dimanche 21 février 2021

Quand je serai grand, je tuerai des vieux

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Ce matin, la Soror Caroline, — impeccable fusion de Wendy Darling, de Tinker Bell et de Tiger Lily, donc Idéal incarné (et quelle carnation !) de votre Peter, — a officié comme Prêtresse.


Grâce à DIEU, "belle-mais-intimidante" est synonyme, chez moi, de "divinement sexy" et ce fut une Messe inoubliable.

Amis chers, la Lecture de ce dimanche est le Liber LXV : Liber Cordis Cincti Serpente sub figurâ אדני, chapitre 2, versets 12 à 15.

12. Also it came to pass, that thereby she sickened, and corrupted before me. Almost I cast myself into the stream.

Commentaire : L'éternel problème des années qui s'entassent sur les idéaux de notre enfance évoque celui de la mise à l'écrit, donc, ultimement, du Registre Magique.

C'est l'avertissement du divin Tahuti, de sainte mémoire : en l'absence de Scribe, il suffit aux répugnants bidasses romains de tuer systématiquement tous les druides pour transformer le peuple des Gaules en une masse de "tribus sans noms".

Qui sait si le Celtisme n'eût pas victorieusement fait pièce à l'erreur chrétienne, — à travers une mue osirienne, puis une mue horienne, — s'il avait disposé d'une tradition scripturale ?

Le Wotanisme, en revanche, peut être réveillé n'importe quand, — et a même très symboliquement investi le Capitole lors de la Nuit des Rois, — parce que Sæmundr Sigfússon, puis Snorri, ont pris sur eux de compiler les Textes après la destruction du Temple d'Uppsala.

Le monde n'a été créé que pour moi — Donc, l'enracinement spirituel hérité de "lorsque le monde était jeune" est l'ensemble des idéaux de mon enfance — Ceux-ci sont < the blood of the heart that beareth me, that beareth me > (Cordis 2, 15) et donnent son impulsion et son sens à mon parcours — En Thelema, le Recueil sacré de Chants mythiques dont chaque Magicien doit constamment se nourrir et approfondir l'exégèse est son propre Registre.

13. Then at the end appointed her body was whiter than the milk of the stars, and her lips red and warm as the sunset, and her life of a white heat like the heat of the midmost sun.

Commentaire : De ce verset, le Maître Therion (qu'il soit béni et vénéré) dit:
His ideal appears in its true form, a living woman instead of a dead image of gold. He substance is now purer than starlight itself; her lips -- the instruments of her speech and her caresses -- are full of life and warmth as the sunset -- i.e., they promise repose, love and Beauty (Hathor, goddess of the West). She is alive with the pure energy of the centre of the system to which the Aspirant belongs; i.e., she is the realization of the creative idea of which he has till now been only one part.
Notre erreur éternelle, à tous les niveaux, est, pour échapper à ce qui grouille dans les carcérales ténèbres chrétiennes, de vouloir retourner à l'Aeon d'Isis (opération impossible, comme l'explique admirablement Marcus Eli Ravage : "Vous n’êtes jamais devenus christianisés... mais nous avons détruit pour toujours le plaisir du paganisme en vous"), au lieu qu'il faut, bien au contraire, faire accomplir sa mue horienne, c'est-à-dire sa sortie au soleil, à ce qui a été semé sous Isis et qu'a couvé l'hiver chrétien.

Chacun son rosebud, amis, mais que nul ne s'avise de déserter, tel un boomer, face au reset : < Despise also all cowards; professional soldiers who dare not fight, but play. > (AL 3, 57)

J'écrivais en 2010 :
Je suis en pleine croissance.

A cinq ans, je répondais aux parents âgés qui me demandaient ce que je voulais faire plus tard : « Quand je serai grand, je tuerai des vieux. »

Ils faisaient semblant d’avoir mal compris : « Ah ! Tu veux faire l’ENA ?... C’est bien, c’est très bien… »

Les vieux !!! – comme s’ils ne pouvaient pas être jeunes ! – je ne parviens toujours pas à m’imaginer vieillissant… Que faire au juste pour vieillir avec grâce ?... je suis un dionysiaque intégral et, tôt ou tard, Dionysos devient Silène… peu m’importe, d’ailleurs, de finir sous la forme d’un ivrogne pansu… ce qui compte, ici bas, c’est l’exubérance à tous les plans… Si je suis incapable de m’adapter à mon époque, c’est que je vois l’univers comme un genre de danse extatique… sensuelle… colorée… le film que tournerait Michael Ninn si Gustave Moreau était son directeur de la photographie… alors que mes contemporains le voient comme un kolkhoze albanais.

Être en pleine croissance a ses avantages.

Au lieu de se plaindre que l’on a passé les plus belles années de son existence à commettre des impairs et des fautes de jugement, on se réjouit des leçons acquises. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait : par conséquent, rester un peu naïf est s’assurer de ne jamais vieillir. J’ai développé un tas d’astuces pour conserver ma naïveté, et ne jamais courir le risque d’être TROP malin – c’est à dire vieux – d’où mon extraordinaire capacité à devenir sans cesse plus malin dans certains domaines – les domaines qui comptent – et à demeurer parfaitement ignorant du reste.

