mercredi 22 mai 2024

Mighty Spell

A David-Louis.

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall  be the whole of the Law.

L’amour soumis à la volonté, — ou amour selon la volonté, ainsi que l’on traduit parfois love under will aujourd’hui, — procédant du prince-prêtre, ne connaît pas plus de frontières physiques que la surabondante coupe qui perpétuellement déborde au sommet de la fontaine de champagne.

Aucun mur de prison, aucun bulletin météo angoissant, aucune foule de villageois massés aux grilles du château et brandissant fourches et torches en criant : « Au bûcher, le gourou charismatique, intéressé seulement par le pouvoir, le sexe et l’argent ! », ne peut empêcher l’amour du prince-prêtre d’atteindre ceux qui lui font allégeance.

Je serai toujours auprès de chacun d’entre vous, main sur votre épaule, à vous conférer LawLiberty, Life, Love et Light — ainsi que santé éclatante, bonheur insolent et prospérité totalement scandaleuse !

Amis chers, la Lecture sainte de ce mercredi, 778ème jour de notre Exil, est le Liber Liberi vel Lapidis Lazuli Adumbratio Kabbalæ Ægyptorium sub figurâ VII, chapitre 1, versets 52 à 55.

52. Io Pan ! Io Pan ! I love Thee. I love Thee.

Commentaire
 « Votre billet Cour Secrète des Roués est le plus grand hommage rendu à Pan depuis l'Hymne Homérique qui lui est consacré. » — Frater Y. à Sir Shumule, vendredi 1er janvier 2021.

53. O my God, spare me !

Commentaire : Le seigneur Ra-hoor-khuit nous ordonne, au contraire : < spare not ! > (AL 3, 18)

N’épargnez rien ni personne.

Intellectuels woke overeducated et détenus gitans sortis droit des poubelles ne se permettent une certaine arrogance que lorsqu’ils savent que les conventions sociales et le personnel pénitentiaire ne vous autorisent pas à leur fendre le crâne — c’est-à-dire vous obligent à les épargner.

Or il y a toujours un moment où il faut tuer quelqu’un. Toujours. Et malheur à qui continue de vivre après avoir raté ce coche !

Spare not !

Voyez ! Une de mes amies est exceptionnellement parano sur le respect mêlé de crainte qu’il convient, selon elle, de témoigner aux défunts. 

Une nuit que plusieurs histoires de revenants nous avaient mis dans le mood (comme tous les châtelains, j’en ai des wagons), je déclarai que je n’aurais pas le moindre scrupule à tuer quiconque se tient entre moi et mon thélème

Elle s’écria : «  Alors, les morts viendront forcément se venger !… tu n’y couperas pas !... c’est obligatoire !… » 

– « Eh bien, répliquai-je, dans ce cas, je continuerai à les tuer jusqu’à ce qu’ils restent morts ! » 

54. Now ! It is done ! Death.

Commentaire : Il me semble que It is done fut la dernière parole du miteux esclave rampant que la vermine chrétienne révère…

A ce sujet : Ma chère amie Prudence, reine du Questionnaire « de Proust », me dit qu’aussi spirituelles que soient ses victimes, celles-ci donnent toujours des signes de malaise au moment de la question « Comment aimeriez-vous mourir ? »

« Généralement, le sujet s’en sort par un rire jaune, un mot d’esprit ou un lieu commun, sans cesser de gigoter… Marrant… »

Elle ne fait d’exception que pour moi, qui lui ai répondu : « L’épectase : celle du Régent, du président Félix Faure et du cardinal Daniélou. Ou la mort de vieillesse, à 165 ans, tendrement choyé par mes proches. Ou mourir d’épectase à 165 ans parce qu’une de mes proches m'a choyé un peu trop tendrement.… »

Ne trouvez-vous pas étrange que la méditation de la mort nous soit aussi désagréable, alors que notre trépas final est la seule certitude absolue que nous ayons ici-bas ? (Raison pour laquelle je ne refuse jamais une aventure, si risquée soit-elle… je ne crains pas que cela finisse mal puisque, de toute façon, nous finissons mal…)

Parlons mort.

