mardi 2 mars 2021

Je hais la philosophie morale

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Kim Kardashian revient, si j'ose dire, sur le tapis.

Contexte : en octobre 2019 e.v., la veille de Samhain, un Anonyme postait, sur mon ancien blog, la remarque suivante :
A mon avis vous êtes même assez vieux pour avoir la sextape de KK en VHS.
A quoi je répondis :
Bien mieux, ami : je détiens l'enregistrement master de la chose !

C'est toute un histoire...

En 2002, je vivais avec Kim Kardashian et je m'ennuyais ferme : certes ! elle était riche et belle, et je bande hyper dur au seul mot d'"Arménienne". Mais elle était aussi, — je regrette de le dire,  fleur bleue, gnangnan, vanilla, collante, refusait obstinément que je la sodomisasse, etc. Vous voyez le tableau. Je dilapidais l'héritage de son papa Robert pour tuer le temps et pensais à sa maman Kris lorsque nous faisions l'amour.
Or, voici qu'un rappeur de Xème zone, appelé Ray J, vint me trouver pour me dire qu'il fantasmait comme un hanneton sur Kim, que ça tournait à la névrose et qu'il était prêt à me verser énormément d'argent pour coucher avec elle !

Imaginez ma tête à cette déclaration !

Oh, bien sûr, l'idée de cruellement livrer mon innocente amoureuse archi BCBG, issue de la jet society, aux bas instincts de cet affreux thug, issu de la lie du ghetto, enflammait ma lubricité, mais je tenais, d'une part, à faire languir Ray J,  afin d'être sûr que, le moment venu, Kim prenne vraiment cher , et, d'autre part, évidemment, à être témoin de la scène.
Je fis donc mine d'hésiter. Ray J, sur des charbons ardents, devint pressant, insistant, suppliant. Je me mis à négocier comme un maquignon, pour, habilement, lui dire, à la fin, que je me contenterais, en fait, d'une somme dérisoire (le prix d'une jolie maquette de bateau d'occasion, aperçue la veille dans la vitrine d'un bric-à-brac, et qui me faisait très envie) pourvu qu'il filmât ses ébats et m'en remît la vidéo. Ray J me dit que j'étais dur en affaire, mais consentit, et nous topâmes.

Restait à persuader Kim, qui a un fond snob et était, à l'époque, excessivement raciste.

Je connais, grâce au Ciel, un puissant sortilège, utilisé par les kwimbanderos faiseurs de zombies, qui, joint à une mixture à base de tétrodotoxine, endommage irréversiblement le cerveau : c'est ainsi que se renouvelle le personnel des bordels brésiliens et que se recrute la main d’œuvre agricole des grandes hacienda. Par ruse, je soumis Kim à ce traitement et fit en sorte qu'elle fût, dès lors, persuadé de n'avoir pas d'autre fonction dans l'univers qu'assouvir la luxure des rappeurs noirs.

On peut dire que c'est efficace ! :D (Note : Sa famille tentera plus tard un désenvoûtement pour la marier à Kris Humphries, mais le mariage durera 72 jours, au cours desquels Kim trahira Humphries avec K. West, lequel la mettra enceinte avant que le divorce soit prononcé. Lol.)

J'envoyais ensuite Kim, désormais incapable de volonté propre, passer son anniversaire au Mexique avec Ray J  and the rest is history, comme on dit ! Ray J tint parole et je n'eus pas à regretter ma peine. Finalement, en 2007, lassé du côté amateur et répétitif du film, j'en vendis les droits à Vivid pour une somme absolument monstrueuse.
(Seule ombre au tableau : la maquette n'était pas terrible en fait. J'ai préféré dépenser au flipper le petit pécule remis par Ray J.)

Joyeux Halloween !
Or, la nuit dernière, un autre Anonyme m'a écrit que la publication de ce texte (dont il dit "comprendre qu'il s'agit d'une glose sur l'enlèvement de Rind"), jointe à mon récent commentaire sur Cordis 1, 13, lui pose "un vague problème éthique" et me somme de m'expliquer.

