lundi 3 août 2020

Liber 418, 19ème Æthyr

 Do what thou wilt shall be the whole of the Law.
Il est dit, dans le LIBER XXX AERUM vel Saeculi sub figvra CCCCXVIII : And now there is a mighty god, Sebek, with the head of a crocodile. His head is gray, like river mud, and his jaws fill the whole Aire. And he crunches up the whole tree and the ground and everything : Et à présent, il y a un dieu puissant, Sebek, qui a la tête d'un crocodile. Sa tête est grise, comme de la boue de rivière, et ses mâchoires emplissent toute l'Aire. Et il croque tout l'arbre et le sol et toute chose. (VV 19, § 11)

< La peur de la mort est le sang du monde > (THI 
 5) est le Message invariable du squelette qui préside rituellement nos Agapes du 2-Août : ce qui rend le Festin de Lugnasad aussi merveilleusement jouissif, c'est qu'il est limité dans le temps — sans cela, quel intérêt ? — Sans le "pure" de l'Imbolc, à quoi bon le "repu" de Lugnasad, et vice-versa ? — Au bout d'une satiété sans fin, il n'y a, dans le meilleur des cas, rien que le bûcher de Sardanapale. 

De même, le chronomètre est ce qui rend possible le match de foot, et la certitude d'avoir à mourir un jour donne aux meilleurs des hommes le désir de révéler, dans le monde, leur nature royale et divine en dépit de ce que cette révélation comporte de souffrances, ainsi qu'il est écrit : < Tu es Sebek le crocodile contre Asar > (Cordis 3, 30).

Car Sebek est Tav ת, l'Atu XXI, et Asar est Mem מ, l'Atu XII : Sebek contre Asar = 21/12 : comme le miroir renvoie l'homme à la progression de ses rides, la tragédie que l'Univers l'oblige à contempler sans cesse le renvoie, — avec l'obstination d'un crocodile qui aurait avalé un réveil-matin et traquerait un pirate obsédé par la sénescence, donc < prosterné devant le Bouc et le Crocodile > (Cordis 5, 8), i.e. happé par l'illusion matérielle, — la tragédie universelle le renvoie, dis-je, aux Réparations qu'il a volontairement choisi d'accomplir, par l'épreuve, dans cette incarnation.

***

Now then at last cometh forth the Angel of the Aethyr [...] She comes and kisses me on the mouth, and says : Blessed art thou who hast beheld Sebek my Lord in his glory : Alors enfin paraît l'Ange de l'Aethyr [...] Elle vient et me donne un baiser sur la bouche, et dit : Tu es béni, qui a vu Sebek mon Seigneur dans sa gloire.  (VV 19, § 12-13)

Une mienne lectrice, qui signe Néférousobek
, m'apprit un jour que le nom de cette Souveraine, dernier Pharaon de la XIIème Dynastie, signifiait "Beauté parachevée de Sebek", que l'on traduira : le Sentier de Tav transforme définitivement en réalisation solide (= parachève) la lumière de Tipheret reflétée par Yesod. 

Je découvris, par la suite, que la Reine Néférousobek 
s'appelait également Sobeknéférourê, soit "Sebek est la perfection de Rê", qui renvoie au même Mystère.

La Persona (Tipheret) est l'Ipséité (Kether) qui masque sa lumière aveuglante afin de se rendre visible ; la Libido (Yesod) est l'Ipséité rendue rituelle (= mon kink est le rite par lequel se célèbre mon dieu intérieur) ; et Sebek, enfin, le Sentier de Tav, conclut toute l'affaire : il est l'impact final de mon Ipséité sur le cours temporel des affaires terrestres.

L'Harmonie sur laquelle DIEU a établi le Monde (
Maât, la Justesse) est le Grand Paradoxe de la Balance régie conjointement par Saturne et Vénus. Or, < perfection de Rê > nous dit que cet impact, — Malkuth étant Mabon dans l'ordre des fêtes des temps, — n'est pas le < toi aussi tu dois mourir > du Rite de Saturne (que nous gardons pour Samhain), mais le dionysiaque et crépusculaire < la vigne plantée par l'épreuve sera vendangée dans l'ivresse >, principe vénusien : < Que l'extase soit tienne et la joie de la terre : ever To me! To me! > (AL 1, 53) 

Ainsi, le Maître Therion dit, commentant l'Atu XII (Asar) : < Ne te laisse pas mouiller par les eaux sur lesquelles tu as voyagé ; puis, ayant débarqué, plante la vigne et réjouis-toi sans honte > et, commentant l'Atu XXI (Sebek) : < Considère le temps et toutes les conditions évènementielles comme les serviteurs de ton Vouloir, désignés pour te présenter l'Univers sous l'aspect de ton Plan. >

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Many are the champions of life, but all are unhorsed by the lance of death. Many are the children of the light, but their eyes shall all be put out by the Mother Darkness. Many are the servants of love, but love... shall be put out, as the child taketh the wick of a taper between his thumb and finger, by the god that sitteth alone : Nombreux sont les champions de la vie, mais tous sont désarçonnés par la lance de la mort. Nombreux sont les enfants de la lumière, mais leurs yeux seront éteints par la Mère Ténèbre. Nombreux sont les serviteurs de l'amour, mais l'amour... sera éteint, comme la mèche d'une bougie que l'enfant prend entre son pouce et son index, par le dieu qui siège seul. (VV 19, 13)

Complément au Verset spécifiquement lugnasadien que nous commentions hier, durant le Festin : < all is in vain : tout est en vain > (LLL 6, 34).

La fameuse "ironie dans les yeux" du crocodile, et son perpétuel "sourire diffus", viennent de ce que Sebek a, tôt ou tard, raison de toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, grandes ou petites — simple question de Temps, c'est-à-dire de Tav : < tout le labeur de ma vie n'est qu'une petite souris blanche nageant dans une vaste mer de sang pourpre > (THI 
♑︎ 10).

Il nous faudrait donc a priori revenir à Sardanapale et conclure à la manière de son épitaphe :

Sardanapale, fils d'Assarhadon, fit bâtir en un seul jour la ville d'Anchiale et celle de Tarsus. Passants, mangez, buvez, faites l'amour : tout le reste est vanité.

Mais le Livre de Lapis-Lazuli poursuit : Only Thy silence and Thy speech that worship me avail. (LLL 6, 35)

C'est-à-dire : la seule chose qui ne soit pas vanité, sont les Paroles que DIEU m'adresse.

Ne demeure, par conséquent, dans l’Éternité, — comme il est écrit : < toutes les douleurs ne sont que des ombres, elles passent & sont passées, mais il y a ce qui demeure > (AL 2, 9) — ne demeure, dis-je, dans l’Éternité, que mon Étude.

Wail, O ye folk of the grey land, for we have drunk your wine, and left ye but the bitter dregs : Gémissez, Ô gens du pays gris, car nous avons bu votre vin, et ne vous avons laissé que la lie amère. (LLL 6, 36)

Or, la Nature est le Livre Saint ultime : à moins de < considérer tout phénomène comme un message direct de DIEU à mon âme > — à moins de regarder en face le crocodile dans le miroir — l'homme est Heathen (AL 3, 11), un < gens du pays gris > et , dès lors, < tout est en vain > : l'épitaphe de Sardanapale devient, effectivement, le meilleur conseil que l'on puisse lui donner.

Love is the law, love under will.

 ϣ. ☉︎ in 11° ♌︎ : ☽︎ in 8° ♒︎ : ☽︎ : Ⅴⅴⅰ.