Je n’arrive pas à prendre « la Camarde » au sérieux. Elle n’a rien, selon moi, de la Treizième Lame du Tarot : elle n’est pas glauque — ni marécageuse — ni un squelette hyper mal fringué trimballant des outils agricoles.

La seule chose qui m’intrigue, chez les morts célèbres, c’est leur « mot de la fin ».  

Que Napoléon rende l’âme en disant : « Mon fils à la tête de l’armée », rien de plus naturel – mais où Piron est-il allé chercher son fameux : « Je m’en vais ou je m’en vas, l’un et l’autre se dit ou l’un et l’autre se disent » ?... Un tel hommage à notre grammaire, dans un moment pareil !... ça me rappelle Beauzée, le martyr de l’imparfait du subjonctif, qui, trouvant sa femme au lit avec un professeur d’allemand, et entendant celui-ci balbutier : « Je vous l’avais bien dit, madame, qu’il fallait que je m’en aille… », répliqua sèchement : « Que je m’en allasse, monsieur ! »

Bref ! Voici l’ultima verba d’un panel d'illustres mourants. Dites-moi ce que vous en pensez.

Toulouse-Lautrec : « Maman… rien que toi ! »

Chamfort : « Je vais faire semblant de ne pas mourir. »

Edward Thurlow : « Que je sois pendu si je ne suis pas entrain de mourir ! »

Goethe : « Mehr Licht !... Mehr Licht !... »

Chopin : « Maintenant, je suis à la source du bonheur. »

Musset : « Dormir, enfin ! Je vais dormir ! »

Berlioz : « Quel talent je vais avoir demain ! Enfin, on va jouer ma musique ! »

Victor Hugo : « C’est ici le combat du jour et de la nuit ! Allons ! Il est temps que je désemplisse le monde ! »

Villiers de l’Isle d’Adam : « Eh bien ! je m’en souviendrai de cette planète ! »

Oscar Wilde : « Si la vie avait une seconde édition, comme j’en corrigerais les épreuves ! »

Voltaire : « Je m’arrêterais de mourir, s’il me venait un bon mot ou une bonne idée… »

Georges Clémenceau, désignant un curé qui arrivait : « Enlevez-moi ça ! »

Rabelais : « Tirez le rideau, la farce est terminée ! »

Pour la bonne bouche, les deux terribles mots de personnages qui sont surtout connus pour les avoir prononcés :

« Mais je ne peux pas mourir ! Je suis l’homme le plus riche d’Europe ! » (Rizzoli, industriel) 

« J’ai 30000 livres de rente, et je meurs ! » (Philippe Desportes)

Enfin, le plus beau de tous :

« Quel artiste périt avec moi ! » - Néron.

Je soupçonne certains hommes de lettres d’avoir rédigé leurs dernières paroles à l’avance… du coup, je me suis attelé à trouver les miennes – en vain : je suis si peu funèbre que l’inspiration m’a déserté… j’ai bien pensé au jeu de mots vaseux « je ne fais que passer », mais on m’a affirmé que c’était déjà pris… sans compter qu’un « mot de la fin » nécessite une mort bourgeoise, popote… il est plus difficile d’obtenir l’attention de son entourage lors d'un crash en avion… tout au plus pourrai-je glisser à ma voisine, pendant que l’appareil plonge en piqué : « Vous devez salement regretter de n’avoir pas cédé à mes avances tout à l’heure… » 

55. I cried aloud the word — and it was a mighty spell to bind the Invisible, an enchantment to unbind the bound ; yea, to unbind the bound.

Commentaire
: Je hurle systématiquement, après Resh-Ahathoor, la Habibi du jour dans ma cellule, afin que notre auguste reine, la déesse Nuit, consente à unbind the bound, c’est-à-dire à ordonner ma levée d’écrou. Bien-aimés Wolves, hurlez en synergie avec moi…

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Belle journée à tous. N’oubliez pas que je suis en prison.

Love is the law, love under will.

☉︎ in 1° ♊︎ : ☽︎ in 17° ♏︎ : ☿︎ : Ⅴⅹ
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