L'ennui c'est que, personnellement, je hais la philosophie morale.

Mais enfin, socratisons, ami, puisque vous y tenez ! — La question est donc :
Ai-je moralement le droit de droguer une jeune femme BCBG, innocemment éprise de moi, afin de pouvoir la regarder se faire sauvagement violer par un détestable et repoussant thug ?
Agathon : Cela est mal.

Protagoras : En quoi cela est-il mal ?

Agathon : Le corps de cette jeune femme n'appartient qu'à elle.

Protagoras : J'en conviens et n'exige nullement de commander son corps. Je dis, en revanche, qu'on ne peut me dénier le droit de manipuler des substances chimiques qui paralysent son esprit.

Agathon : Cela est mal.

Protagoras : En quoi cela est-il mal ?

Agathon : Si quelqu'un te droguait pour te regarder prendre une bite dans la bouche, serais-tu d'accord ?

Protagoras : Certes non. Mais je ne serais pas non plus "d'accord" pour aller en prison après avoir commis un crime ; or cela ne signifie pas qu'il soit "mal" d'envoyer un criminel en prison.

Agathon : Mais droguer ton amoureuse sans son consentement est, précisément, criminel.

Protagoras : De même que désobéir à son maître était criminel de la part d'un esclave. La loi des hommes n'est pas toujours juste.

Agathon : Posséder des esclaves est-il mal ?

Protagoras : Oui, car l'homme mérite de jouir du fruit de son labeur. En quoi était-il "bien" que les esclaves se rebellassent contre leurs maîtres ?

Agathon : Pour la même raison : le droit de jouir du fruit de leur labeur. Ce n'est pas seulement un droit, mais un devoir que de s'opposer à une loi injuste. La vraie justice transcende les lois et les coutumes.

Protagoras : Qu'est-ce qui détermine la vraie justice d'une cause ?

Agathon : La mesure dans laquelle cette cause mène le plus grand nombre d'individus à ressentir le plus haut degré de joie et de contentement et le plus bas degré de peine et de souffrance pendant la période la plus longue.

Protagoras : Le thug et moi sommes deux personnes. Mon amoureuse est une personne. Deux personnes heureuses pour une seule personne malheureuse attestent, selon ta propre définition, de la justice de ma cause. Et étant donné que mon amoureuse n'aura même pas conscience que la chose a lieu, nous avons deux personnes heureuses et aucune personne malheureuse : en quoi cela pourrait-il être "mal" ?

Agathon : Il se peut qu'elle découvre a posteriori que la chose a eu lieu.

Protagoras : Dans ce cas, nous aurons, de nouveau, une personne malheureuse pour deux personnes heureuses.

Agathon : Si un homme commence à droguer sa fiancée pour regarder une racaille dangereuse la défoncer par tous les orifices, il établit un précédent qui donne licence aux autres hommes de faire de même. Si nous vivons dans une société où tout le monde agit ainsi, cela mène au chaos.

Protagoras : C'est là un argument purement spéculatif, qui fut souvent avancé en faveur du maintien de l'esclavage et de l'interdiction faite aux femmes de voter.

Agathon : Justement : ton amoureuse a des droits.

Protagoras : Certes. Ce n'est pas cela que je conteste. Mais pourquoi a t-elle des droits ?

Agathon : Car les humains naissent avec des droits imprescriptibles.

Protagoras : Quels sont ces droits ?

Agathon : La vie, la liberté et la propriété.

Protagoras : Donc les gens ont le droit de ne pas payer d'impôts ?

Agathon : Non. L'impôt est l'obligation faite à l'homme de remplir sa part du contrat social en subvenant à l'entretien de l'Etat — et s'il constitue, selon certains, une légère entorse au droit à la propriété, il n'entrave en rien, par exemple, le droit à la liberté.

Protagoras : En quoi ce droit à la liberté implique t-il celui de n'être pas drogué à son insu par l'homme que l'on aime et en qui l'on a confiance ?

Agathon : En ce qu'il implique celui de ne pas prendre les drogues que l'on ne veut pas prendre.

