Amis chers,
Do what thou wilt shall be the whole of the Law.
Notre bien-aimée sœur J., escort de haut parage et donc particulièrement au fait des choses de prothésie ongulaire, me demandait, il y a quelques temps, pourquoi les rites de purification traditionnels comportent, en Magie, l'obligation quotidienne de cérémoniellement se couper les ongles et d'en anéantir les rognures par le feu (cf. Liber ABA, chapitre XIII, § 4 et note 1).
Voici ma très tardive réponse :
Il est dit dans le LIBER XXX AERUM vel Saeculi sub figvra CCCCXVIII, au 18ème Æthyr : < Accursed are they who enter herein if they have nails, for they shall be pierced therewith... the nails are desires, of which there are three : the desire of light, the desire of life, the desire of love : Maudits soient ceux qui entrent ici s'ils ont des ongles, car ils seront percés avec ceux-ci... les ongles sont les désirs, qui sont au nombre de trois : le désir de lumière, le désir de vie, le désir d'amour. > (VV 18, § 1)
De là, nous déduisons, — puisque les désirs sont la force motrice de la psyché humaine, — qu'il n'est pas, chez l'homme, quel qu'il soit, d'impulsion (et, par conséquent, de pensée, de parole ou d'action) qui n'ait pour objet, — pour but, — soit l'augmentation de la lumière (spiritualité, étude, gloire, luxe, etc), soit la survie physique, soit la procréation.
Or, le Livre de la Loi affirme que le seul moyen d'atteindre un but est, paradoxalement, d'être < inapaisé par un but > (unassuaged of purpose) et dépourvu de < désir de résultat > (lust of result) (AL 1, 44), ainsi qu'il est écrit : < Is there not joy ineffable in this aimless winging, Is there not weariness and impatience for who would attain to some goal : N'y a t-il pas une joie ineffable dans cette improvisation sans objet ? N'y a t-il pas de lassitude et d'impatience pour qui souhaite atteindre un but quelconque ? > (Cordis 2, 24)
Ce que Frater Aureus commente ainsi : < Celui qui "souhaite" atteindre l'Objectif vit dans une fixation sur le "mauvais" idéal, puisque le seul véritable idéal réside en la compréhension de l'Unité avec Adonaï. Il est impossible de prédire l'heure où s'accomplira la chose, ce qui crée de l'agitation, de l'inquiétude, de la souffrance, une multitude de refoulements mentaux qui n'ont aucun rapport avec le but véritable — résider dans l'Esprit Divin. >
Le Livre de la Loi établit clairement que le succès — spirituel ou matériel — est l'apanage exclusif de qui œuvre selon la célèbre formule qu'Algernon Charles Swinburne, de sainte mémoire, énonce ainsi dans son essai critique sur William Blake, de sainte mémoire : Art for art's sake — l'Art pour l'Art.
C'est pourquoi l'Atu qui, dans le Livre de Thoth, représente le Mystère alchimique de l'extrême et continuelle tension de notre être profond vers l'augmentation de la lumière est intitulé l'Art — et ce fut la réponse naguère donnée par nous à la question "Comment définir l'art ?" — "Tout ce qui n’a rien à voir, ni avec la Survie, ni avec la Procréation, est de l’Art."
Le Maître Therion dit : < L'objectif émousse le pur vouloir ; car il implique la pensée consciente, laquelle ne devrait jamais remplacer l’opération de la Nature. C'est quand l'esprit ne se doute de rien, et ne peut rien accélérer, ni rien empêcher, que l'on travaille le mieux. Le désir de résultat gâte lui aussi le travail : on ne doit pas distraire ses forces de leur tâche par des pensées de profit ou de succès. > (Djeridensis Comment sur AL 1, 44).
Le Maître dit encore : < Remarquez que ce vouloir ne doit pas seulement être pur, c'est à dire unifié [...] mais également unassuaged of purpose. Cette phrase étrange doit nous arrêter. Il se peut qu'elle signifie que tout objectif donné au vouloir atténue celui-ci : clairement, le lust of result est quelque chose dont il doit être délivré. Mais la phrase peut également être interprétée comme signifiant “with purpose unassuaged”— c'est-à-dire avec une énergie inlassable. Le concept est donc celui de mouvement perpétuel, infini et inaltérable. C'est le Nirvana, mais sous un aspect dynamique au lieu d'un aspect statique — ce qui, au bout du compte, revient au même. > (Liber II, § 6-7)
Ainsi, nous détruisons les rognures d'ongles par le feu qadosh — le feu saint (Ara 7, 1 etc.) — parce qu'un homme qui prend sur lui la Loi renonce à tout ce que sa trajectoire a de commun avec l'ensemble de l'humanité, c'est-à-dire avec l'état de multitude, c'est-à-dire avec l'enfer (AL 1, 41). (C'est pourquoi les Anciens Mages du Nord insistaient énormément sur cette pratique relative aux ongles, affirmant qu'elle préserve du Hel, c'est-à-dire du séjour ténébreux où s'entassent les individus lambda, les épargnants médiocres, les messieurs tout-le-monde, etc. et que le navire Naglfar, — au moyen duquel, lors de Ragnarök, les forces ténébreuses lanceront leur assaut sur les Lieux Innocents où jouent et rient les dieux éternellement jeunes, — sera exclusivement constitué d'ongles (nagl) des lambda en question.)
Love is the law, love under will.
Do what thou wilt shall be the whole of the Law.
