dimanche 13 juin 2021

Canicule

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

C'est l'aube du quarante-quatrième des Beaux Jours, où nous faisons mémoire du saint roi Louis II de Bavière, avatar de Lohengrin et rêveur de châteaux impossibles, qui rejoignit son père Parzival le dimanche 13 juin 1886 — Un monarque post-révolution industrielle dont les trains avaient tous leurs wagons décorés à l'or fin ne peut pas avoir été complètement mauvais.

Amis chers, la Lecture du présent jour est le
Liber Liberi vel Lapidis Lazuli Adumbratio Kabbalæ Ægyptorium sub figurâ VII, chapitre 3, versets 24 à 27.

24. Come ! let us irritate the vessels of the earth : they shall distil strange wine.

Commentaire : Frater Orpheus dit de ce verset : < The arousal of the Penis and the quality of the semen that is ejaculated. Cf. Crowley's diaries and his sexual magick experiments. >

Sex Magick ! Les grands mots sont, si j'ose dire, lâchés !

Je me souviens d'avoir écrit :
Ne prenez pas cet histoire d'hypostase de Wotan trop au sérieux : si j'étais le plus grand des Magiciens, la moitié d'entre vous seriez des filles et les autres des bouteilles de Dom Pérignon...
Nos goûts conditionnent nos désirs qui conditionnent les modifications que nous apportons au monde phénoménal — Je veux dire : c'est dommage que vous soyez un ratiocineur de choc, aussi érotisant qu'un concert d'Everything But The Girl dans les années 80 : Le Désir est le moteur essentiel de notre psychisme. En d'autres termes, ce qui fait durcir votre queue (ou mouiller votre con) est a priori ce qui vous est destiné (et vice versa : efforce-toi de bander pour ce que tu dois accomplir et tu réussiras de miraculeuse manière : c'est la base de toute la Magie Sexuelle — et la raison du lien entre libido et procréation, le seul devoir d'un être vivant étant de préserver et perpétuer son espèce). De là, on déduit, d'une part, que votre passion pour les hentaï de tentacle porn n'est pas spécialement de bon augure et, d'autre part, qu'il faut m'introniser roi de Colombie, puisque c'est de Colombie que viennent la cocaïne, Shakira, Esperanza Gomez et Sofia Vergara. Mais aussi, que chacun doit, un jour ou l'autre, se résoudre à faire ce qu'il aime — ou, à défaut, à aimer ce qu'il fait.

25. It grows under my hand : it shall cover the whole heaven.

Commentaire : Frater Orpheus dit de ce verset : < The masturbation of Khephra, which put the stars and the gods in the night sky > et Soror J affirme n'avoir jamais pu sérieusement méditer ce verset parce qu'il lui rappelle trop une onaniste mésaventure à moi advenue jadis, et ainsi relatée, il y douze ans, dans un texte intitulé Cour secrète des Roués :
- La dernière fois que je me suis masturbé dans un cyber-café, ça a mal fini...

- Essaie les sex-shops, il y a des cabines...

- Oh, ça n'a rien à voir... Je déambulais sur You Tube... Je tombe sur un clip extraordinairement sexy...

- Encore Mariah Carey ?!

- Non, Kylie Minogue... Can't get you out of my Head ... Ce clip détermine chez moi une érection immédiate, maximale, douloureuse... Que faire ?... Impossible de marcher jusqu'à la sortie, ou alors au pas de l'oie, et même : on croira que je tente de voler un parapluie, ou quelque chose comme ça... Or je raidis toujours, et me sens au bord de la nécrose des tissus... Une seule solution : un coup de poignet, ni vu, ni connu, dans la poche et, comme on dit, tout pour le pressing... Bon. Je repasse le clip, et commence l'opération avec la discrétion qu'impose un cyber-café surbondé... Seulement, voilà : l'orgasme qui monte s'annonce énorme... dévastateur... in-vrai-sem-blable... Je m'apprête, en somme, toujours impassible, à prendre le pied de ma vie... tout en redoutant que la violence de la chose ne troue mon pantalon... puis balaie toute la clientèle du café, tel un karsher géant... puis couche les pylônes et les abribus dans la rue... L'"apnée annonciatrice" s'enclenche... la pression monte... monte... prodigieuse... et, à l'instant précis du pic orgasmique — j'insiste : à l'instant précis où je touche au bonheur — le clip finit, la playlist enchaîne et Alain Souchon surgit sur mon écran.
26. Thou art behind me : I scream with a mad joy.

Commentaire : Au lieu de projeter vos daddy issues sur une vision fantasmée du XI°, rappelez-vous, si vous êtes païen, que les Romains se scandalisaient de ce que les Gaulois sodomisassent leurs femmes ; si vous êtes juif, qu'aucun commentateur du Talmud n'interdit de sodomiser son épouse ; si vous êtes chrétien, que le pape Sixte Quint a déclaré la sodomie licite par temps de canicule.

27. Then said Ithuriel the strong; let Us also worship this invisible marvel !

Commentaire : Le nom d'Ithuriel signifie "Découverte de DIEU" et cet ange nous est ici présenté comme "le fort".

En d'autres termes, le recours à la force, i.e. au colletage de soi avec le monde matériel dans ce qu'il a de pénible, est ce qui permet la découverte de DIEU. C'est une lecture kung fu de l'Initiation : commence par souffrir énormément et casser des briques avec ta tête, l'Illumination viendra par surcroît.

C'est tout le sens de nos tribulations terrestres, comme il est écrit : < to me come ye through tribulation of ordeal. > (AL 3, 62)

S’il y a bien une chose que je déplore dans ce qui nous tient lieu d’époque, c’est l’apostolat de l’opprimé. J’écrivais à ce sujet: 
La parenthèse chrétienne est refermée, dites-vous ? Mais le culte des victimes n’a jamais été si florissant ! L’apostolat de l’opprimé ! Si tout le monde échoue, c’est à cause d’un tort subi dans le passé. C’est la faute de quelqu’un d’autre. Toujours la faute de quelqu’un d’autre. Une négligence, une violence, un abus sexuel. Un père, une mère, des parents ivrognes. Des fréquentations déplorables. Issu d’un peuple qui a beaucoup souffert. Gay en proie à la discrimination. Emo incompris. Enfant martyr. Echec scolaire. Traumatisé. Tout le monde est une victime. C’est toujours la faute de quelqu’un d’autre. Faire un procès au médecin. Faire un procès à l’enseignant. Faire un procès au patron. Faire un procès à l’entreprise. Faire un procès aux parents. (La Chasse Sauvage, 2012) 
Tout traumatisme nous est offert pour que nous le sublimions en impulsion créative. Je ne parle évidemment pas ici de Christine Angot bassinant le monde avec le viol subi dans son enfance (au lieu d’être simplement reconnaissante de ce que son père lui ait prêté un peu d'attention en dépit de la totale absence d’attrait de sa personne physique) — Je parle de tous les artistes véritables qui ont su puiser dans leurs blessures psycho-affectives le stimulus fondateur d'une œuvre intéressante — tant il est vrai qu’un challenge fait systématiquement ressortir ce qu’il y a de meilleur dans l’homme.

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Beau dimanche à tous.

Love is the law, love under will.


- ☉︎ in 22° ♊︎ : ☽︎ in 25° ♋︎ : ☉︎ : Ⅴⅴⅰⅰ.

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