Protagoras : Il implique, par conséquent, celui de mettre des drogues où l'on veut et, donc, pour moi, celui d'en mettre dans la tasse de thé de mon amoureuse. Sa liberté est-elle plus sacrée que la mienne ?

Agathon : Est-ce à dire que ton droit de mettre quelque chose dans son thé est égal à son droit de n'être pas droguée ?

Protagoras : Non. Mais son droit d'avoir un cerveau qui fonctionne comme  elle veut ne prime pas sur mon droit d'utiliser ma main comme je le veux. S'il me plaît de passer ma main au dessus de son thé fumant et d'ouvrir les doigts, personne ne peut me l'interdire. De la même manière, nul ne peut la forcer à boire ce thé, si elle découvre ce qu'il y a dedans. M'interdire de bouger le bras et d'ouvrir la main est un acte de violence égal à celui de la forcer à boire le contenu de cette tasse qui l'empêchera d'utiliser son cerveau comme elle le veut.

Agathon : Mais tu l'empêches précisément d'utiliser son cerveau comme elle le veut !

Protagoras : Non. Je m'abstiens simplement d'utiliser mon cerveau et ma bouche pour la mettre en garde contre ce qui se trouve dans cette boisson. Aucune violence en cela. Je ne fais que laisser tomber un produit chimique inanimé dans un récipient, lequel n'a aucun droit puisque il n'est pas un être conscient.

Agathon : Un thug qui throat fucks ton amoureuse n'est-il pas violent ?

Protagoras : Non, puisque grâce à la drogue, mon amoureuse n'est plus, à ce moment, un être conscient et n'a, par conséquent, aucun droit.

Agathon : C'est pourquoi l'on ne peut mesurer la morale au seul niveau individuel. Les groupes ont également des droits en tant que groupes, parce qu'ils partagent un destin collectif. Droguer ton amoureuse, c'est permettre aux hommes de traiter les femmes comme leur propriété. C'est contraire à tout le concept de l'égalité homme-femme.

Protagoras : Non. C'est la continuation logique de ce concept. J'ai dit que vouloir me droguer pour abuser de moi ne peut être qualifié de "mal". Si les femmes voulaient faire cela aux hommes, je défendrais leur droit de le faire. Il y a également une question d'équité dans le fait de livrer le corps de mon amoureuse évanouie à un être physiquement disgracié et socialement défavorisé qui, en des circonstances ordinaires, ne pourrait y avoir accès : inconsciente, elle est une propriété et l'accès à la propriété, étant, comme tu l'as dit, un droit inaliénable de la personne humaine, il ne peut être l'apanage d'une élite.

Agathon : Tuer ton amoureuse dans son sommeil ne poserait donc aucun problème moral ?

Protagoras : Si  : ce serait la priver de son droit à la vie.

Agathon : Elle a donc droit à la vie, mais non à la dignité ?

Protagoras : En quoi sa dignité est-elle plus importante que la mienne ?

Agathon : En quoi ta dignité est-elle, en l'occurrence, menacée ?

Protagoras : En ce qu'on prétend me refuser le droit de regarder ma très belle et très sophistiquée amoureuse, issue des hauts rangs de la société, se faire face fuck par un être brutal, primaire et d'ignoble extraction : on me refuse le droit à la poursuite du bonheur (au sens Jeffersonien du terme), donc ma dignité d'homme.

etc.
J'arrête :D

C'était, bien entendu, pour le coup, une glose sur < they are the slaves of because > (AL 2, 54),< all their words are skew-wise > et < reason is a lie > (AL 2, 32) : la philosophie morale est une coproscopie des excréments de Choronzon et l'homme ratiocinant est < damné comme un chien > (AL 2, 33).

Amis chers, la Lecture de ce mardi est le Liber LXV : Liber Cordis Cincti Serpente sub figurâ אדני, chapitre 2, versets 44 à 47.