Notre bien-aimée sœur J., escort de haut parage et donc particulièrement au fait des choses de prothésie ongulaire, me demandait, il y a quelques temps, pourquoi les rites de purification traditionnels comportent, en Magie, l'obligation quotidienne de cérémoniellement se couper les ongles et d'en anéantir les rognures par le feu (cf. Liber ABA, chapitre XIII, § 4 et note 1).
Voici ma très tardive réponse :
Il est dit dans le LIBER XXX AERUM vel Saeculi sub figvra CCCCXVIII, au 18ème Æthyr : < Accursed are they who enter herein if they have nails, for they shall be pierced therewith... the nails are desires, of which there are three : the desire of light, the desire of life, the desire of love : Maudits soient ceux qui entrent ici s'ils ont des ongles, car ils seront percés avec ceux-ci... les ongles sont les désirs, qui sont au nombre de trois : le désir de lumière, le désir de vie, le désir d'amour. > (VV 18, § 1)
De là, nous déduisons, — puisque les désirs sont la force motrice de la psyché humaine, — qu'il n'est pas, chez l'homme, quel qu'il soit, d'impulsion (et, par conséquent, de pensée, de parole ou d'action) qui n'ait pour objet, — pour but, — soit l'augmentation de la lumière (spiritualité, étude, gloire, luxe, etc), soit la survie physique, soit la procréation.
Or, le Livre de la Loi affirme que le seul moyen d'atteindre un but est, paradoxalement, d'être < inapaisé par un but > (unassuaged of purpose) et dépourvu de < désir de résultat > (lust of result) (AL 1, 44), ainsi qu'il est écrit : < Is there not joy ineffable in this aimless winging, Is there not weariness and impatience for who would attain to some goal : N'y a t-il pas une joie ineffable dans cette improvisation sans objet ? N'y a t-il pas de lassitude et d'impatience pour qui souhaite atteindre un but quelconque ? > (Cordis 2, 24)
Ce que Frater Aureus commente ainsi : < Celui qui "souhaite" atteindre l'Objectif vit dans une fixation sur le "mauvais" idéal, puisque le seul véritable idéal réside en la compréhension de l'Unité avec Adonaï. Il est impossible de prédire l'heure où s'accomplira la chose, ce qui crée de l'agitation, de l'inquiétude, de la souffrance, une multitude de refoulements mentaux qui n'ont aucun rapport avec le but véritable — résider dans l'Esprit Divin. >
Le Livre de la Loi établit clairement que le succès — spirituel ou matériel — est l'apanage exclusif de qui œuvre selon la célèbre formule qu'Algernon Charles Swinburne, de sainte mémoire, énonce ainsi dans son essai critique sur William Blake, de sainte mémoire : Art for art's sake — l'Art pour l'Art.
C'est pourquoi l'Atu qui, dans le Livre de Thoth, représente le Mystère alchimique de l'extrême et continuelle tension de notre être profond vers l'augmentation de la lumière est intitulé l'Art — et ce fut la réponse naguère donnée par nous à la question "Comment définir l'art ?" — "Tout ce qui n’a rien à voir, ni avec la Survie, ni avec la Procréation, est de l’Art."
Le Maître Therion dit : < L'objectif émousse le pur vouloir ; car il implique la pensée consciente, laquelle ne devrait jamais remplacer l’opération de la Nature. C'est quand l'esprit ne se doute de rien, et ne peut rien accélérer, ni rien empêcher, que l'on travaille le mieux. Le désir de résultat gâte lui aussi le travail : on ne doit pas distraire ses forces de leur tâche par des pensées de profit ou de succès. > (Djeridensis Comment sur AL 1, 44).
Le Maître dit encore : < Remarquez que ce vouloir ne doit pas seulement être pur, c'est à dire unifié [...] mais également unassuaged of purpose. Cette phrase étrange doit nous arrêter. Il se peut qu'elle signifie que tout objectif donné au vouloir atténue celui-ci : clairement, le lust of result est quelque chose dont il doit être délivré. Mais la phrase peut également être interprétée comme signifiant “with purpose unassuaged”— c'est-à-dire avec une énergie inlassable. Le concept est donc celui de mouvement perpétuel, infini et inaltérable. C'est le Nirvana, mais sous un aspect dynamique au lieu d'un aspect statique — ce qui, au bout du compte, revient au même. > (Liber II, § 6-7)
Ainsi, nous détruisons les rognures d'ongles par le feu qadosh — le feu saint (Ara 7, 1 etc.) — parce qu'un homme qui prend sur lui la Loi renonce à tout ce que sa trajectoire a de commun avec l'ensemble de l'humanité, c'est-à-dire avec l'état de multitude, c'est-à-dire avec l'enfer (AL 1, 41). (C'est pourquoi les Anciens Mages du Nord insistaient énormément sur cette pratique relative aux ongles, affirmant qu'elle préserve du Hel, c'est-à-dire du séjour ténébreux où s'entassent les individus lambda, les épargnants médiocres, les messieurs tout-le-monde, etc. et que le navire Naglfar, — au moyen duquel, lors de Ragnarök, les forces ténébreuses lanceront leur assaut sur les Lieux Innocents où jouent et rient les dieux éternellement jeunes, — sera exclusivement constitué d'ongles (nagl) des lambda en question.)
Love is the law, love under will.
— ϣ. ☉︎ in 1° ♌︎ : ☽︎ in 10° ♍︎ : ♃︎ : Ⅴⅴⅰ.