lundi 7 juin 2021

Æthyr 14 : Monstres Bizarres

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

C'est le trente-huitième des Beaux Jours et l'on vient de me reprocher, pour la 85467ème fois cette semaine, mon "égo surdimensionné".

J'ai répondu "tout chez moi est dans ces proportions" — et je sens que c'est un peu gênant pour un commentateur des disciplines initiatiques, lesquelles tendent essentiellement à la suppression ou, du moins, à l'extrême relativisation de l'égo en question (ce qui, certes ! fait beaucoup de mots en ion et me rappelle un merveilleux rêve où je faisais agressivement l'amour à une créature alien qui avait le pouvoir de prendre systématiquement l'apparence de la personne à laquelle pensait son partenaire : je la métamorphosais successivement en Michelle Rodriguez, Jennifer Lopez et Selena Gomez, avant de me dire "trop de rimes en ez" et de la changer en Emily Ratajkowski.)

Parlant de monstres bizarres, la Lecture de ce lundi est le Liber XXX Aerum vel Saeculi sub figvrâ CCCCXVIII, Æthyr 14, qui est, comme chacun sait, un ahurissant bestiaire (boucs, dragons, taureaux, basiliques, scorpions, etc.) particulièrement dark en fait d'imagerie — Cet Aethyr est carrément gothique, bien que peuplé d'anges : cet Aethyr est la cathédrale de Reims.

Or, on m'a demandé récemment pourquoi tant de jeune Goths acceptent la Loi, si radicalement opposée à leur vision lugubre de l'existence, leur "tristesse basse et couarde", comme dirait Montaigne 
— et vous savez comment le Livre de la Loi nous enjoint de traiter les bas (AL 2, 24) et les couards (AL 3, 57)...

J'ai répondu :

- M'est avis que c'est une question d'âge : les adolescents viennent à Thelema pour le wickedest man in the world et les fresques de la Chambre des Cauchemars... La répulsion est stimulante quand on a quatorze ans, genre: "Eurk.. regarde sa tronche !"

- Vous voulez dire comme Ozzy Osbourne ?

- Je veux même dire comme Michael Jackson.

C'est justement la Loi de Thélème qui rend impossible l'existence d'un Thélémite-type, et Jay-Z m'a surpris autant que vous.

Thelema, c'est faire de sa vie une œuvre d'art : < Be not animal; refine thy rapture ! If thou drink, drink by the eight and ninety rules of art : if thou love, exceed by delicacy; and if thou do aught joyous, let there be subtlety therein ! >, comme il est écrit (AL 2, 70) — or, nous avons déjà défini l'Art.

Si vous considérez chaque petite chose que vous faites comme un projet artistique, vous rendez votre banquier et votre épouse complètement fous, mais vous transcendez l'apparente contradiction entre Jay-Z et Marylin Manson — Il ne s'agit pas seulement d'être grandiose en tout et d'attirer les regards, mais plutôt de faire de votre existence en général un exercice de survie avec panache — Rappelez-vous que Sir Aleister, champion d'alpinisme, faisait porter par ses coolies des dizaines de caisses de champagne durant ses ascensions des sommets de l'Himalaya. Il faut survivre avec panache ! C'est, précisément, ce qui nous distingue des animaux. Les animaux survivent.

Dès lors, < the Law is for all ! > (AL 1, 34) et il n'y a plus rien de paradoxal à ce qu'un fan de Death in June hâve et pâle et tout de noir vêtu prenne sur lui la Loi de Thélème.

Je veux dire : le principe de base dont Lao-Tseu, Mage primordial, ne veut pas démordre, se résume à : le binaire, c'est pour les abrutis et les sectateurs New Age.

Bien sûr, vous et moi savons que les sectateurs New Age sont juste des encore-plus-beta-males que les fans de Death in June et espèrent atténuer la douleur du râteau en offrant la botte par une formule du genre : "Veux-tu faire l'hermaphrodite avec moi ?..." prononcée "d'une voix doucereuse, toujours doucereuse", comme dit Jacqueline Kelen, de qui je suis raide dingue amoureux depuis son livre sur Marie-Madeleine, dont je regrette qu'elle ait cru devoir changer le sous-titre, — Prostituée Sacrée, — en Un Amour Infini : tu penses à Marjorie Cameron et c'est Isabelle Boulay qui débarque...

Mais eh ! j'ai bien compris que c'est aussi abolition du binaire : Nuit et Babalon sont sœurs (AL 1, 53) et l'hétaïre dont le sex appeal réveillerait un mort le dimanche de Pâques a le même prénom que la Vierge Noire dont l'Icône enflamme la dévotion de Raspoutine sur le Maître-Autel : c'est tout le sens de la Messe Gnostique et je la célèbre chaque dimanche.

En plus, le prénom concerné cesse d'être < un blasphème contre Babalon > en devenant sexy car indissociable des femmes hispaniques en général et de ma belle-mère en particulier, dont le nom ne rime pas en ez, mais en ia.

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Belle journée à tous.

Love is the law, love under will.


- ☉︎ in 16° ♊︎ : ☽︎ in 13° ♉︎ : ☽︎ : Ⅴⅴⅰⅰ.

3 commentaires:

  1. Texte lumineux!J'adore!

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  2. Un jour Sir je vais trouver l'adresse de votre belle-mère et vous faire chanter en vous menaçant de lui relayer tous les textes où vous parlez d'elle 😘

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  3. - Vous voulez dire comme Ozzy Osbourne ?

    - Je veux même dire comme Michael Jackson !

    Ahahah

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