44. Thou canst not charm the dolphin with silence, O my prophet!

Commentaire : Celui qui comprend en quoi ce verset enseigne que l'homme qui a mérité la vertu de piété filiale et l'applique à la manière des Anciens aura pour descendant un être noble et intérieurement doux, et que cela procède du mystère de < l'un dans le huit > (AL 2, 15), celui-là est un géant dans l'étude < des nombres & des mots > (AL 2, 75) ou a eu le même Maître que moi...

45. Then the adept was rapt away in bliss, and the beyond of bliss, and exceeded the excess of excess.

Commentaire : Le Maître Therion (qu'il soit béni et vénéré) dit de ce verset : < Extravagant phrases attempt to record the Event >

Le Maître Ever, d'éternelle mémoire, répond : < Not so extravagant: they intimate bliss, and then transcendence of the normal limits of consciousness into another state where parameters cannot be found. >

Je dis moi que ce verset nous invite, précisément, à ne pas disputer de ce qui dépasse totalement la conscience humaine (voir mon commentaire sur Cordis 1, 59), donc à se concentrer sur ce qu'il enseigne au plan de l'Ascèse, en l'occurrence la Troisième pratique de l'Ethique :
Let the Aspirant strengthen his body by all means in his power, and let him with equal pace refine all that is in him to the true ideal of Royalty. Yet let his formula, as a King's ought, be Excess. (Liber DLV, 21)
46. Also his body shook and staggered with the burden of that bliss and that excess and that ultimate nameless.

Commentaire : On parle toujours de "l'interdiction de prononcer les Noms divins", alors que l'interdit porte sur le fait de prononcer ces Noms "en vain", i.e. dans une conversation profane.

DIEU Lui-même est nameless, Celui-que-l'on-ne-peut-nommer-car-Il-n'a-pas-de-nom.

Du coup, il est le Saint, i.e. l'Improfanable Soi-même.

Chacun des Noms par lesquelles nous L'invoquons est une Formule magique contractant un de Ses Attributs, i.e. un de Ses Degrés de manifestation, et, donc, les Pouvoirs propres à celui-ci.

Le nom individuel d'un être indique sa nature : votre prénom est la formule de votre Neshamah, i.e. votre Thélème rendu compréhensible : c'est pourquoi vous détestez le voir porter, dans un film, par un personnage antipathique ou ridicule.

La profanation d'un prénom est spirituellement incapacitante (si vous connaissez un Adolphe, un Régis ou une Karen, posez-lui la question...) Votre prénom est, pour vous, sacré, c'est-à-dire qu'il est, non pas une formule "improfanable" (= sainte), mais une formule "qui-fonctionne-à-la-condition-qu'on-ne-la-profane-pas" (= sacrée) : même chose pour les Noms divins.

DIEU étant Aïn, on ne peut pas (can not) prononcer Son Nom ; les Noms divins étant les Attributs de DIEU, on ne peut pas (may not) les prononcer en vain.

47. They cried He is drunk or He is mad or He is in pain or He is about to die ; and he heard them not.

Commentaire : Le Maître Therion (qu'il soit béni et vénéré) dit de ce verset : < The observer (others, or his own rational mind) misunderstands what is happening >, ce qui nous renvoie aux considérations faites au sujet de l'Atu Zéro dans notre commentaire sur Cordis 1, 16.

L'Hermite n'a plus d'I am I, car il a relié toutes les parties en Un, comme il est écrit : < I am alone > (AL 2, 23), c'est-à-dire I am all one. Or, l'Un étant DIEU et DIEU ne pouvant être nommé (cf. verset 46), les gens du commun ne parviennent pas à mettre un nom sur ce qu'est au juste cet homme étrange.

Etant < alone >, il est Hadit ; étant Hadit, il est un serpent et les serpents sont sourds : l'Hermite n'entends pas le babil du vulgaire et, Hadit étant < celui qui va > (AL 2, 7), il poursuit son chemin d'un cœur léger.

Puissiez-vous également, amis chers, aller sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Bonne journée à tous.

Love is the law, love under will.

- ☉︎ in 12° ♓︎ : ☽︎ in 25° ♎︎ : ♂︎ : Ⅴⅴⅰ.

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