dimanche 5 mars 2023

Suite 31 (& des poussières)


Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Je suis tout jovial et guilleret, parce que je viens de recevoir des nouvelles de mon cher vieil ami FD, avec lequel j'étais brouillé depuis dix ans !

Telle est l’inconséquence humaine, et notre sensibilité aux conditionnements, que j’avais, à l'époque, classé ce garçon (l’un des êtres les plus brillants que j’aie connu) dans la catégorie « fâcheux à proscrire », simplement parce qu’il m’avait téléphoné au mauvais moment

J’étais occupé avec une amie, ou, pour être tout à fait précis, une amie était occupée avec moi, pendant que j’attendais un coup de fil important. 

FD – étudiant en science, piqué de dandysme et garçon charmant – ne pouvait donc pas tomber plus mal lorsqu'il m'appela. 

Bien sûr, il préfèrerait que je le trouve « luciférien » ou « fascinant » plutôt que « charmant », mais c’est parce que plus personne ne connait le sens du mot « charmant » – je me ferai mieux comprendre en disant que je n’ai pas trouvé charmante son obstination téléphonique à vouloir que je le rejoigne chez des amis férus d’Histoire, qui discutaient du baron von Ungern-Sternberg – figure admirable, mais bien moins que celle de la pénitente agenouillée devant moi et dont, depuis mon fauteuil, je recevais la doléance. 

« Oui… Non, là je suis très occupé… Je… ça va être difficile… Non, ce n’est pas possible pour l’instant… J’ai des impératifs, c’est compliqué… Vraiment non, j’ai un truc hyper-important à faire… », et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’à bout de patience, je m’écrie : « Oh et merde ! » et lui raccroche au nez. 

J'ai toujours mis mes passions au-dessus de mes principes, et crois qu'il faut savoir dire « Oh et merde ! » aux conventions sociales, aux contraintes de l’étiquette et aux considérations matérielles (« les trois cons », mnémonique) lorsqu’il s’agit de mes plaisirs.

[Vous ai-je raconté la fois où, en 2010, j'ai, à cause de ce penchant, lamentablement sabordé un séjour prometteur à Los Angeles ? 

Mon Epouse avait jugé fort piquant d’exiger de moi l’hommage sexuel à l’instant précis de mon départ. 

J’opposai une résistance de principe, – évoquant mon billet d’avion, ma réservation d’hôtel, les amis d’outre-Atlantique qui avaient prévu de m’attendre à l’arrivée, – elle n’en voulut pas, si j’ose dire, démordre, et sut finalement me persuader... 

Mon avion s'envola sans moi, le Château Marmont donna ma suite à quelqu’un d’autre et mes amis me laissèrent, le lendemain, me débrouiller tout seul à LAX. 

Méfiez-vous toujours de la trouble volupté que l’on éprouve à sacrifier une opportunité cruciale sur l’autel de Babalon : car la déesse accepte généralement l’offrande…]

Mais enfin,  je suis bien heureux de ces retrouvailles.


56. Nay, Lord ! but I am come to Thee. It is I that wait at last.

Commentaire : Il faut savoir quand passer en mode "réception" sans perdre son Chesed : en pratique, donner généreusement, mais non jusqu'à se nuire.

J'avais, autrefois, l'habitude d'illustrer ce Conseil par l'exemple suivant : 

En fait de reprises, de ruptures de lances, le record absolu de toute mon existence est à sept, et je jalouse terriblement César Borgia qui en offrit neuf à Jeanne d’Albret lors de leur nuit de noce. (Je m’empresse d’ailleurs d’ajouter que, dans mon cas, il y en aurait eu une huitième si ma partenaire n’avait mis les pouces.) 

Or, il a existé en Chine un supplice particulièrement cruel, auquel officiaient des hétaïres spéciales, et qui consistait à faire atteindre à un homme, par fellation, neuf orgasmes très rapprochés – les trois premiers par simple savoir-faire, les trois suivants grâce à la science des fameux « points d’énergie », les trois derniers en déclenchant, au moyen de cette même science, un priapisme définitif. 

Le condamné passait de la volupté à la douleur, de la douleur à la nécrose, de la nécrose à l’hémorragie – la neuvième fois, la succion faisait céder l’artère… 

C’est, comme tout ce que font les Niaks, d’une grande portée philosophique : dans tous les domaines, donnez généreusement, mais non jusqu’à vous nuire.

It is I that wait at last : Cela dit, trop attendre est toujours une erreur.

L’Idéal est souvent un fantasme qui nous barre le chemin – comme lorsque votre téléphone sonne sans arrêt, mais qu’il est introuvable. 

Ne perdez pas à des chimères l’énergie qui, correctement canalisée, doit vous apporter des récompenses tangibles et tout à fait juteuses. 

57. The prophet cried against the mountain ; come thou hither, that I may speak with thee !

Commentaire : C'est là un trait caractéristique de l'homme occidental : croire vaguement qu'il peut changer l'ordre des choses en criant dessus. 

"Chacun est libre de choisir son genre sexuel !!!"

"Il n'y a qu'une race, la race humaine !!!"

"L'obésité ne nuit pas à la santé : healthy in all size !!!"

"Les femmes trans sont des femmes !!!"

Etc.

58. The mountain stirred not. Therefore went the prophet unto the mountain, and spake unto it. But the feet of the prophet were weary, and the mountain heard not his voice.

Commentaire : 
Avez-vous mené une lutte stérile pour changer certaine situation stagnante qui résiste à vos efforts ?

Y a-t-il une porte sur laquelle vous tambourinez en vain ?

Cessez de gaspiller votre énergie à vouloir changer des lois éternelles et atteindre des gens inaccessibles. Travaillez plutôt à mettre les dernières touches à la beauté inachevé de votre être propre – tant il est vrai que nul ne peut changer le monde qu’il ne se soit d’abord changé lui-même, de fond en comble.

59. But I have called unto Thee, and I have journeyed unto Thee, and it availed me not.

Commentaire : L'existence incarnée se résume à 
la découverte et l’exploration d’un énorme territoire inconnu. 

Voyez : Il n’existe plus au monde qu’un seul territoire authentiquement vierge : le cœur de l’Amazonie. 

C’est une forêt impénétrable, grande comme huit fois la France et dont les trois quarts restent inconnus. 

Comme le disait l’un de nos plus éminents biologistes au sujet du fameux enfer vert : « Tout est possible ici. Il peut y avoir n’importe quoi dans cette mer végétale. Des races d’animaux préhistoriques qui auraient survécu dans cette terre cosmique ? Et pourquoi pas ? Nous ne savons absolument pas ce qu’il y a dedans. » 

Considérez l’Amazonie comme une icône métaphorique de la tâche qui vous incombe ici-bas.  

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Beau dimanche à tous.

Love is the law, love under will.

☉︎ in 14° ♓︎ : ☽︎ in 22° ♌︎ : ☉︎ : Ⅴⅴⅰⅰⅰ.





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