Par exemple : je deviens chaque jour plus savant au sujet des humains et de leur mode de fonctionnement. J’ai des années de rétrospective où puiser des comparaisons. Si je scrute les êtres et les évènements qui meublent mon passé, j’aperçois sans cesse des détails nouveaux. Je ne referai pas la plupart de mes erreurs. C’est d’ailleurs une jouissance inouïe que de voir l’histoire se répéter, et d’être capable, ce coup-ci, de dire : « Non. »

Les heures que j’ai perdues, pour des gens ou des causes qui étaient sans valeur, font que je m’abstiens, la plupart du temps, d’investir dans les situations analogues. Après tant d'années de croissance, presque tous les nouveaux cas présentent des similitudes avec un cas antérieur, ce qui me permet de répondre : « Non merci, pas pour moi, car c’était la leçon numéro 58. »

Rien ne change jamais, hormis les noms, la date et le lieu. Les situations sont toujours les mêmes. Lorsqu’on a saisi ce principe, et pour peu qu’on en tire des conclusions pratiques, il y a eu croissance. On refuse de perdre un temps qui s’amenuise à des jeux qui n’ont plus d’intérêt. Les évènements présents sont vus comme des évènements passés, mais sans conséquence. En fait, leur prévisibilité nous dispense d’éprouver la moindre inquiétude à leur sujet, et nous pouvons garder notre concentration intacte en vue des vraies surprises que la vie nous réserve – tant il est vrai que la seule certitude ici-bas est l’inattendu.

Ceci pour dire que je ne regrette rien, et considère chaque évènement de ma vie, si pénible qu’il ait pu être, comme un genre d’exercice de muscu spécifique – comme un phénomène lié à ma croissance.
14. Then rose she up from the abyss of Ages of Sleep, and her body embraced me. Altogether I melted into her beauty and was glad.

Commentaire : Le propre du Heathen est de n'aspirer qu'au sommeil — Au plan blanc, il se réfugie dans un athéisme de PMU — Au plan rouge, ils n'a d'activité sexuelle que pour se soulager — Au plan noir : "vivement ce soir qu'on se couche".

Or la Magie (et le souvenir de nos Hud les plus intenses, de nos plus belles amours, de nos fêtes les plus réussies) nous enseigne que lorsque une personne est véritablement heureuse, elle n'a physiquement plus besoin de dormir.

(Je n'ai jamais su quand feu mon vénéré Maître dans l'A∴A∴ dormait, ni, en fait, s'il lui arrivait de dormir — je sais seulement qu'il considérait Resh Khephra comme simultanément la fin de sa journée et le début de la journée suivante et que, puisque il le faisait à la Minuit véritable, i.e. six heures après la sortie des étoiles, c'était à vingt-trois heures en hiver et à quatre heures du matin en été.)

15. The river also became the river of Amrit, and the little boat was the chariot of the flesh, and the sails thereof the blood of the heart that beareth me, that beareth me.

Commentaire : Dans un très admirable texte, intitulé French as F@*k, j'ai autrefois narré l'anecdote suivante :
Un soir d’août, dans le Midi, après avoir passé soixante-douze heures sans dormir, [Fix et moi] prenions le frais avachis sur un banc. De ce poste, nous avions vue sur un jardin, dans lequel une famille charmante commençait à dîner : un patriarche très patriarcale, deux jeunes filles en Cyrillus, une maman de style Caroline Ingals, le tout consommant du melon au porto.

Cette scène nous bouleversa. L’aimable simplicité de mœurs, la paix, le bonheur tranquille de ces gens, tout cela fit éclore de violentes nostalgies dans nos cœurs de vieux rompus. Je me souviens avoir senti quelque chose comme une larme trembler au coin de mes beaux cils.

Fix était dans le même état.

- Écoute, lui dis-je, nous sommes idiots de nous lamenter. Tout ce que nous avons à faire, c’est demander les deux filles en mariage, et voilà…

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Nous fûmes un peu longs à trouver la porte, et plus encore la sonnette. Le père vint finalement nous ouvrir. Je me nommai, et lui déclarai avoir l’honneur de demander, pour moi et mon ami François-Xavier, la main de chacune de ses filles.

Sans doute le digne homme se méprit-il sur nos intentions, car il nous répondit par un flot d’invectives, où les termes « poivrots », « voyous » et « branleurs » revenaient avec une pénible fréquence.

- Votre refus, monsieur, ne perdrait rien à être formulé en termes moins grossiers, articulai-je de mon mieux, alors que nous nous retirions.

C'était le bon temps.
J'ai redis cette histoire au cours des Agapes, et commenté : "L'humour potache participe de Cordis 2, 15, parce qu'ayant été conçu comme antidote à l'endoctrinement scolaire, il est Hadit exorcisant l'illusion du Banal et défonçant la Restriction.

"Du coup par sa drôlerie non-sens, son amoralité totale, son leaping laughter (AL 2, 20), il infuse, entre les dents de la médiocrité qui, lentement, se referment sur l'élève, la force, la fantaisie et le feu (Tzaddi, 21) qui transfigurent et absolvent tout.

"C'est le Mystère du 1er-Avril, ou celui du Beaujolais nouveau, constamment célébrés (même la cruauté des blagues a cette fonction : lorsque je persécute le malheureux El Gringo ou l'infortuné Coincoin, a.k.a Walking Blowjob, j'intègre deux ersatz, absolument dépourvus d'intérêt, dans l'Universal Joke elle-même — c'est alchimique.)

"Ainsi, de l'école de la République, nous ne retiendrons pas que les plus belles heures de notre vie y furent irrémédiablement gâchées en indigeste bourrage de crâne, mais seulement que nous avons bien ri.

"Or le rire est le Divin Lui-même Se manifestant dans la ruach — Le grand Pan, de sainte mémoire, nous enseigne que ce qui terrifie le lambda fait rire les dieux innocents : ça vaut pour les bébés cornus comme pour l'Education nationale."

Love is the law, love under will.
- ☉︎ in 3° ♓︎ : ☽︎ in 22° ♊︎ : ☉︎ : Ⅴⅴⅰ.

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