse réprobation des pauvres, qui trouvent qu’« à l’heure où tant de Français, etc. », mes élégances piétinent leur dignité de pauvres. Je pourrai éventuellement aller tout nu voir mon poisson. Le poisson s’en moque. Il n’est pas chrétien. Les chrétiens l’ont pris pour symbole malgré lui. Mais si, en revanche, je sors tout nu, fût-ce pour visiter l’Aquarium du Cap d’Agde, je retourne à la case départ : faire sensation sur mon passage, ce qui, en ce moment, m’exaspère bien davantage que ne m’intéresse le spectacle de poissons en train de nager.

Boire un cocktail à la terrasse de mon café favori me procure un ennui mortel. Je ne vois pas l’intérêt d’être assis au milieu de gens ordinaires qui essaient d’impressionner d’autres gens ordinaires. J'aime autant préparer mon cocktail moi-même, si cela me dispense de ces proximités.

Où que j’aille, je fais sensation, et cela a été le cas toute ma vie. Autrefois, il arrivait qu’on m’émerveillât en retour. Mais depuis que les filles sont choubabes, c’est terminé. Et les vieux ne m’intéressent que quand ils sont des rebouteux limousins illettrés qui ne s'expriment qu'en patois. (Spleen Shumulien, 2011).
Amis chers, la Lecture de ce lundi est le Liber LXV : Liber Cordis Cincti Serpente sub figurâ אדני, chapitre 1, versets 29 à 32.

29. I have found that which could not be found ; I have found a vessel of quicksilver.

Commentaire : Puisque nous parlons kelim : mon plus récent élève, que nous appellerons Enfant-Jeune-des-Grand-Rocs (voir commentaire sur le verset 25), m'a offert, à son arrivée, — par allusion à la célèbre remarque faite par le Maître Therion (qu'il soit béni et vénéré) au chapitre VII de la Deuxième Partie du Liber ABA, — une sublime coupe en verre de Murano, traitée selon la technique vénitienne qui confère à l'objet la capacité de changer de couleur si le breuvage que l'on y verse contient une substance toxique.

Il y a tant de messages codés dans ce pidyon que je renonce à en faire ici l'inventaire.

30. Thou shalt instruct thy servant in his ways, thou shalt speak often with him.

Commentaire : Le Maître Ever, de mémoire bénie, dit de ce verset : < Adepts frequently dislike going down into the filthy mud of matter to instruct that blind creature of slime from which they emerged as butterflies from a cocoon. >

La malédiction est très réelle, qui contraint les Adeptes à systématiquement devoir quitter leur pur lac de montagne pour plonger dans un bidet — Il ne s'agit pas du tout d'une métaphore — J'ai personnellement dû enseigner aux Heathen, neuf années durant, par la méthode armaniste, afin de m'acquitter de la chose.

31. (The scribe looketh upwards and crieth) Amen ! Thou hast spoken it, Lord God !

Commentaire : Amen est la formule magique la plus célèbre et la plus usitée au monde — Elle vient naturellement du nom du "seigneur des trônes du Double Pays", le divin Amoun, de sainte mémoire, qui signifie "le Caché".

En hébreu, elle s'écrit אָמֵן, c'est-à-dire Aleph (l'homme en tant que canal de la Lumière Divine, i.e. la verticalité) + Mem (l'Eau recherchant son niveau, le degré zéro de l'altitude, i.e. l'horizontalité) = Nun (la génération), d'où la traduction "Ainsi soit-il !", i.e. "Que cela soit !"

Guématrie : 91, qui est le Nombre Mystique de 13, Achad אֶחָד.

Temurah : מנא la Manne : ce qui ne tombe pas tout cuit du Ciel n'a aucune valeur.

Notarikon : Al Melekh Neheman : "DIEU est un roi en qui l'on peut avoir confiance".

32. Further Adonai spake unto V.V.V.V.V. and said...

Commentaire : De même que l'hiéronyme Perdurabo désigne l'Elève archétypal, VVVVV désigne le Maître archétypal.

Pour ce qui est de l'Elève, nous avons vu, au verset 28, que "le Juste, dans la voie du Cœur, est le Jeune Fou qui écoute son Maître en écolier attentif".

Mais quid du Maître ?

Lao-Tseu, premier entre les Mages, définit ainsi les Maîtres parfaits des Temps Anciens : < Ils étaient attentifs ! > (Tao Te King, 15)

Même chose donc ! C'est pourquoi le Livre du Cœur Ceint d'un Serpent décrit, en tout premier lieu (Cordis 1, 2 puis 32), le Maître du Temple idéal comme celui à qui DIEU parle, c'est-à-dire celui qui écoute.

Love is the law, love under will.

- ☉︎ in 20° ♒︎ : ☽︎ in 11° ♑︎ : ☽︎ : Ⅴⅴⅰ.